« Le Maroc a été créé par la France, l’Algérie vient d’une guerre de libération » : un responsable français catégorique

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Une séquence remontant à la fin de l’année 2024 a refait surface ces dernières heures sur les réseaux sociaux, ravivant des débats brûlants sur l’histoire coloniale du Maghreb. On y entend Dominique Trinquaud, général français à la retraite, s’exprimer de manière tranchée sur les origines historiques contrastées du Maroc et de l’Algérie.

Intervenant à l’occasion d’une visite diplomatique en terre marocaine, Trinquaud y déclare : « L’Algérie ne changera pas. Le Maroc a été créé par la France, grâce à l’amitié de Lyautey et le Roi du Maroc, l’Algérie de son côté vient d’une guerre de libération révolutionnaire. » Ces propos, tenus il y a quelques mois, circulent à nouveau avec force sur les plateformes numériques, suscitant réactions, analyses et interrogations dans les deux pays.

Dominique Trinquaud, ancien haut gradé de l’armée française reconverti en expert en stratégie militaire, n’en est pas à sa première déclaration controversée. Toutefois, cette sortie a trouvé un écho particulier dans le contexte sensible des relations entre la France et les deux anciennes colonies. Les mots choisis, qualifiant le Maroc de « création » française par le biais d’une relation d’amitié entre le maréchal Lyautey — résident général du protectorat français — et la monarchie chérifienne, tranchent avec l’évocation de l’Algérie, décrite comme issue d’une guerre de libération violente et révolutionnaire. L’effet de contraste est marqué. Il appuie implicitement sur la divergence fondamentale des parcours historiques des deux pays voisins, une divergence encore palpable aujourd’hui dans leurs politiques étrangères, leurs mémoires nationales et leurs liens respectifs avec la France.

Depuis la diffusion virale de cet extrait, les réactions affluent. Beaucoup rappellent que les propos de Trinquaud n’engagent pas officiellement l’État français, mais leur résonance n’en est pas moins significative. Dans un climat géopolitique déjà tendu entre Alger et Rabat, le rappel de cette différence d’ADN politique et historique ne passe pas inaperçu. Le Maroc, protégé français à partir de 1912, a connu une décolonisation relativement pacifique avec le retour du roi Mohammed V et l’indépendance proclamée en 1956. L’Algérie, de son côté, a dû arracher sa liberté au prix d’un conflit de huit ans, une guerre sanglante ayant fait des centaines de milliers de morts et profondément marqué la mémoire collective du pays.

Ce passage réexhumé intervient également dans une période où les usages politiques de l’histoire coloniale sont nombreux. En France, comme au Maghreb, les héritages du passé sont régulièrement invoqués pour éclairer ou peser sur les dynamiques actuelles. Il est donc peu surprenant que les propos de Trinquaud trouvent un tel retentissement. Pour de nombreux Algériens, ces mots réaffirment une réalité identitaire : celle d’un pays né dans la lutte, forgé dans la résistance, avec une relation tumultueuse, voire conflictuelle, à l’ancienne puissance coloniale. Du côté marocain, certains interprètent cette déclaration comme une tentative de minimiser leur propre lutte pour l’indépendance, tandis que d’autres y voient la reconnaissance d’un lien diplomatique fondateur entre le royaume et la France.

Le retour de cette vidéo sur les réseaux sociaux a aussi ravivé les discussions sur le rôle de la France dans la structuration des États du Maghreb. Entre les lignes, les propos de Dominique Trinquaud questionnent la légitimité historique, les trajectoires de souveraineté et les identités nationales telles qu’elles ont été construites après la colonisation. Dans un monde où les récits nationaux servent aussi à appuyer les orientations politiques, ces paroles, bien que prononcées par un ancien militaire, pèsent lourd dans le débat public.

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