La France donne-t-elle « 800 millions d’euros d’aide » chaque année à l’Algérie ?

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La récente affirmation de Sarah Knafo, candidate sur la liste Reconquête pour les élections européennes, selon laquelle la France verserait annuellement 800 millions d’euros d’aide au développement à l’Algérie, a suscité un vif débat. Ce chiffre, relayé sur ses réseaux sociaux depuis le 20 mai, laisse entendre une générosité massive de la France envers son ancienne colonie, tandis que l’Algérie refuserait de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière. Toutefois, une enquête menée par TF1info met en lumière des données bien différentes, montrant que le montant réel de cette aide est bien inférieur à celui avancé par Knafo.

L’aide publique au développement (APD), selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), est destinée à promouvoir le développement économique et social des pays en développement. Il s’agit de fonds attribués dans le cadre de projets visant à réduire la pauvreté, améliorer les infrastructures, promouvoir une croissance économique durable ou encore soutenir des initiatives éducatives et sanitaires. La liste des bénéficiaires est mise à jour tous les trois ans et comprend plus de 150 pays, dont l’Algérie, bien que ce pays ne soit plus parmi les plus pauvres en termes de PIB par habitant.

Selon Knafo, ce montant de 800 millions d’euros proviendrait d’une estimation de l’OCDE, relayée dans un article du magazine *Challenges*. Cependant, à une lecture attentive de cet article, il apparaît que l’interprétation faite par la candidate est trompeuse. Le montant de 842 millions d’euros cité dans l’article n’est pas l’aide annuelle versée à l’Algérie, mais le total cumulé des aides françaises de 2017 à 2022. En d’autres termes, ces 842 millions d’euros ont été étalés sur cinq ans, et non versés chaque année comme le suggère Knafo.

Les données vérifiées par TF1info et le ministère de l’Économie confirment que les montants réels d’aide annuelle à l’Algérie sont bien plus modestes. En 2021, la France a accordé 112 millions d’euros d’aide publique à l’Algérie, et en 2022, ce chiffre est monté à 132 millions d’euros. Ces chiffres, publiquement disponibles sur le portail de l’aide publique au développement, montrent que la somme avancée par Sarah Knafo est largement exagérée.

Cette erreur d’interprétation de la part de la candidate de Reconquête ! s’inscrit dans un contexte politique tendu où les questions migratoires et les relations entre la France et l’Algérie sont au centre des débats. En associant le montant de l’aide au développement à la question des migrants algériens en situation irrégulière en France, Knafo cherche à dénoncer ce qu’elle considère comme un traitement déséquilibré dans les relations franco-algériennes.

Jordan Bardella, président du Rassemblement National, a également rebondi sur ce débat en critiquant la générosité de la France envers l’Algérie, pays qui, selon lui, ne ferait pas assez pour reprendre ses ressortissants expulsés. Ces propos trouvent un écho dans une partie de l’opinion publique, particulièrement sensible aux questions migratoires et à l’usage des fonds publics. Cependant, les données factuelles montrent que l’ampleur de l’aide versée à l’Algérie est bien inférieure à ce que certains discours politiques laissent entendre.

Il est important de noter que l’aide publique au développement ne se limite pas à des transferts d’argent direct. Une partie de cette aide peut prendre la forme de programmes d’appui à l’éducation, à la santé ou à la formation professionnelle, bénéficiant directement aux populations locales. En outre, l’Algérie, avec son économie fondée principalement sur les revenus pétroliers, est loin d’être dépendante de l’aide internationale, contrairement à d’autres pays en développement.

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