Logements en France : expulsés, des Algériens obtiennent gain de cause

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Algériens de l’étranger, actualités – Après cinq longues années de lutte judiciaire, l’affaire des logements sociaux à Bobigny, en France, vient de connaître un tournant décisif. Dans ce dossier complexe, des Algériens figurent parmi les principales victimes d’un système entaché de pratiques frauduleuses, orchestrées par une ancienne équipe municipale. L’affaire remonte à la période 2014-2020, durant laquelle l’Office Public de l’Habitat (OPH) de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a été le théâtre de détournements de fonds et de ventes irrégulières de logements sociaux. Un premier jugement vient de tomber, obligeant la restitution d’un immeuble de 11 logements et de 2 locaux commerciaux à l’office, et marque un soulagement pour les locataires lésés, dont plusieurs sont d’origine algérienne, vivant en France depuis de nombreuses années.

La justice française a reconnu le caractère illégal de la cession de cet immeuble situé au 2 rue Gaston Crépin, dans une des communes les plus pauvres de France. Ces logements avaient été transférés de manière expéditive et douteuse à une société immobilière privée, la SCI East Coast, juste avant les élections municipales de 2020. Malgré l’opposition du Préfet, la transaction a eu lieu pour un montant bien en deçà des estimations officielles. L’acte de vente, validé par un notaire, contrevenait pourtant aux règles encadrant le logement social en France, en interdisant notamment la vente à des structures privées. Plusieurs familles algériennes, installées dans ces logements en France, ont ainsi été victimes d’expulsions illégales ou de pressions inacceptables.

Mohamed Aïssani, ancien président de l’OPH de Bobigny entre 2020 et 2022, lui-même d’origine algérienne, salue une victoire obtenue de haute lutte. « Justice a été rendue aux locataires de l’OPH et de l’immeuble Crépin », a-t-il déclaré à Franceinfo, visiblement soulagé par cette décision. Durant ses années de mandat, il n’a cessé de dénoncer le système mis en place par son prédécesseur, Jonathan Berrebi, affilié à l’UDI, et impliqué dans de nombreuses opérations financières douteuses autour du parc de logements. La situation avait pris une tournure dramatique pour de nombreuses familles, en particulier pour les Algériens vivant dans ces logements, qui ont vu leurs droits bafoués en France, parfois sans même être avertis des changements de propriété.

Les faits ont été portés devant la Cour d’appel de Paris qui, dans un arrêt clair, a annulé la vente, ordonné la restitution immédiate du bien à l’OPH, et exigé que la SCI East Coast reverse tous les loyers perçus depuis la date de la plainte, soit le 7 octobre 2020. C’est un signal fort envoyé par la justice française, qui reconnaît non seulement les irrégularités, mais aussi la souffrance des victimes, dont plusieurs Algériens résidant dans ces logements en France.

L’enquête judiciaire ne s’arrête pas là. Elle s’inscrit dans un cadre plus vaste, visant à faire la lumière sur la gestion opaque de l’office entre 2014 et 2020. Au moins 18 millions d’euros de fonds destinés à l’habitat auraient été détournés. Ces sommes devaient permettre la réhabilitation de logements sociaux, en particulier dans des quartiers où résident de nombreux Algériens établis en France depuis des décennies, souvent dans des conditions déjà précaires.

Selon la mairie actuelle, dirigée par les communistes, les pratiques de l’époque relèvent d’un véritable « pillage en bande organisée ». Le réseau mis en place aurait permis à certains élus et entrepreneurs proches du pouvoir local de détourner des biens publics à des fins privées. Ces agissements ont eu des conséquences directes sur les habitants, notamment les Algériens, qui comptent parmi les populations les plus touchées par la crise du logement en France.

Aujourd’hui, cette première décision judiciaire redonne espoir à ceux qui, pendant des années, ont subi sans pouvoir se défendre. Pour les familles algériennes concernées, cette restitution n’efface pas les années de stress, de procédures, de menaces d’expulsion ou de relogement incertain. Mais elle ouvre la voie à une réparation, symbolique et concrète, dans un contexte où l’accès au logement en France reste un combat quotidien pour beaucoup.

L’affaire continue de faire l’objet d’investigations. Des chefs d’accusation tels que corruption, favoritisme et trafic d’influence sont au cœur de l’information judiciaire. Et tandis que d’autres dossiers similaires émergent, les Algériens victimes de ces malversations espèrent que ce jugement en entraînera d’autres, et que le droit au logement, en France, ne sera plus une promesse vide de sens.