Le marché noir en Algérie continue de refléter une réalité économique parallèle, souvent plus révélatrice que les indicateurs officiels. En ce dimanche 25 mai 2025, l’euro connaît une ascension spectaculaire sur le marché noir, atteignant un nouveau record historique face au dinar algérien. L’euro, déjà en progression constante depuis plusieurs semaines, s’établit désormais à 260 dinars à l’achat et 262 dinars à la vente, marquant une envolée significative dans les échanges non officiels. Ce rebond de l’euro sur le marché noir intervient après une période de léger repli, redonnant un élan puissant à la devise européenne dans le contexte algérien.
Plusieurs facteurs convergent pour expliquer ce regain de valeur de l’euro sur le marché parallèle. L’un des éléments majeurs réside dans la proximité de l’Aïd Al Adha, une période synonyme de déplacements importants et de forte consommation. Les besoins en devises étrangères, notamment en euro, explosent à l’approche de cette fête, incitant les Algériens à se tourner massivement vers le marché noir. Ce phénomène, observé de manière cyclique, renforce une fois de plus l’emprise du marché noir dans les transactions monétaires liées aux voyages et aux achats à l’étranger.
Un autre moteur de cette poussée haussière de l’euro sur le marché informel des devises est lié aux préparatifs du Hadj. De nombreux pèlerins en partance pour l’Arabie Saoudite cherchent activement à se procurer des devises, en particulier de l’euro, malgré le caractère prédominant du dollar dans cette zone. Le marché noir devient ainsi une solution incontournable, face aux quotas limités imposés par les circuits officiels. Cette situation place une pression continue sur le dinar algérien et renforce la position dominante de l’euro dans ces échanges parallèles.
La distance entre les chiffres officiels et ceux pratiqués sur le marché noir illustre une fracture persistante. Tandis que la Banque d’Algérie affiche un taux de change de l’euro à 149,97 dinars et celui du dollar à 132,61 dinars, le marché noir établit ses propres équilibres, guidés par l’offre et la demande réelle. L’euro y conserve une trajectoire ascendante, bien plus dynamique, et son triple impact sur le marché parallèle, les transactions privées et la perception du pouvoir d’achat en fait un baromètre implicite mais influent de la santé économique algérienne.
L’ampleur de l’écart entre le cours officiel de l’euro et celui observé sur le marché parallèle est révélatrice d’un déséquilibre structurel, entretenu par des politiques de change rigides. Tant que l’accès aux devises via les canaux bancaires restera limité, le recours au marché noir continuera de se généraliser, faisant de l’euro une monnaie de référence incontournable dans les transactions informelles. La confiance des citoyens dans le dinar algérien, constamment mise à l’épreuve, se mesure à la force avec laquelle l’euro s’impose sur le marché noir, et ce, de manière répétée et constante.
D’un point de vue plus global, l’évolution des autres devises sur le marché noir suit des tendances moins marquées. Le dollar américain, par exemple, observe un léger repli et se négocie aujourd’hui à 233 dinars à l’achat et 236 dinars à la vente, contre une stabilité prolongée à 235 dinars durant les jours précédents. La livre sterling reste, quant à elle, au-dessus des 300 dinars dans plusieurs points de change, avec un taux oscillant entre 299 et 304 dinars algériens, illustrant une relative stabilité face à la volatilité de l’euro sur le marché noir.