Marché noir : nouveau bond de l’euro face au dinar algérien

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Ce dimanche 9 mars 2025, au cœur du Square Port-Saïd d’Alger, principal marché noir des devises, l’euro a atteint 251 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente. Cette augmentation soudaine attire l’attention des analystes financiers, qui tentent de cerner les mécanismes derrière cette dynamique.

Tout comme l’euro, d’autres devises majeures connaissent une hausse sur le marché noir face au dinar. Le dollar américain, souvent perçu comme une valeur refuge, a vu sa valeur augmenter, s’échangeant actuellement à 242 dinars à l’achat et 245 dinars à la vente. La livre sterling n’est pas épargnée par cette tendance haussière, s’établissant à 301 dinars à l’achat et 305 dinars à la vente. Ces variations asymétriques intriguent les observateurs et suscitent des interrogations sur les forces économiques et politiques à l’œuvre.

Le décalage entre les taux de change officiels et ceux du marché noir demeure un problème persistant en Algérie. Selon la Banque d’Algérie, l’euro s’échange actuellement à 144,43 dinars, le dollar à 134,01 dinars et la livre sterling à 172,38 dinars. L’écart entre les deux régimes de change alimente la spéculation et pousse les citoyens à privilégier le marché informel. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment les restrictions bancaires et la forte demande en devises pour les voyages, les études ou les transactions commerciales.

L’histoire de ces taux de change de l’euro face au dinar sur le marché noir des devises en Algérie n’est pas récente. Depuis des décennies, il prospère en raison des restrictions imposées sur l’accès aux devises étrangères via les circuits bancaires officiels. Pour contourner ces limitations, de nombreux Algériens se tournent vers des marchés parallèles, où les taux sont plus avantageux. Toutefois, cette alternative présente des risques, notamment en matière de sécurité, d’authenticité des billets échangés et de potentielles fluctuations brutales des taux.

L’euro devrait baisser sur le marché noir des devises

Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a annoncé le 20 février 2025 une mesure qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du marché noir des devises en Algérie. Dès après l’Aïd El-Fitr, une nouvelle allocation touristique de 750 euros sera accessible aux voyageurs algériens, une décision qui vise à faciliter l’obtention de devises tout en régulant leur distribution. Cette réforme, attendue depuis des mois, pourrait redéfinir la dynamique entre le marché officiel et le marché parallèle.

La mise en place de cette allocation a fait l’objet de longues discussions au sein de l’exécutif. Le 10 février dernier, une réunion présidée par Abdelmadjid Tebboune en présence de hauts responsables du ministère des Finances, de la Banque d’Algérie et de la direction générale des douanes a permis de finaliser les modalités d’application. L’enjeu principal : garantir une distribution fluide et éviter toute forme de détournement, une problématique ayant souvent plombé les précédents dispositifs.

Lors de son allocution devant l’Assemblée populaire nationale, Abdelkrim Bouzred a précisé que la mise en œuvre de cette allocation interviendrait avant la fin du Ramadan ou immédiatement après l’Aïd El-Fitr. En clair, les Algériens prévoyant un voyage à l’étranger entre fin mars et début avril 2025 pourront en bénéficier, sous réserve de remplir certaines conditions strictes. Contrairement aux allocations précédentes, où des failles permettaient des abus, cette nouvelle formule exige une procédure rigoureuse.

Les bénéficiaires devront se rendre dans une succursale de la Banque d’Algérie de leur wilaya avec leur passeport en cours de validité, un billet d’avion ou de bateau confirmé, une assurance voyage et l’équivalent en dinars du montant de l’allocation. Après vérification, un récépissé sera remis et devra être présenté à l’aéroport ou au port avant l’embarquement afin de retirer les 750 euros. Une procédure qui vise à garantir que seuls les voyageurs effectuant réellement un déplacement à l’étranger puissent en profiter.

L’objectif affiché du gouvernement est double : faciliter l’accès aux devises pour les voyageurs tout en limitant l’attrait du marché noir. En réduisant la dépendance des citoyens aux cambistes informels, les autorités espèrent également atténuer la spéculation qui fait grimper les taux de change parallèles. Actuellement, l’euro oscille autour de 254 dinars à la vente sur le marché noir, un écart significatif par rapport au taux officiel de la Banque d’Algérie fixé à 144,43 dinars.

Pour accompagner cette réforme, la Banque d’Algérie a mis en place des bureaux de change dans les principales infrastructures de transport du pays. Les premiers points de retrait ont été installés à l’aéroport et au port d’Alger, et d’autres devraient suivre dans les grandes villes. Ces bureaux auront pour mission exclusive de distribuer l’allocation touristique et ne proposeront pas de vente libre de devises. Une mesure qui vise à éviter des ruées et des files d’attente interminables, un risque bien réel face à une demande massive attendue dès l’entrée en vigueur du dispositif.

Cependant, malgré ces efforts de régulation, des zones d’ombre persistent quant à la faisabilité de cette réforme. De nombreux voyageurs s’interrogent sur la capacité des bureaux de change à répondre à l’afflux de demandes et craignent des retards administratifs. D’autres pointent du doigt le flou entourant l’accès à cette allocation pour les voyageurs empruntant des itinéraires terrestres. Autant de préoccupations que le gouvernement devra rapidement clarifier pour garantir le succès de cette mesure.

Conscient des défis à venir, l’exécutif s’engage à suivre de près la mise en œuvre de cette réforme et à ajuster les modalités en fonction des réalités du terrain. Si l’efficacité de cette initiative reste à démontrer, elle marque en tout cas une volonté affirmée des autorités de structurer et d’encadrer le marché des changes en Algérie. Une tentative de rééquilibrage qui pourrait bien modifier en profondeur les habitudes des Algériens en matière d’acquisition de devises.

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