« La PAF peut refuser les voyageurs algériens et les remettre dans l’avion pour Alger »

PAF Influenceur algérien Algériens France double nationalité examen Français chomage

L’ancien ambassadeur français à Alger, Xavier Driencourt, a ravivé la tension entre la France et l’Algérie en appelant à un durcissement des contrôles aux frontières pour les voyageurs algériens. Dans une interview accordée au Figaro, il a suggéré à la PAF d’imposer aux détenteurs de visas Schengen une obligation supplémentaire : présenter à leur arrivée en France tous les justificatifs déjà fournis lors de la demande de visa. Cette proposition, qui intervient dans un climat diplomatique déjà tendu, risque d’alimenter davantage les crispations entre les deux pays.

L’incident récent impliquant des passagers algériens dans les aéroports de Paris Orly et Roissy Charles de Gaulle a déjà provoqué une vague d’indignation en Algérie. Les témoignages de voyageurs évoquant des traitements jugés humiliants et des contrôles perçus comme excessifs ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias algériens. Pourtant, au lieu d’apaiser la situation, l’ancien diplomate français suggère d’intensifier ces mesures en utilisant ce qu’il qualifie d’« arme de l’accès au territoire français » pour exercer une pression politique sur l’Algérie.

Selon lui, le simple fait de détenir un visa Schengen ne doit pas être assimilé à un droit automatique d’entrée en France. « Avoir un visa Schengen ne signifie pas un droit absolu à entrer en France ; cela veut dire que la police aux frontières (PAF) peut demander des justificatifs à une personne qui aurait déjà obtenu un visa, en fait les mêmes justificatifs que le titulaire du visa a fournis lorsqu’il a déposé son dossier (hébergement, devises, etc.) », a-t-il affirmé. Il insiste donc sur le pouvoir de la PAF de refuser l’accès au territoire à toute personne ne présentant pas à nouveau les preuves de son hébergement, de ses moyens financiers et de la durée de son séjour.

Il va même plus loin en proposant d’user de cette prérogative pour refouler des passagers algériens et les renvoyer immédiatement à Alger. « La PAF peut ainsi s’opposer à l’entrée sur le territoire de personnes titulaires de visas et, comme le fait l’Algérie, les remettre dans l’avion pour Alger. Faites cela pour les passagers d’un vol Air Algérie, cela aura une valeur pédagogique, surtout quand on voit les critiques algériennes à propos de passagers algériens qui auraient été mal traités à Orly », a-t-il détaillé.

Ces déclarations n’ont pas tardé à faire réagir en Algérie, où elles sont perçues comme une provocation supplémentaire. Plusieurs observateurs dénoncent une volonté de compliquer l’accès au territoire français pour les Algériens, dans un contexte où l’obtention d’un visa Schengen est déjà un parcours du combattant. La réduction drastique du nombre de visas accordés ces dernières années avait déjà marqué une étape dans le durcissement des relations franco-algériennes. Pour de nombreux Algériens, cette nouvelle proposition reflète une posture de fermeté qui ne ferait qu’exacerber les tensions diplomatiques.

Le gouvernement algérien n’a pas encore officiellement réagi aux propos de Xavier Driencourt, mais des voix s’élèvent pour dénoncer une approche jugée discriminatoire. Certains estiment que cette proposition s’inscrit dans une politique plus large de restriction des flux migratoires en provenance du Maghreb, tandis que d’autres y voient une tentative de pression diplomatique en réponse aux différends persistants entre Alger et Paris.

Du côté des associations de défense des droits des voyageurs, on craint que ces mesures ne conduisent à des abus et à des discriminations arbitraires. Exiger des passagers algériens de fournir à nouveau leurs justificatifs à leur arrivée pourrait donner lieu à des situations d’injustice, où des personnes en règle se retrouveraient empêchées d’entrer en France pour des raisons bureaucratiques ou à cause d’une interprétation trop stricte des règles par les agents de la PAF.

Si cette proposition venait à être appliquée, elle risquerait de compromettre encore davantage les relations déjà fragiles entre la France et l’Algérie. La question de la circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée reste un sujet sensible, qui dépasse largement le cadre des simples contrôles aux frontières. Derrière ces mesures techniques, c’est une vision des relations franco-algériennes qui se dessine, oscillant entre volonté de coopération et tensions persistantes.

En attendant une éventuelle prise de position des autorités françaises sur cette proposition, une chose est certaine : elle ne manquera pas de susciter des débats enflammés des deux côtés de la Méditerranée.

Lire également :

Dinar, billets en Algérie : une Algérienne de France raconte sa « drôle de mésaventure »

L’Allocation touristique à 750 euros disponible dans 4 bureaux de change

Passagers algériens humiliés à Roissy et à Orly : la France réplique