« L’aide française au développement ne rentre pas dans les caisses de l’État algérien », une déclaration qui, bien que répétée à maintes reprises, semble enveloppée dans un mystère que peu cherchent à démêler. Alors que les relations entre la France et l’Algérie se crispent davantage, ce sujet refait surface, souvent brandi comme une arme politique dans une partie d’échecs diplomatique.
La France, confrontée à un climat de tensions croissantes avec Alger, envisage de resserrer l’étau sur plusieurs fronts : réduction des visas, ajustement des taxes douanières, et potentiellement, suspension de l’aide au développement. Cette dernière mesure est souvent perçue comme une menace directe, mais ce qu’elle recouvre exactement reste flou pour beaucoup.
En septembre dernier, la scène politique française s’était enflammée lorsque Sarah Knafo, eurodéputée du parti Reconquête, avait lancé un pavé dans la mare. Selon elle, la France offrait chaque année 800 millions d’euros à l’Algérie sous forme d’aide au développement. Cette affirmation, reprise en boucle, avait provoqué un tollé avant d’être rapidement démentie. La réalité, corrigée par plusieurs médias, révélait que ce montant représentait en réalité une somme cumulée sur plusieurs années.
Cette aide, que certains considèrent comme une manœuvre de pression sur l’Algérie, revient aujourd’hui sur le devant de la scène, notamment sous l’impulsion de figures politiques telles que Bruno Retailleau. Pourtant, derrière les discours enflammés, la vérité est bien plus nuancée.
D’après un rapport publié par France Info, la France aurait accordé 132 millions d’euros d’aide publique au développement à l’Algérie en 2022, totalisant environ 600 millions d’euros sur cinq ans. Toutefois, ce chiffre est trompeur, car, comme l’explique le média, l’essentiel de ces fonds ne trouve jamais son chemin vers les coffres de l’État algérien.
En fait, plus de 90 % de cette aide est consacrée aux « frais d’écolage », c’est-à-dire à l’éducation des étudiants algériens en France. Les universités et les écoles françaises, recevant ces jeunes esprits venus d’Algérie, perçoivent ces montants pour couvrir les frais liés à leur formation. Autrement dit, l’argent reste sur le sol français, finançant son propre système éducatif.
Le reste de l’enveloppe est alloué à des projets de coopération menés par des ONG françaises en Algérie. Ces initiatives, bien qu’importantes pour le développement local, n’entrent pas non plus directement dans les caisses de l’État algérien. Réduire cette aide reviendrait donc à limiter l’accueil des étudiants algériens, une décision qui aurait des répercussions sur les échanges académiques et culturels entre les deux nations.
Pour certains en Algérie, cette aide est perçue comme une « illusion ». Une source algérienne affirme à TSA que ces fonds servent à financer des institutions françaises qui accueillent les étudiants algériens, mais aussi à couvrir les coûts des missions d’experts français et des bureaux d’études qui cherchent à remporter des contrats lucratifs en Algérie.
« Rien ne rentre dans les caisses de l’État algérien », insiste la source. « Cette aide est un investissement déguisé pour préserver l’influence de la France et renforcer ses intérêts économiques, sous le couvert d’un geste de coopération. »
Ainsi, derrière les chiffres impressionnants de cette aide française se cache une réalité bien moins flatteuse pour les relations bilatérales. L’aide française au développement, bien qu’habillée des meilleures intentions, semble surtout être un outil stratégique, servant à protéger les intérêts de l’Hexagone tout en maintenant une façade de générosité.
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