Le Maroc, connu pour ses avancées sociétales progressives au fil des années, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un débat enflammé autour de la réforme du code de la famille. Alors que les attentes étaient grandes, les propositions présentées le 24 décembre par le ministre de la Justice n’ont pas su convaincre les militantes féministes ni les associations qui plaident depuis des décennies pour une véritable égalité entre hommes et femmes. La déception est palpable, et certains dénoncent un immobilisme qui semble tourner en dérision les revendications légitimes des femmes marocaines.
Parmi les points les plus critiqués au Maroc, l’absence de progrès concernant la filiation paternelle est particulièrement révélatrice des résistances encore présentes. Malgré les appels à intégrer le test génétique comme preuve de paternité, le Conseil supérieur des oulémas, présidé par Mohammed VI, a rejeté cette demande, estimant qu’elle contrevenait aux préceptes de l’islam. Ce refus, perçu par beaucoup comme un pas en arrière, illustre la tension persistante entre les aspirations modernistes et les références religieuses. Sur les réseaux sociaux, ce choix a suscité un flot de commentaires sarcastiques. Certains internautes n’ont pas hésité à tourner la décision en ridicule, pointant le paradoxe de recourir à la technologie dans d’autres domaines tout en la rejetant ici.
Un autre sujet d’indignation concerne les règles d’héritage au Maroc, en particulier la pratique du « taasib ». Ce système, qui permet aux frères du défunt de s’approprier une partie de l’héritage au détriment des filles, reste inchangé. Bien que des solutions alternatives, comme les donations anticipées, soient mises en avant, elles n’offrent qu’un remède superficiel à une inégalité enracinée. Cette rigidité, dans un contexte où les femmes marocaines gagnent en autonomie financière et jouent un rôle accru dans la vie économique, reflète un décalage croissant entre les lois en vigueur et les réalités sociales du pays.
La question du mariage des mineures illustre également le flou qui entoure cette réforme. Si l’âge légal est fixé à 18 ans, des exceptions permettent toujours d’abaisser cette limite à 17 ans sous certaines conditions, à la discrétion du juge. Pour de nombreuses militantes, cette marge d’interprétation ouvre la porte à des abus, compromettant les efforts pour éradiquer ce type d’unions précoces. Ce manque de clarté s’étend aussi à d’autres dispositions, comme la représentation parentale partagée. Bien que cette dernière soit théoriquement étendue à la mère, les modalités exactes restent vagues, suscitant des doutes sur la portée réelle de cette avancée.
La polygamie, sujet hautement sensible, n’échappe pas aux controverses. Le projet propose d’exiger l’accord de la première épouse pour qu’un homme puisse en épouser une seconde, une condition qui pourrait limiter les abus. Cependant, cette règle ne s’appliquera pas aux mariages déjà contractés, et des exceptions, comme la stérilité ou la maladie de la première épouse, restent possibles. Ces critères, laissés à l’appréciation du juge, soulèvent des inquiétudes, notamment en matière de confidentialité médicale.
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