La France refuse officiellement une demande de l’Algérie

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La France a officiellement rejeté une demande d’extradition formulée par l’Algérie concernant l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb. La décision a été rendue par la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, qui a estimé que l’extradition du haut responsable algérien porterait atteinte à ses droits fondamentaux, notamment en raison de son état de santé et de son âge avancé.

L’Algérie demande à la France depuis plus d’un an et demi la remise de l’ancien ministre afin qu’il purge plusieurs peines de prison prononcées à son encontre. En effet, Abdesselam Bouchouareb a été condamné à cinq reprises à vingt ans de prison chacune et était toujours sous le coup d’une sixième procédure judiciaire pour des faits liés à la corruption et aux infractions économiques et financières.

La décision française s’appuie sur la convention européenne des droits de l’Homme ainsi que sur l’accord d’extradition franco-algérien de 2019. Les magistrats français ont suivi les réquisitions du parquet, qui avait déjà exprimé son opposition à cette demande lors d’une audience le 5 mars dernier. Selon l’avocat général Raphaël Sanesi de Gentile, « l’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir un risque vital ou au moins une dégradation rapide et irréversible de son état de santé ».

Du côté algérien, Me Anne-Sophie Partaix, représentant les intérêts d’Alger, a défendu la position des autorités en soulignant que « M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes ». Elle a affirmé que toutes les garanties judiciaires nécessaires avaient été apportées par Alger afin d’assurer un procès équitable et des conditions de détention conformes aux normes internationales.

L’avocat de M. Bouchouareb, Me Benjamin Bohbot, a quant à lui fustigé une demande à caractère « clairement politique », rappelant que plusieurs anciens hauts responsables du gouvernement algérien avaient été condamnés dans des affaires similaires, souvent qualifiées de « purge politique » post-Bouteflika. Selon lui, « si on envoie M. Bouchouareb en Algérie, c’est pour y mourir », une référence à l’état de santé dégradé de son client.

Ce rejet de la demande d’extradition marque un nouvel épisode dans les relations parfois complexes entre l’Algérie et la France. Depuis la chute d’Abdelaziz Bouteflika en 2019 sous la pression du mouvement populaire du Hirak, les autorités algériennes ont engagé plusieurs poursuites contre des figures de l’ancien régime, certaines ayant trouvé refuge à l’étranger. Mais la France, qui abrite plusieurs anciens responsables algériens sous le coup de condamnations judiciaires, a rarement accédé aux requêtes d’extradition de son ancien protectorat.

Cette décision ne manquera pas d’attiser les tensions diplomatiques entre les deux pays, alors que des dossiers sensibles restent sur la table, notamment les questions migratoires et la coopération judiciaire. Pour l’heure, Abdesselam Bouchouareb pourra donc continuer à résider en France, loin des salles de tribunaux algériennes où son sort aurait pu être bien différent.

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