Le tribunal correctionnel de Meaux a récemment été le théâtre d’un récit poignant, celui d’un homme algérien, piégé dans les rouages implacables de l’administration et de la justice française. Dans une salle d’audience où se mêlent le bruit des lois et le silence des destinées individuelles, le sort de ce trentenaire se dévoile dans toute sa complexité, entre des allers-retours incessants entre la prison et le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot. Le jeune algérien incarcéré en France préfère visiblement croupir en prison en France à une expulsion vers son pays d’origine, à savoir l’Algérie.
Son visage fatigué, dissimulé derrière un masque chirurgical, témoigne des épreuves qu’il traverse, mais aussi des dangers sanitaires auxquels il est confronté, notamment la tuberculose qui le ronge. Pour cet homme, la liberté est un luxe éphémère, pris en otage par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) émise par les autorités de Seine-Saint-Denis.
Cependant, son parcours devant la justice ne se résume pas seulement à cette injonction administrative. Accusé de soustraction à l’exécution de l’OQTF et d’outrage envers une représentante de l’autorité publique, il est plongé dans un cercle vicieux où les portes de la liberté semblent se refermer inlassablement. Son avocate, Me Chevalier-Kasprzak, exprime avec amertume l’injustice d’une situation qui perdure depuis 17 mois. Dans un système judiciaire où la procédure de comparution immédiate est employée pour des faits survenus deux mois auparavant, l’absurdité saute aux yeux.
Le cœur de ce dilemme réside dans la durée maximale de rétention administrative, fixée à 90 jours. Si aucune expulsion n’est réalisée dans ce laps de temps, la libération devrait être inévitable. Cependant, la réalité est bien différente. Me Chevalier-Kasprzak décrit un scénario désespérant où les perspectives d’expulsion vers l’Algérie du jeune homme se trouvant actuellement en prison en France, sont minces, voire inexistantes, compte tenu du passé judiciaire chargé de son client et de ses problèmes d’addiction.
Le prévenu, en proie à des dépendances au cannabis, à la cocaïne ainsi qu’à des médicaments détournés de leur usage initial, soulève des questions cruciales sur la prise en charge des personnes en détention. Les conditions de rétention dépeintes par Me Chevalier-Kasprzak font froid dans le dos : un environnement où l’ennui et la détresse cèdent souvent la place à la violence et à la désolation. Pour certains, la prison apparaît même comme un moindre mal.
Lors de l’audience, la représentante du parquet, Marlène Leroy, met en lumière le refus du prévenu de coopérer en vue d’une expulsion, réclamant une peine de six mois de prison ferme assortie d’un mandat de dépôt et d’une interdiction du territoire français pour une décennie. Les juges optent finalement pour une peine de quatre mois de prison ferme, avec mandat de dépôt, ainsi qu’une interdiction du territoire pour cinq ans.
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