Le marché noir des devises en Algérie est un indicateur révélateur des défis économiques auxquels le pays est confronté. La valeur de l’euro face au dinar algérien a atteint des sommets remarquables, ce mercredi 22 janvier 2025, avec un taux de change de 253 dinars à l’achat et 255 dinars à la vente sur le marché parallèle. Cette envolée reflète l’écart croissant entre les taux officiels, fixés à environ 141 dinars pour un euro par la Banque d’Algérie, et ceux du marché informel. Cette distorsion constitue un problème économique majeur pour le pays, impactant directement les citoyens, les entreprises et l’économie dans son ensemble.
La demande croissante en devises étrangères sur le marché noir est alimentée par plusieurs facteurs, notamment les restrictions sur les devises disponibles dans les circuits bancaires officiels. Les citoyens algériens, en quête d’euros ou d’autres devises fortes pour leurs voyages, transactions commerciales ou épargne, se tournent massivement vers ce canal informel. En parallèle, la livre sterling continue de maintenir des taux élevés, atteignant 296 dinars à l’achat et 299 dinars à la vente. Quant au dollar américain, il se négocie à 245 dinars à l’achat et 247 dinars à la vente sur ce marché parallèle, ce qui illustre la volatilité persistante de la situation.
L’augmentation de l’allocation touristique, portée à 750 euros annuels depuis janvier 2025, est l’une des mesures prises par les autorités pour alléger la pression sur les citoyens. Toutefois, cette initiative reste insuffisante pour compenser l’écart important entre l’offre légale et la demande réelle. Les restrictions sur les devises emportées à l’étranger, fixées à 7 500 euros par an, visent à limiter la fuite des capitaux, mais n’ont pas permis de freiner l’expansion du marché noir. Ce dernier prospère en raison des besoins non satisfaits par les banques et des opportunités offertes par l’écart de valeur entre les deux marchés.
Le marché noir des devises est également influencé par des dynamiques externes. Les importateurs et exportateurs, contraints de s’adapter à des fluctuations de taux imprévisibles, jouent un rôle clé dans cette économie parallèle. La dévaluation du dinar algérien par rapport à des devises comme l’euro et le dollar reflète une perte de confiance dans la stabilité monétaire et économique du pays. Cette situation affecte également le pouvoir d’achat des citoyens, rendant les produits importés et les voyages à l’étranger de plus en plus coûteux.
La livre sterling, bien qu’elle ne soit pas aussi sollicitée que l’euro ou le dollar, demeure une monnaie prisée pour sa stabilité. À 299 dinars à la vente, elle illustre l’ampleur de la dépréciation du dinar algérien. De son côté, le dollar canadien, bien qu’affichant une relative stabilité, se négocie à 158 dinars à l’achat et 163 dinars à la vente, montrant une dynamique différente mais tout aussi révélatrice des tensions sur le marché des devises.
L’écart persistant entre les taux officiels et ceux du marché parallèle souligne des défis structurels au sein de l’économie algérienne. Le manque de devises dans les banques, associé à une réglementation stricte sur les transferts internationaux, pousse les acteurs économiques à opérer dans un cadre informel. Ce phénomène favorise une économie parallèle florissante qui échappe au contrôle des autorités et accentue les déséquilibres économiques.
La hausse continue de la valeur de l’euro sur le marché noir en Algérie est une conséquence directe de ces dysfonctionnements. Les efforts des autorités pour endiguer le phénomène, bien qu’encourageants, restent insuffisants face à une demande soutenue et une offre légale limitée. Le marché noir des devises illustre à la fois les difficultés économiques internes et les limites des politiques monétaires et financières en vigueur.
Ainsi, le marché noir des devises en Algérie reflète une réalité complexe qui impacte l’économie nationale et la vie quotidienne des citoyens. La flambée de la valeur de l’euro face au dinar algérien met en lumière des faiblesses structurelles que les autorités doivent adresser pour stabiliser la situation économique. Cependant, tant que l’écart entre les taux officiels et ceux du marché parallèle persistera, le marché noir continuera d’être une composante incontournable du paysage économique algérien.
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