Le marché parallèle des devises en Algérie, particulièrement celui du marché noir, est souvent le baromètre de la santé économique du pays. Ce mardi 6 janvier 2025, une nouvelle flambée de l’euro a été observée, marquant une hausse significative de sa valeur face au dinar algérien sur le marché noir. Alors qu’il s’échangeait aujourd’hui à 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, cette montée témoigne de l’instabilité continue du marché parallèle des devises en Algérie.
Le contexte économique de fin 2024 avait pourtant offert un répit temporaire. En effet, une baisse notable de l’euro avait été enregistrée en décembre, où il était passé de 262 dinars à 242 dinars entre le 8 et le 27 décembre. Cette chute de près de 20 dinars en quelques semaines avait été largement attribuée à une mesure gouvernementale : l’augmentation de l’allocation touristique, qui est passée de 100 à 750 euros par personne et par an, applicable dès janvier 2025. Cette décision avait pour but de réduire la pression sur le marché noir en augmentant l’accès officiel aux devises pour les citoyens, particulièrement en période de fêtes et de vacances.
Cette augmentation de l’allocation touristique a eu un impact immédiat sur le marché des devises. La demande pour l’euro sur le marché noir a chuté, entraînant une baisse de sa valeur face au dinar. Cette baisse n’a cependant pas duré longtemps. Dès les premiers jours de janvier 2025, l’euro a commencé à regagner du terrain.
Le 2 janvier, l’euro s’échangeait à 246 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente. Cette légère remontée a été suivie d’une nouvelle baisse le 4 janvier, où il a été coté à 241 dinars à l’achat et 244 dinars à la vente. Le 5 janvier, une nouvelle hausse a été observée, avec l’euro atteignant 242 dinars à l’achat et 245 dinars à la vente. Ce mardi 6 janvier, l’euro a explosé à 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, une hausse qui reflète la volatilité persistante du marché parallèle.
Outre l’euro, d’autres devises majeures ont également maintenu des valeurs élevées sur le marché noir. Le dollar américain, par exemple, s’échange actuellement à 235 dinars à l’achat et 238 dinars à la vente. La livre sterling, toujours reconnue pour sa stabilité, affiche des taux encore plus élevés, oscillant entre 294 dinars à l’achat et 297 dinars à la vente. Le dollar canadien, bien qu’étant une devise moins échangée, continue de susciter de l’intérêt avec un taux de 158 dinars à l’achat et 163 dinars à la vente.
Ces taux sur le marché noir contrastent fortement avec ceux publiés par la Banque d’Algérie. Pour la période du 2 au 6 janvier 2025, les taux officiels montrent une relative stabilité. L’euro s’échange officiellement à 140,93 dinars à l’achat et 140,97 dinars à la vente. Le dollar américain suit avec un taux officiel de 135,86 dinars à l’achat et 135,87 dinars à la vente. La livre sterling, pour sa part, s’affiche à 170,06 dinars à l’achat et 170,12 dinars à la vente, tandis que le dollar canadien se situe à 94,32 dinars à l’achat et 94,34 dinars à la vente.
Euro, dinar algérien : l’écart entre les taux officiels et le marché noir
La différence marquée entre les taux officiels et ceux du marché noir illustre les défis structurels auxquels est confrontée l’économie algérienne. Le marché noir continue d’exister et de prospérer en raison des restrictions sur l’accès aux devises étrangères imposées par le gouvernement. Ces restrictions, bien qu’instaurées pour contrôler la fuite des capitaux et stabiliser l’économie, ont également créé un espace pour le marché parallèle, où les citoyens et les entreprises cherchent à obtenir les devises nécessaires à des transactions internationales, à l’épargne en devises plus stables, ou pour financer des voyages à l’étranger.
L’augmentation de l’allocation touristique, bien qu’appréciée par les voyageurs, n’a visiblement pas suffi pour le moment à éliminer la demande sur le marché noir. La pression sur le dinar reste forte, alimentée par des facteurs tels que l’inflation persistante, les incertitudes économiques mondiales et les besoins croissants en devises pour diverses transactions économiques.
Les perspectives économiques et les défis à venir
La persistance du marché noir des devises est un symptôme de défis économiques plus larges. L’économie algérienne, bien qu’ayant montré des signes de reprise, continue de faire face à des problèmes structurels. Les politiques monétaires, les restrictions sur les devises et l’inflation sont autant de facteurs qui contribuent à maintenir la pression sur le dinar.
Les citoyens et les entreprises, confrontés à cette instabilité de l’euro face au dinar algérien sur le marché noir, cherchent des moyens de protéger leur épargne et de sécuriser leurs transactions. Le gouvernement, de son côté, devra continuer à équilibrer entre les besoins de stabilisation économique et la nécessité de fournir un accès plus large aux devises pour ses citoyens.
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