Marion Maréchal (Le Pen) attaque l’Algérie en utilisant Kamel Daoud

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Le 5 novembre 2024, une publication de Marion Maréchal, figure du Rassemblement National et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, a fait couler beaucoup d’encre. En effet, sur le réseau social X (anciennement Twitter), elle a tenu à féliciter Kamel Daoud, écrivain et journaliste algérien, pour avoir reçu un prix Goncourt, une distinction majeure dans le monde littéraire. Dans son message, Maréchal n’a pas seulement salué la qualité littéraire de l’auteur, mais a aussi souligné son courage, tout en évoquant des avertissements qu’elle considère comme « lucides ». Ce message, en apparence simple félicitation, a néanmoins ravivé des débats concernant les relations complexes entre la France et l’Algérie.

Marion Maréchal a écrit : « Félicitations à Kamel Daoud pour ce prix Goncourt qui récompense autant l’expression française que le courage du sonneur de tocsin. Puissent ses avertissements lucides être désormais écoutés de tous. » Dans ces quelques lignes, Maréchal n’a pas seulement salué le talent de l’écrivain, mais a aussi pris un soin particulier à rappeler ses prises de position qui critiquent ouvertement la situation en Algérie. Le terme « sonneur de tocsin » dans son message fait référence à une alerte lancée face à des dangers imminents.

La félicitation, d’abord perçue comme un geste culturel, a rapidement été interprétée comme un soutien indirect aux positions politiques de Daoud. Ce dernier est connu pour ses critiques acerbes à l’Algérie, mais aussi pour sa prise de position en faveur d’une liberté d’expression plus large et d’un renouveau de la pensée critique dans le pays. Dans ses œuvres, comme Meursault, contre-enquête et L’Ange du chaos, Daoud ne cache pas ses réticences envers les régimes autoritaires et les tensions qui existent entre la France et son ancienne colonie. Son livre est une réécriture du célèbre L’Étranger de Camus, où il met en lumière les contradictions de la société algérienne contemporaine. Mais cette position n’est pas sans conséquences : l’écrivain a souvent été critiqué, voire attaqué par les autorités algériennes, pour son franc-parler.

La félicitation de Marion Maréchal a donc une résonance particulière, car elle s’inscrit dans un contexte où les relations entre la France et l’Algérie sont tendues. Ces dernières années, les divergences entre les deux pays se sont accentuées, notamment en raison de la question de la mémoire coloniale, des accusations de néocolonialisme et des revendications algériennes sur des sujets sensibles. Kamel Daoud, par ses écrits, s’est souvent positionné contre un certain nationalisme algérien, allant parfois jusqu’à critiquer l’idéologie officielle du gouvernement algérien. Ses propos ont souvent été interprétés comme une mise en cause du régime en place, ce qui lui a valu d’être perçu comme une figure controversée dans son propre pays.

Dans son message, Marion Maréchal semble célébrer ce côté « dissident » de l’écrivain algérien, et le présente comme une voix courageuse qui brise le silence face à un pouvoir autoritaire. De son côté, Daoud ne cache pas ses relations tendues avec l’État algérien, qu’il décrit souvent comme un système incapable d’évoluer vers plus de liberté et de démocratie. Pour Maréchal, il semble que ce courage de Daoud mérite une reconnaissance à l’échelle internationale, et ce, malgré les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Il s’agit là d’une alliance symbolique entre une figure de la droite extrême française et un écrivain algérien critique à l’égard du pouvoir algérien.

Cependant, cette prise de position ne manque pas de susciter des réactions. De nombreux internautes, particulièrement ceux issus de la communauté algérienne, ont exprimé leur désapprobation envers Maréchal, soulignant que ses félicitations étaient perçues comme une tentative de rallier un intellectuel algérien à une cause qui, selon eux, est avant tout politique et idéologique. Pour ces derniers, Marion Maréchal, déjà perçue comme une personnalité hostile à l’Algérie en raison de ses déclarations passées, cherche à utiliser Daoud pour défendre ses propres positions.

En Algérie, les réactions ont été partagées. Si certains intellectuels voient en Daoud un symbole de liberté d’expression et de résistance à l’autoritarisme, d’autres estiment qu’il est instrumentalisé par des forces extérieures qui n’ont pas à interférer dans les affaires internes du pays. Le prix Goncourt qu’il a récemment remporté, récompensant son courage littéraire, soulève donc des questions sur le rôle des écrivains dans les luttes politiques, mais aussi sur la manière dont ces figures sont utilisées à des fins idéologiques.

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