Le Conseil de la Nation (Sénat), chambre haute du parlement algérien, a annoncé mercredi une décision forte et sans précédent : la suspension immédiate de ses relations avec le Sénat français. Cette décision, qui a été accompagnée d’un communiqué officiel, fait suite à un événement diplomatique qui a choqué l’Algérie et qui a conduit à un écartement brutal entre les deux institutions parlementaires.
Le conflit a été déclenché par la visite du président du Sénat français, Gérard Larcher, à la ville de Laâyoune, située dans le Sahara occidental, un territoire dont le statut reste contesté au niveau international. Cette visite a été perçue par le gouvernement algérien comme une provocation, un geste politique inacceptable, qui nie les principes fondamentaux du droit international et l’autodétermination des peuples. Le Sahara occidental est revendiqué par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie, et son statut fait l’objet de discussions et de résolutions au sein des Nations Unies, qui préconisent une solution pacifique et respectueuse des droits des Sahraouis.
Dans un communiqué, le Sénat algérien a souligné que cette visite à Laâyoune « reflète la montée de l’extrême droite française » et qu’elle s’inscrit dans une « dérive d’une extrême gravité ». Le texte poursuit en indiquant que l’action du Sénat français « méprise la légitimité internationale » et s’oppose à « fermement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies », malgré le fait que la France soit l’un des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, un organisme censé défendre le respect des droits de l’homme et les principes d’autodétermination des peuples colonisés.
Le communiqué du Sénat algérien va encore plus loin dans sa critique. Il affirme que la visite de Gérard Larcher constitue un acte « inacceptable et non surprenant », soulignant l’incompatibilité de cette démarche avec les valeurs de l’Algérie, qui soutient activement les aspirations à l’autodétermination des peuples sous occupation. « Cette visite est un défi flagrant, un parti pris scandaleux », peut-on lire, avant de qualifier cette initiative de « harmonisation avec les politiques coloniales et les thèses makhzéniennes », une référence aux autorités marocaines, dont la position sur le Sahara occidental est diamétralement opposée à celle de l’Algérie et du Front Polisario.
Dans ce contexte, l’Algérie a donc décidé de suspendre « toutes ses relations » avec le Sénat français, y compris le protocole de coopération parlementaire signé en 2015 entre les deux chambres. Ce protocole, qui visait à renforcer les échanges et la coopération parlementaire entre la France et l’Algérie, a été mis de côté en raison de ce qu’Alger considère comme une attitude provocatrice de la part du Sénat français. Le bureau du Conseil de la Nation, sous la présidence de M. Salah Goudjil, a pris cette décision de manière catégorique, affirmant que la France doit assumer « les conséquences de cette visite irresponsable, provocatrice et ostentatoire ».
Le rapprochement entre l’Algérie et le Sénat français semblait avoir été un objectif de longue date, surtout après la signature du protocole de coopération en 2015. Toutefois, cet incident semble marquer un tournant majeur dans les relations diplomatiques entre les deux pays, en particulier dans le domaine parlementaire. La suspension des relations pourrait avoir des répercussions sur les échanges politiques et les initiatives communes, notamment celles liées à la coopération économique, culturelle et sécuritaire.
La réaction de l’Algérie n’est pas isolée dans un contexte plus large de tensions croissantes entre les deux pays. Depuis plusieurs mois, les relations entre la France et l’Algérie connaissent des turbulences, notamment sur des questions liées à l’histoire coloniale, à la mémoire, et à la politique étrangère. Ce nouvel épisode vient raviver des ressentiments historiques et des divergences profondes sur des questions géopolitiques cruciales, notamment la question du Sahara occidental, qui reste une pomme de discorde entre les deux pays.
L’impact de cette décision sur les relations futures entre l’Algérie et la France reste encore incertain. Cependant, il est clair que cette suspension marque un point de rupture symbolique dans les échanges diplomatiques entre les deux institutions, et potentiellement dans la coopération bilatérale dans son ensemble. Le déroulement des prochaines semaines sera crucial pour évaluer si cette décision prendra des proportions plus larges, affectant d’autres aspects de la coopération entre les deux pays ou si un retour au dialogue sera possible.
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