Les mots de Meloni sur Tebboune et l’Algérie provoquent l’hystérie en France

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La scène internationale a récemment été le théâtre d’un rapprochement stratégique entre l’Algérie et l’Italie, cristallisé par la visite officielle du président Abdelmadjid Tebboune à Rome. Lors de cette rencontre marquée par une intensité diplomatique notable, Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien, a multiplié les éloges à l’égard du président de l’Algérie Tebboune, suscitant en retour une onde de choc médiatique en France. Sur les plateaux télé français, la réaction ne s’est pas fait attendre : cette pluie de compliments italiens adressés à l’Algérie, notamment à son président Tebboune, a déclenché une véritable frénésie politico-médiatique, comme si la simple évocation d’une Algérie forte et respectée dérangeait certains cercles influents de l’Hexagone.

À Rome, le président Tebboune a salué « un nouveau jalon dans l’édifice des relations exemplaires entre l’Algérie et l’Italie » et s’est félicité d’« une étape importante dans le cadre du travail et de la coordination continue pour le renforcement et l’élargissement du partenariat entre les deux pays amis ». Les déclarations du chef de l’État algérien ont été tenues lors d’une conférence de presse conjointe avec Giorgia Meloni, dans le cadre de la 5ᵉ session du Sommet intergouvernemental algéro-italien de haut niveau. Ce sommet a été l’occasion d’aborder des domaines clés comme l’agriculture durable, l’industrie, l’énergie, la culture, les transports ou encore la recherche scientifique. Tebboune a mis en avant « une volonté politique ancrée » d’ériger de nouvelles passerelles entre l’Algérie et l’Italie, tout en affirmant sa volonté de « confirmer la relation fiable avec l’Italie, pays ami ».

Du côté italien, Giorgia Meloni n’a pas tari d’éloges à l’égard de son homologue algérien. Qualifiant Tebboune d’homme d’« une grande compétence », elle a insisté sur le fait que « les relations entre l’Algérie et l’Italie ne cessent de se renforcer ». Ce propos, répété à plusieurs reprises, a fait grincer des dents dans certaines rédactions françaises, habituées à une narration où l’Algérie reste en périphérie des enjeux européens. Meloni a par ailleurs évoqué le projet « Enrico Mattei », comme un symbole du lien historique solide entre l’Algérie et l’Italie. Selon elle, ce projet représente un pilier de la stratégie énergétique conjointe entre Rome et Alger. « Tout comme l’Italie s’est tenue aux côtés de l’Algérie dans les moments difficiles, l’Algérie a toujours été aux côtés de l’Italie », a-t-elle souligné, dans un ton empreint de respect et d’estime réciproques.

Les plateaux télé français n’ont visiblement pas digéré cette rhétorique. Le fait que Giorgia Meloni ait répété dans ses prises de parole que l’Algérie est un partenaire fiable, que Tebboune incarne une figure stratégique et que l’Italie intensifie ses accords avec Alger, a visiblement déclenché une forme d’agacement outre-Méditerranée. Certains éditorialistes français sont allés jusqu’à s’interroger, avec une pointe d’ironie, sur le bien-fondé de cette nouvelle alliance italo-algérienne. Les mots Meloni, Algérie et Tebboune ont circulé sur les réseaux sociaux français comme une litanie difficile à avaler pour ceux qui peinent à voir le pays nord-africain s’imposer sur la scène européenne.

Pourtant, les faits sont là. Au terme de cette visite, plusieurs accords ont été signés entre les deux gouvernements. Parmi eux, des mémorandums dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, de la transformation alimentaire, de l’aquaculture, mais aussi dans l’énergie avec un protocole stratégique entre Sonatrach et ENI. À cela s’ajoutent des accords dans les domaines de la cinématographie, des permis de conduire, de la poste, des télécommunications, de l’assistance aux personnes à besoins spécifiques, de la sécurité civile, et du sauvetage maritime. Un partenariat élargi qui reflète la solidité des engagements entre l’Algérie et l’Italie.

Le forum d’affaires algéro-italien, organisé à Rome en présence du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et de son homologue italien, Antonio Tajani, a également marqué un jalon important de cette dynamique bilatérale. C’est un cadre propice à l’intensification des investissements croisés entre les deux pays, qui envisagent de faire de leur coopération un modèle stratégique en Méditerranée. Meloni n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que l’Italie aspire à devenir « un hub de distribution énergétique en Europe à travers le partenariat stratégique qu’il développe avec l’Algérie », une ambition qui positionne l’Algérie au cœur des équilibres futurs du continent.

À l’échelle internationale, le président Tebboune a abordé la situation au Moyen-Orient et au Sahel, insistant sur la nécessité de renforcer les efforts communs pour contrer le terrorisme et garantir la stabilité régionale. Il a aussi réaffirmé le soutien de l’Algérie au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, dans le cadre de la légalité internationale. Sur la question palestinienne, il a appelé la communauté internationale à « assumer sa responsabilité politique et morale pour mettre fin au génocide et aux violations continues à l’encontre du peuple palestinien ».

Au-delà des accords et des mots diplomatiques, ce sommet a dévoilé une réalité qui dérange certains : celle d’une Algérie de plus en plus influente, respectée, et choisie comme partenaire stratégique par une puissance européenne comme l’Italie. Le rôle moteur que joue l’Algérie dans l’équilibre euro-méditerranéen n’est plus une hypothèse mais un fait établi, et Meloni semble en avoir parfaitement conscience. Que cela provoque l’hystérie sur les plateaux français ne change rien à cette dynamique nouvelle. Le triptyque Meloni, Algérie, Tebboune, désormais cité ensemble dans la plupart des analyses géopolitiques récentes, en est le symbole fort.