Le dinar algérien désormais converti à des taux avantageux ?

euro dinar algérien

Récemment, une rumeur a circulé sur les réseaux sociaux, notamment au sein de groupes Facebook tunisiens et algériens, affirmant qu’il serait désormais possible pour les voyageurs algériens de convertir leur monnaie nationale, le dinar algérien, en dinars tunisiens à un taux exceptionnellement favorable de 100 dinars tunisiens pour 4.200 dinars algériens, contre 7.400 dinars auparavant. Cette information a rapidement suscité une grande attention, notamment parmi les internautes à la recherche de bonnes affaires économiques, mais également parmi ceux qui restaient sceptiques, se demandant si cette annonce était véritablement fondée.

Loin d’être une simple rumeur, cette publication a été partagée par un nombre impressionnant d’internautes et a contribué à alimenter les discussions, provoquant un véritable engouement. Pourtant, en consultant les sources officielles, il s’avère que cette annonce est loin d’être confirmée par les autorités compétentes. Ni la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ni la Banque d’Algérie n’ont publié de communiqués relatifs à cette hypothétique mesure. De plus, une consultation des sites institutionnels des deux pays ne révèle aucune information faisant état d’un changement de politique sur la convertibilité de la monnaie, ce qui laisse penser que la publication en question pourrait être infondée.

Le régime de change du dinar algérien est un sujet complexe et fait l’objet d’un contrôle strict depuis plusieurs années. Depuis l’introduction du marché interbancaire des changes en Algérie en janvier 1996, le dinar algérien est soumis à un système de « flottement dirigé ». Cela signifie que son taux de change est partiellement déterminé par le marché, mais reste en grande partie contrôlé par les autorités monétaires algériennes. Par conséquent, bien que des transactions courantes puissent se faire dans une certaine mesure, la convertibilité du dinar algérien reste limitée, en particulier pour les flux de capitaux.

L’économie algérienne, qui repose largement sur les exportations d’hydrocarbures, est par ailleurs vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole. Cela explique pourquoi les autorités monétaires algériennes ont choisi de maintenir un contrôle strict sur les devises, afin de protéger le pays contre les risques macroéconomiques potentiels, comme la fuite des capitaux et la spéculation sur le marché parallèle des devises. L’ouverture totale de la convertibilité du dinar algérien représenterait un défi de taille et pourrait entraîner des conséquences négatives pour l’économie nationale.

Cela étant dit, certains économistes plaident en faveur d’une plus grande flexibilité monétaire. Selon eux, une libéralisation plus poussée du dinar algérien pourrait, par exemple, aider à lutter contre le marché parallèle des devises, encourager les investissements étrangers et simplifier les transactions pour les entreprises. Cependant, cette transition devrait être accompagnée de réformes économiques structurelles, afin d’assurer la stabilité financière et d’éviter des conséquences imprévues qui pourraient déstabiliser davantage l’économie nationale.

Du côté tunisien, la question de la convertibilité monétaire est tout aussi cruciale. La Tunisie a adopté un régime de convertibilité partielle de son dinar en janvier 1993, afin de permettre une libéralisation progressive des échanges commerciaux et des services. Cependant, la libre convertibilité des capitaux reste toujours limitée, dans le but de protéger l’économie nationale et d’éviter une fuite excessive de devises qui pourrait nuire à la stabilité économique du pays.

Il convient de rappeler que la convertibilité d’une monnaie peut se décliner en plusieurs formes. La convertibilité totale permettrait aux résidents et non-résidents d’acheter et de vendre librement la monnaie nationale contre des devises étrangères. En revanche, la convertibilité partielle, telle qu’elle est appliquée en Algérie et en Tunisie, autorise des transactions limitées, généralement pour les besoins commerciaux et les opérations courantes, tout en imposant des restrictions sur les flux de capitaux.

Il est donc fort probable que la rumeur concernant la conversion directe du dinar algérien en dinar tunisien à un taux fixe soit infondée, au vu des informations disponibles et de l’absence de toute annonce officielle à ce sujet. Les institutions financières et les autorités monétaires des deux pays n’ont à ce jour pas confirmé la véracité de cette rumeur. Ainsi, les voyageurs algériens doivent probablement continuer à se soumettre aux taux de change actuels et à respecter les règles en vigueur dans les deux pays en matière de conversion monétaire.

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