L’Algérie « se ferme » à un produit phare français

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Les produits laitiers français, longtemps appréciés et prisés par les consommateurs algériens, sont aujourd’hui confrontés à une situation préoccupante. Alors que l’Algérie représente un marché clé pour l’exportation de fromages et tout produit français issu du lait, des restrictions commerciales viennent entraver leur circulation, suscitant des inquiétudes parmi les producteurs et exportateurs français.

Selon François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil), l’Algérie représentait jusqu’à récemment un marché stable et stratégique, avec près de 150 à 200 millions d’euros d’exportations annuelles. Cependant, la tendance semble s’inverser, avec un durcissement progressif des conditions d’importation qui freine l’entrée de ces produits sur le territoire algérien.

Cette fermeture progressive s’inscrit dans un contexte mondial où plusieurs marchés clés pour le lait français connaissent des tensions. François-Xavier Huard souligne à l’AFP : « La difficulté, c’est qu’on a d’autres marchés qui se tendent ou qui sont en train de se fermer : la Chine, qui représente 600 millions d’euros par an, l’Algérie pour quasiment 150-200 millions. Les trois ajoutés représentent environ un milliard d’euros en valeur sur les neuf milliards exportés par an. »

Le fait que l’Algérie ait décidé de faire l’impasse sur ledit produit français s’ajoute à d’autres défis pour les producteurs français, notamment les menaces de taxes douanières accrues aux États-Unis. Depuis l’arrivée de Donald Trump sur le devant de la scène politique, les craintes d’un alourdissement des droits de douane sur les produits laitiers français s’intensifient. Actuellement taxés à hauteur de 10 %, les fromages pourraient bientôt voir ces tarifs doubler ou tripler, ce qui aurait un impact direct sur leur compétitivité. « On s’attend à peu près à 25 %, en plus des 10 % existants », précise François-Xavier Huard.

Si les grandes entreprises comme Savencia, Bel ou Lactalis disposent de sites de production aux États-Unis qui leur permettent d’atténuer ces effets, les petites exploitations françaises risquent de pâtir lourdement de cette situation. En effet, « les produits liés à des territoires (AOP) ne peuvent pas être remplacés par une production locale », ce qui signifie que certaines spécialités fromagères pourraient se retrouver en grande difficulté sur le marché international.

Face à ces défis, plusieurs options sont envisagées par les acteurs du secteur. Certains producteurs pourraient « baisser les prix de certains produits pour garder un pied dans le marché », tandis que d’autres songent à rediriger une partie de leur production vers d’autres zones géographiques. Toutefois, cette stratégie est loin d’être évidente, car « aujourd’hui, on arrive à valoriser les 23 milliards de litres de lait français collectés parce qu’on exporte », rappelle François-Xavier Huard.

La question prend désormais une dimension européenne. Une réunion de l’European Dairy Association doit se tenir prochainement à Bruxelles pour examiner la situation et réfléchir aux solutions à adopter. Car la France n’est pas seule dans cette impasse : l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne sont également concernés par la fermeture de certains marchés et les hausses potentielles des droits de douane.

En Algérie, la tendance à la réduction des importations dudit produit français s’explique par plusieurs facteurs, notamment une volonté politique de privilégier la production locale et de réduire la dépendance aux importations. De plus, la balance commerciale entre les deux pays est scrutée avec attention, et certains analystes estiment que ces restrictions pourraient s’inscrire dans une logique de rééquilibrage économique.

Alors que les tensions commerciales s’intensifient et que les enjeux géopolitiques influencent de plus en plus les échanges économiques, les exportateurs français de produits laitiers restent en alerte. « Il faut qu’on arrive à maintenir cette visibilité pour les producteurs de lait », insiste François-Xavier Huard, conscient que les mois à venir seront décisifs pour l’avenir du secteur.

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