L’Algérie a franchi une étape importante dans son combat contre le marché noir des devises avec l’introduction des bureaux de change officiels dans des lieux stratégiques à travers le pays. Une initiative qui vise à réguler les transactions en devises tout en offrant une solution légale aux voyageurs. Le port et l’aéroport international d’Alger, deux points d’entrée majeurs, sont les premiers à bénéficier de cette réforme. L’objectif est d’offrir aux citoyens une alternative sécurisée et conforme à la réglementation pour l’échange de devises, tout en luttant contre le marché parallèle qui prospère depuis plusieurs années.
L’introduction des bureaux de change dans ces infrastructures clés marque un tournant dans la gestion des transactions en devises en Algérie. Le port d’Alger, par exemple, accueillera quatre nouveaux bureaux de change dans sa gare maritime, et ces derniers devraient ouvrir leurs portes dans les jours à venir. Le 30 janvier 2025, Mohamed Benbahane, le vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, a inspecté ces installations. Selon l’Entreprise Portuaire d’Alger (Epal), ces bureaux de change seront un atout majeur pour les voyageurs, leur permettant de réaliser leurs opérations de change de manière réglementée et en toute sécurité.
De son côté, l’aéroport international d’Alger, le principal point d’entrée aérien du pays, ne sera pas en reste. Là aussi, quatre bureaux de change ont été aménagés et seront prochainement fonctionnels. Ces points de change sont intégrés dans un processus plus large de modernisation des services aéroportuaires, qui visent à offrir aux voyageurs une meilleure expérience. L’initiative s’inscrit dans le cadre des réformes décidées par le gouvernement algérien pour encadrer et structurer le marché des devises, qui reste un secteur sensible, notamment en raison de l’influence du marché noir.
L’ouverture de ces bureaux de change fait suite à un ensemble de mesures législatives qui ont permis de définir un cadre juridique pour leur fonctionnement. Le règlement n° 23-01, publié le 21 septembre 2023, précise les conditions d’autorisation, d’agrément et d’exercice des bureaux de change en Algérie. Ce règlement a été officiellement inscrit au Journal Officiel n° 69 le 30 octobre 2023, constituant ainsi la base légale pour le lancement de ces nouveaux espaces de change. En décembre 2024, une autre mesure a renforcé cette initiative : l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs, un montant qui, bien qu’augmenté, reste insuffisant par rapport aux besoins réels des voyageurs. Cette mesure, couplée à l’ouverture des bureaux de change, a pour objectif de limiter les transactions informelles.
Mais ces nouvelles infrastructures ne sont pas seulement une réponse aux besoins des voyageurs. Elles répondent aussi à une situation économique complexe. Depuis plusieurs années, l’Algérie lutte contre la montée du marché parallèle des devises, où les taux de change sont nettement plus élevés que ceux des banques officielles. En introduisant des bureaux de change autorisés, le gouvernement tente de récupérer une partie de ce marché et de proposer une alternative légale, réduisant ainsi l’impact des pratiques informelles sur l’économie du pays.
Les bureaux de change officiels permettront principalement trois types d’opérations : l’achat de devises étrangères contre de la monnaie nationale pour les résidents ou non-résidents, la vente de devises étrangères pour les non-résidents, et enfin, la vente de devises pour les résidents dans le cadre d’opérations spécifiques liées aux voyages, aux soins médicaux à l’étranger ou aux études. Ces opérations, encadrées par la Banque d’Algérie, visent à offrir aux citoyens une solution claire et sécurisée pour leurs transactions en devises.
Toutefois, la mise en place de ces bureaux de change soulève plusieurs questions sur l’efficacité réelle de cette mesure face à l’ampleur du marché noir. Pour que cette initiative soit un véritable succès, plusieurs éléments devront être pris en compte. La compétitivité des taux de change proposés par ces bureaux, la confiance du public dans ces nouvelles structures, ainsi que la facilité d’accès à ces services seront des facteurs cruciaux. Si les taux de change restent moins attractifs que ceux du marché parallèle, la réforme pourrait ne pas avoir l’impact escompté. De plus, le succès de cette initiative dépendra également de la capacité des autorités à maintenir un contrôle strict et à éviter toute dérive.
En dépit de ces défis, l’Algérie semble déterminée à prendre le contrôle de son marché des devises. Le gouvernement a multiplié les initiatives pour encadrer les transactions monétaires et limiter l’influence du marché informel. L’introduction de ces bureaux de change s’inscrit dans une démarche plus large de réformes économiques visant à renforcer la stabilité du dinar algérien et à réguler les flux financiers à l’échelle nationale.
Ainsi, l’ouverture des bureaux de change en Algérie représente un pas important vers la régulation des opérations en devises. Bien que cette réforme soit une réponse aux difficultés économiques liées au marché parallèle, son succès dépendra de la mise en place d’une véritable politique de contrôle des taux de change et de la capacité des autorités à rassurer les citoyens quant à la légalité et la sécurité de ces nouvelles pratiques. Reste à savoir si cette initiative suffira à réduire de manière significative le marché noir des devises, mais elle marque indéniablement une étape cruciale pour l’économie algérienne.
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