La flambée de l’euro sur le marché noir en Algérie continue d’attirer l’attention, avec un taux qui dépasse désormais les 260 dinars. Ce samedi 3 mai, dans les travées animées du célèbre Square Port-Saïd à Alger, l’euro s’échangeait à 258 dinars à l’achat et 261 dinars à la vente, confirmant une tendance haussière marquée sur le marché noir, une zone d’échange informelle où l’euro conserve une place stratégique dans les transactions non réglementées. Cette montée spectaculaire de l’euro sur le marché noir en Algérie rappelle les sommets atteints en décembre dernier, où la monnaie unique européenne avait culminé à 262 dinars, un record jamais égalé auparavant.
Depuis cette pointe historique, l’euro avait connu une période de repli, glissant jusqu’à 242 dinars au cours de la dernière quinzaine de décembre. Cependant, l’attraction persistante de l’euro sur le marché noir algérien a permis à la devise de regagner du terrain. Déjà fin mars, il s’échangeait à 253,5 dinars, enregistrant ainsi une hausse de 7,5 dinars en un mois. Cette évolution illustre le rôle central de l’euro dans les circuits informels en Algérie, où les tensions entre l’offre restreinte et la demande soutenue dictent les fluctuations.
Contrairement à l’euro, d’autres devises étrangères n’ont pas suivi la même trajectoire. Le dollar reste relativement stable, oscillant autour de 235 dinars à l’achat et 237 dinars à la vente, tandis que la Livre Sterling, plus volatile, s’échange à 296 dinars à l’achat et 301 dinars à la vente. Sur le marché officiel, encadré par la Banque d’Algérie et inaccessible aux particuliers, l’euro se situe à 149,86 dinars, bien en deçà de sa valeur sur le marché noir. Ce différentiel de plus de 110 dinars alimente largement les transactions non déclarées et confirme l’écart croissant entre le marché noir et le marché officiel.
Plusieurs éléments expliquent ce regain de vigueur de l’euro sur le marché noir algérien. Parmi eux, figure le plafonnement des montants de devises autorisés à la sortie du territoire. Depuis fin novembre, une mesure réglementaire limite à 7.500 euros par an le montant que peuvent emporter les voyageurs, qu’ils soient résidents ou non-résidents. Cette restriction, censée freiner les flux sortants de devises, a provoqué une raréfaction de l’euro disponible sur le marché noir en Algérie, contribuant ainsi à sa valorisation.
Autre facteur clé : l’allocation touristique, qui devait être revalorisée à 750 euros selon une annonce du président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2024, n’a toujours pas été appliquée. Initialement prévue pour la mi-avril 2025, cette revalorisation devait permettre aux voyageurs de se procurer davantage de devises via les canaux officiels. Son report a sans doute incité les particuliers à se tourner massivement vers le marché noir pour obtenir les euros nécessaires à leurs déplacements ou à d’autres besoins, créant une pression haussière sur la monnaie européenne.
Dans ce contexte, le marché noir de l’euro en Algérie reste extrêmement sensible aux décisions politiques et économiques, mais aussi aux attentes non satisfaites des citoyens. À Alger, nombreux sont ceux qui considèrent l’euro non seulement comme une devise d’échange, mais aussi comme une valeur refuge, notamment en période d’incertitude ou de restrictions budgétaires. L’absence d’un marché de change accessible aux particuliers renforce cette perception, maintenant une forte demande pour l’euro dans les circuits parallèles.
L’évolution future du taux de change de l’euro sur le marché noir en Algérie dépendra largement de la mise en œuvre effective des mesures annoncées par les autorités, notamment celles visant à canaliser les flux de devises vers le marché officiel. Mais tant que les écarts resteront aussi importants entre les deux marchés, l’euro conservera sa place dominante sur le marché noir en Algérie, où il continue d’exploser les plafonds et d’attirer l’attention de tous les acteurs économiques, petits ou grands.