Alors que de nombreux observateurs anticipaient une stabilisation, voire une poursuite de la baisse de l’euro sur le marché noir en Algérie, les dernières fluctuations enregistrées ces dernières 48 heures viennent bousculer les prévisions. La montée inattendue de l’euro face au dinar algérien, en plein cœur de la période estivale et alors que la nouvelle allocation touristique de 750 euros vient tout juste d’être mise en œuvre, surprend les acteurs du marché noir tout autant que les particuliers. Depuis mardi, les cambistes ont observé un frémissement haussier, confirmé ce mercredi 23 juillet 2025, par une nouvelle poussée du cours de l’euro.
À Alger, mais aussi à Oran, Constantine ou Annaba, les transactions informelles dans les points de change du marché noir révèlent une tendance inhabituelle. L’euro se négocie à 257 dinars à l’achat et à 260 dinars à la vente. Cette remontée de l’euro sur le marché noir contraste avec les annonces officielles faites récemment, notamment celles liées à la distribution effective de l’allocation touristique. Cette situation a pour effet de renforcer l’intérêt des spéculateurs et de bousculer les équilibres. Sur le marché noir, l’euro devient un indicateur central de tension monétaire, traduisant un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande face au dinar algérien.
Les effets immédiats de la reprise de la valeur de l’euro face au dinar algérien sur le marché noir s’observent aussi dans l’attitude des voyageurs, nombreux à fréquenter les guichets de la Banque d’Algérie pour retirer l’allocation de 750 euros. Alors que cette mesure aurait pu, selon certaines prévisions, contenir les tensions du marché noir, c’est l’effet inverse qui semble prévaloir. En parallèle de l’euro, le dollar américain s’échange à 222 dinars à l’achat et 225 dinars à la vente, tandis que la livre sterling culmine à 299 dinars à l’achat et 305 dinars à la vente.
Officiellement, la Banque d’Algérie maintient des taux bien inférieurs : l’euro est fixé à 152.07 dinars sur le marché interbancaire officiel, inaccessible aux particuliers, tandis que le dollar s’établit à 130.01 dinars. L’écart significatif entre les cours du marché noir et ceux du système officiel alimente un flux continu vers les circuits informels, où l’euro reste, avec le dinar algérien, le principal protagoniste des échanges. Cette disparité souligne la force du marché noir, encore dominant dans la réalité économique quotidienne de nombreux Algériens qui cherchent à sécuriser leurs devises en marge du circuit réglementaire.
Le retour à la hausse de l’euro face au dinar algérien sur le marché noir intervient au moment même où les points de change officiels délivrent pour la première fois le montant de l’allocation touristique, prévue pour atténuer la demande parallèle. Ce décalage, visible à travers les différences de taux, confirme une nouvelle fois que la mise en place d’un dispositif, même national et structuré, ne suffit pas à effacer la puissance du marché noir où l’euro, comme le dinar algérien, circulent selon une logique propre, façonnée par la demande réelle et les dynamiques d’anticipation.
La réaction rapide des cambistes, qui ajustent les prix selon l’appétit des voyageurs et les tensions sur la disponibilité des devises, montre que le marché noir de l’euro face au dinar algérien reste extrêmement sensible aux signaux du terrain. L’allocation touristique, bien qu’utile, ne couvre pas l’intégralité des besoins exprimés par ceux qui voyagent, étudient ou soignent des proches à l’étranger, ce qui continue d’alimenter l’écosystème informel. Ce 23 juillet, la deuxième journée consécutive de hausse de l’euro sur le marché noir rappelle une réalité persistante : tant que les canaux officiels ne parviennent pas à répondre pleinement à la demande, le marché parallèle continuera de régner, structurant à sa manière l’équilibre entre l’euro, le dinar algérien et les autres devises dans l’économie souterraine.