Sur le marché noir algérien, l’euro continue de montrer des signes de faiblesse face au dinar en cette fin de semaine, suscitant curiosité et interrogations parmi les observateurs économiques et les cambistes informels. Ce jeudi 26 décembre 2024, après avoir connu une relative stabilité autour de 245 dinars durant les 48 heures précédentes, la monnaie européenne s’échange désormais à 240 dinars à l’achat et 244 dinars à la vente. En termes pratiques, 100 euros sont cédés contre 24 000 dinars à l’achat et 24 400 dinars à la vente, marquant un recul significatif.
Cette baisse de l’euro face au dinar sur le marché noir n’est pas un phénomène isolé, mais elle alimente un climat d’incertitude dans un marché où la volatilité est devenue la norme. Pendant ce temps, le dollar américain affiche une certaine stabilité. Les cours du billet vert, évalués hier à 237 dinars à l’achat et 239 dinars à la vente, n’ont pas bougé, ce qui contraste avec la fluctuation de l’euro. Une situation qui souligne encore davantage l’imprévisibilité du marché parallèle en Algérie.
L’évolution des taux de change de l’euro face au dinar sur ce marché noir reste un mystère pour beaucoup. Si les variations minimes sont courantes, de brusques écarts, comme celui observé actuellement avec l’euro, laissent perplexes. Les spéculations sur les raisons de cette volatilité vont bon train. Parmi les hypothèses avancées, certaines mettent en lumière des facteurs économiques et politiques récents.
L’une des explications les plus débattues concerne l’annonce par le président Abdelmadjid Tebboune de l’augmentation prochaine de l’allocation touristique. Actuellement fixée à 100 euros, cette allocation passera à 750 euros par an et par voyageur dès janvier 2025. Bien que cette mesure soit saluée par de nombreux Algériens qui la perçoivent comme un moyen de combler une partie de l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle, son impact réel sur le marché ne sera observable qu’à partir de sa mise en application. Pourtant, cette annonce semble déjà influencer certains comportements sur le marché noir.
Selon un économiste invité sur une chaîne privée algérienne, cette volatilité pourrait être attribuée à une forme de panique chez certains détenteurs de devises. Ces derniers, ayant accumulé des euros dans l’espoir de réaliser des gains en période de forte demande, auraient décidé de vendre leurs réserves par crainte d’une baisse future des cours. Cette augmentation de l’offre d’euros sur le marché, couplée à une demande légèrement en retrait, expliquerait la baisse actuelle. Il s’agit d’un phénomène classique où l’offre excédentaire pèse sur la valeur d’une monnaie, même dans un marché non régulé.
Cependant, cette analyse n’est pas universellement partagée. D’autres experts estiment que les fluctuations actuelles sont simplement dues à des dynamiques internes du marché noir, où les prix sont fortement influencés par des facteurs locaux, tels que la disponibilité immédiate des devises et les attentes des consommateurs. Dans ce contexte, toute tentative de prédire avec précision l’évolution des taux relève davantage de l’exercice spéculatif que de l’analyse rigoureuse.
Cette situation illustre les limites d’un marché parallèle qui joue un rôle central dans l’accès aux devises étrangères pour de nombreux Algériens, mais qui demeure difficile à comprendre et à anticiper. La coexistence de ce marché informel avec le système officiel complique davantage la donne. Alors que le taux de change officiel de l’euro reste largement inférieur à celui du marché noir, les voyageurs et les commerçants se retrouvent dans l’obligation de se tourner vers ce dernier pour répondre à leurs besoins, alimentant ainsi un cercle vicieux d’instabilité.
Dans les rues animées des grandes villes comme Alger, Oran ou Constantine, où les transactions en devises se déroulent à ciel ouvert malgré leur illégalité, les réactions des cambistes sont mitigées. Certains voient dans cette baisse de l’euro une opportunité pour se réapprovisionner à moindre coût, tandis que d’autres redoutent une chute prolongée qui pourrait éroder leurs marges. Pour les citoyens ordinaires, ces fluctuations impactent directement leur pouvoir d’achat, notamment pour ceux qui planifient des voyages à l’étranger ou qui importent des biens depuis l’Europe.
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