Un vent glacial souffle sur les campus américains, et en particulier sur celui de la prestigieuse université d’Harvard, désormais au cœur d’un bras de fer politique d’une rare intensité. La Maison Blanche, sous l’impulsion de Donald Trump, a franchi une nouvelle étape en exigeant l’expulsion de tous les étudiants étrangers présents sur les bancs de cette université historique. Parmi eux, de nombreux étudiants algériens, jusqu’ici intégrés dans la vie académique de l’institution, se retrouvent directement visés par une mesure sans précédent. L’université, déjà privée de plusieurs centaines de millions de dollars de subventions fédérales, voit aujourd’hui son avenir financier et académique menacé, alors même que les étudiants algériens et d’autres ressortissants étrangers représentent environ un quart de sa population étudiante.
Le ministère de la Sécurité intérieure a motivé sa décision par des accusations lourdes portées à l’encontre de l’université, soupçonnée d’avoir toléré, voire encouragé, des comportements jugés « antiaméricains » et « proterroristes ». Parmi les éléments retenus par l’administration Trump contre l’université d’Harvard figure notamment la participation supposée de certains étudiants étrangers, y compris des étudiants algériens, à des manifestations pro-palestiniennes qui ont émaillé le printemps 2024. Ces mouvements, particulièrement visibles sur les réseaux sociaux, auraient également été le théâtre d’altercations avec des étudiants juifs, selon les autorités. L’université d’Harvard, sommée de livrer dans les 72 heures un rapport détaillé sur les activités de ses étudiants étrangers au cours des cinq dernières années, a répondu par une action en justice, dénonçant ce qu’elle considère comme une atteinte grave à son autonomie académique.
Mais le coup porté à l’université ne se limite pas à l’aspect juridique. Les conséquences économiques sont tout aussi spectaculaires. Avec environ 6 700 étudiants étrangers payant en moyenne 60 000 dollars par an, Harvard voit s’évaporer d’un seul coup près d’un cinquième de ses revenus annuels. Les étudiants algériens, parmi d’autres, deviennent ainsi les victimes collatérales d’une lutte politique et idéologique qui les dépasse. L’université, qui comptait sur ces frais pour financer de nombreux projets éducatifs et de recherche, se retrouve contrainte de revoir ses ambitions à la baisse. Pourtant, malgré cette pression financière accrue, Harvard tente de résister. Grâce au soutien massif de ses donateurs, parmi lesquels des figures emblématiques comme Bill Gates, elle continue d’investir dans l’avenir, à l’image des 250 millions de dollars récemment engagés dans la recherche scientifique.
Cette posture de défiance contraste avec celle d’autres institutions, comme l’université Columbia, à New York, également dans le collimateur de l’administration américaine. Après avoir vu ses subventions coupées, Columbia a dû céder aux exigences de la Maison Blanche, acceptant notamment l’installation de 36 agents de sécurité internes et la mise sous tutelle académique de plusieurs départements stratégiques. Contrairement à Harvard, Columbia n’a pas pu mobiliser les mêmes ressources pour se défendre, ce qui l’a poussée à supprimer près de 180 postes pour compenser les pertes. Dans ce climat de tension extrême, les étudiants algériens, inscrits dans ces établissements de renom, se retrouvent ballottés entre ambitions académiques brisées et incertitudes juridiques. Privés de statut légal, ils sont contraints de quitter le pays ou de tenter un transfert vers des universités moins exposées politiquement.
L’université d’Harvard, souvent décrite comme la plus prestigieuse université du monde, voit donc son image ébranlée. L’interdiction d’inscrire de nouveaux étudiants étrangers, y compris des étudiants algériens, renforce la fracture entre une vision académique internationale et l’agenda politique nationaliste porté par Donald Trump. Tandis que le gouvernement met en avant la nécessité de préserver les « valeurs américaines », les universités tentent de préserver ce qui fait leur force : l’excellence, la diversité et la liberté de penser. Mais dans ce bras de fer, ce sont bien les étudiants algériens, comme tant d’autres, qui paient le prix fort d’une guerre idéologique qui ne dit pas son nom.