L’Algérie a récemment pris une décision qui ne manque pas de faire réagir de part et d’autre de la Méditerranée. Selon les informations relayées par France Info, l’Algérie a fermé cinq bureaux d’éloignement dans ses consulats en France, une mesure qui intervient dans un climat de tensions croissantes entre les deux pays. Cette décision s’inscrit dans une dynamique où les désaccords diplomatiques semblent se multiplier, notamment sur les questions migratoires.
Depuis la mi-janvier, l’Algérie a refusé la réadmission de trente-cinq de ses ressortissants expulsés de France, alors qu’en temps normal, une vingtaine de personnes sont reconduites chaque semaine. Cette posture marque un tournant, en particulier depuis le refus par Alger d’accueillir l’influenceur algérien Doualemn, expulsé le 9 janvier dernier. Ce cas semble avoir constitué un point de rupture dans la coopération entre les autorités des deux pays en matière de gestion des expulsions.
Face à ce refus, le ministère français de l’Intérieur, dirigé par Bruno Retailleau, a annoncé une « riposte graduée ». Parmi les options évoquées figure une éventuelle remise en cause des accords de 1968, un texte historique régissant la circulation et le séjour des Algériens en France. Ce cadre juridique, qui confère un statut particulier aux ressortissants algériens par rapport aux autres étrangers en France, pourrait ainsi être remis en question, une perspective qui ne manquerait pas d’avoir des répercussions majeures.
Mais au-delà des seuls enjeux migratoires, la crise diplomatique entre Alger et Paris s’étend à plusieurs dossiers sensibles. L’une des sources de friction les plus récentes concerne la question du Sahara occidental, un sujet particulièrement épineux dans les relations entre les deux pays. En outre, des décisions politiques françaises, comme certaines arrestations d’influenceurs et d’intellectuels algériens en France, ont été perçues comme des provocations par Alger. De son côté, Paris s’inquiète des mesures prises par l’Algérie à l’encontre de ses ressortissants sur le sol français, notamment en ce qui concerne la délivrance de documents consulaires.
Dans ce contexte, la fermeture des bureaux d’éloignement dans les consulats d’Algérie en France n’est pas anodine. Ces structures jouent un rôle clé dans la coordination entre les autorités françaises et algériennes pour l’identification et la délivrance des laissez-passer permettant l’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière. Leur fermeture risque donc de compliquer davantage les procédures d’expulsion et d’exacerber les tensions entre les deux capitales.
Si ces décisions traduisent une volonté d’Alger d’affirmer sa souveraineté face à Paris, elles ne sont pas sans conséquences. La France pourrait, en réponse, durcir ses politiques à l’égard des Algériens vivant sur son territoire, que ce soit en matière de visas ou d’accès aux services administratifs. Un scénario qui raviverait des tensions déjà palpables et compliquerait encore davantage le dialogue diplomatique.
Depuis plusieurs mois, les relations entre les deux pays semblent s’enliser dans une série de malentendus et de désaccords profonds. L’Algérie reproche à la France certaines ingérences et décisions jugées hostiles, tandis que Paris voit d’un mauvais œil la fermeté d’Alger sur des dossiers qu’elle considère comme cruciaux. Cette crispation bilatérale, sans précédent depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, inquiète tant les observateurs que les populations concernées des deux côtés de la Méditerranée.
Alors que les tensions atteignent un point critique, l’issue de cette crise reste incertaine. La remise en cause des accords de 1968 pourrait être un levier de pression de la France, mais une telle décision risquerait également d’ouvrir un nouveau front de confrontation diplomatique. D’un autre côté, l’Algérie semble vouloir affirmer son autonomie en matière de politique migratoire, quitte à rompre avec certaines pratiques du passé.
Dans ce bras de fer, les prochains mois s’annoncent décisifs. La fermeture des bureaux d’éloignement n’est peut-être qu’un élément parmi d’autres dans une escalade de tensions qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Les discussions entre les deux pays devront rapidement trouver un terrain d’entente, sous peine de voir leurs relations se détériorer encore davantage, avec des conséquences potentielles sur les flux migratoires, les échanges économiques et la coopération bilatérale dans plusieurs domaines stratégiques.
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