Le paiement en espèces interdit en Algérie : premières réactions

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Depuis le 1er janvier, le paysage des transactions immobilières en Algérie a radicalement changé avec l’interdiction du paiement en espèces. Cette mesure, introduite par la loi de finances 2025, impose désormais que toutes les transactions immobilières soient effectuées via des circuits bancaires ou financiers officiels. Historiquement, les transactions immobilières se faisaient majoritairement en espèces, une pratique profondément ancrée dans les habitudes du marché algérien.

L’un des aspects marquants de cette nouvelle réglementation est l’impact sur la manière dont les prix des biens immobiliers étaient déclarés. Traditionnellement, les montants enregistrés dans les contrats notariés étaient souvent bien inférieurs aux prix réels, permettant aux parties impliquées d’échapper à une partie de l’imposition fiscale. Cette pratique, largement répandue, visait à réduire les coûts fiscaux pour les deux parties, bien que cela soit techniquement illégal. Avec l’interdiction du paiement en espèces, ces pratiques deviennent plus difficiles à maintenir, forçant les acteurs du marché à adopter une plus grande transparence dans leurs transactions.

Les réactions des professionnels de l’immobilier à cette mesure sont variées. Un notaire basé à Alger a exprimé ses réserves quant à l’adoption immédiate de cette réglementation par les acteurs du secteur. Selon lui, les agences immobilières, peu habituées aux circuits officiels, ainsi que les particuliers, pourraient montrer une certaine résistance au changement. Il souligne également que l’obligation de déclarer les montants réels des transactions aura un impact direct sur les pratiques fiscales. Toutefois, il reste sceptique quant à l’évolution des prix de l’immobilier dans l’immédiat, en raison de l’ancienneté de la mesure.

Du côté des agences immobilières, l’impact de l’interdiction de l’espèce est encore difficile à évaluer. Le marché immobilier étant déjà peu actif depuis plusieurs années, les professionnels préfèrent attendre avant de tirer des conclusions définitives. Cependant, certains s’attendent à ce que cette nouvelle règle favorise l’essor des transactions via crédits bancaires, un mode de paiement qui pourrait devenir plus attractif maintenant que le passage par les banques est obligatoire.

Le responsable d’une promotion immobilière à Blida a confirmé que cette nouvelle dynamique pourrait amener les promoteurs à être plus ouverts aux clients utilisant des crédits bancaires. Par le passé, de nombreuses promotions immobilières refusaient de travailler avec des crédits bancaires en raison de l’absence d’agréments ou pour éviter des complications administratives. Désormais, avec l’obligation de passer par des circuits financiers officiels, ces barrières pourraient progressivement tomber.

Malgré ces prévisions, les professionnels du secteur s’accordent sur un point : il est encore trop tôt pour mesurer pleinement l’impact de cette interdiction sur le marché. L’activité immobilière, déjà ralentie, pourrait mettre du temps à s’adapter à ce nouveau cadre réglementaire. De plus, l’absence de détails sur les modalités précises de mise en application de la mesure laisse planer une certaine incertitude. La loi de finances 2025 stipule que les modalités d’application seront fixées par voie réglementaire, ce qui signifie que des clarifications sont encore attendues pour encadrer les pratiques sur le terrain.

Le bannissement du paiement en espèces dans les transactions immobilières marque un tournant important pour le secteur en Algérie. Si l’impact à long terme de cette mesure reste incertain, il est évident qu’elle engendrera des changements profonds dans les habitudes du marché. Une meilleure transparence, une régularisation accrue et une possible augmentation du recours aux crédits bancaires pourraient être les premières conséquences visibles de cette nouvelle politique. Les acteurs du secteur devront s’adapter progressivement à ce nouvel environnement réglementaire, en attendant les précisions à venir sur les modalités d’application.

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