Medlink : feu vert de l’Union européenne pour la coopération avec l’Algérie

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Bruxelles vient d’officialiser l’intégration du projet Medlink dans la liste restreinte des infrastructures énergétiques prioritaires au sein de l’Union européenne. Ce feu vert intervient dans un contexte de mutation énergétique accélérée, où la transition vers des sources renouvelables devient une urgence stratégique pour les deux rives de la Méditerranée. Le projet Medlink, qui consiste en une interconnexion électrique sous-marine entre l’Algérie et l’Italie via la Tunisie, figure désormais parmi les treize projets transfrontaliers soutenus par l’UE dans le domaine des énergies vertes. Il s’agit d’un câble à haute tension d’une capacité de 2 000 mégawatts destiné à acheminer l’électricité verte produite sur le sol algérien vers le continent européen. La structure technique du projet Medlink s’inscrit dans une ambition bien plus large, celle de créer un corridor énergétique durable reliant l’Afrique du Nord à l’Europe.

L’idée avait été dévoilée pour la première fois en mai 2022, à Rome, lors d’une visite d’État du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Il y avait alors évoqué, aux côtés de son homologue italien, la volonté de positionner l’Algérie comme un fournisseur énergétique fiable, capable d’exporter de l’électricité verte par câble sous-marin vers l’Europe. Depuis, l’initiative s’est structurée autour d’un partenariat technique et diplomatique inédit. Medlink s’insère dans un programme de développement énergétique plus vaste visant à produire environ dix gigawatts d’énergie solaire, d’éolien terrestre et de solutions de stockage par batteries, en Algérie et en Tunisie. Cette production aura un double objectif : répondre aux besoins locaux en électricité et contribuer à l’alimentation du marché italien.

Sur le plan économique, les retombées attendues pour l’Algérie sont significatives. Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a avancé une capacité d’exportation estimée à 28 térawattheures par an. Ce volume représente environ 8 % de la consommation annuelle d’électricité en Italie. À l’échelle régionale, il dépasse même celle de plusieurs pays africains réunis. Selon les estimations, si ces exportations sont valorisées au prix du marché européen actuel, les recettes annuelles brutes pour Alger pourraient s’élever entre 1,5 et 2 milliards d’euros. Ce chiffre, bien qu’indicatif, donne un aperçu du potentiel économique réel que représente Medlink pour l’économie algérienne. Il faudra toutefois soustraire les coûts liés à l’exploitation, à la maintenance, ainsi qu’aux participations des partenaires impliqués.

Le soutien européen est désormais formel. Medlink figure sur la plateforme Global Gateway de la Commission européenne, qui décrit ce projet comme un instrument clé pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 8 millions de tonnes de CO₂ par an. Ce résultat serait obtenu grâce à la substitution partielle de l’électricité fossile européenne par une électricité verte maghrébine. Le financement du projet est porté côté européen par la société italienne Zhero, en partenariat avec des investisseurs privés et avec l’appui affiché de plusieurs autorités publiques italiennes. Le coût total de l’infrastructure est estimé à 5 milliards d’euros, selon les données publiées par HVDC World. Un premier financement de 100 millions d’euros a déjà été réuni, ouvrant la voie à la phase de mise en œuvre.

Pour l’Algérie, Medlink représente bien plus qu’un simple projet d’exportation énergétique. Il s’inscrit dans une stratégie de montée en puissance des capacités de production nationale en énergies renouvelables. Le plan gouvernemental prévoit l’installation de 15 000 mégawatts de solaire photovoltaïque à l’horizon 2035. À ce jour, plus de 3 200 mégawatts sont déjà en cours de développement. Ce chantier mobilise des compétences locales, génère de l’emploi et implique la mise en place d’un écosystème industriel autour de l’énergie propre. D’après les estimations de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), chaque gigawatt d’énergie renouvelable créé peut générer jusqu’à 10 000 emplois directs et indirects pendant les phases de construction et d’exploitation. Extrapolé aux dix gigawatts envisagés, cela représente une opportunité de créer près de 100 000 emplois cumulés.

Le projet Medlink, en plus de ses effets économiques, pourrait également transformer la place de l’Algérie sur la scène géopolitique énergétique. En se connectant au réseau électrique européen ENTSO-E, Alger entrerait de manière structurelle dans l’architecture énergétique continentale. Cette intégration faciliterait les échanges commerciaux d’électricité avec les principaux marchés européens comme EPEX SPOT, Nord Pool ou APX Group. Elle favoriserait aussi une meilleure synchronisation des flux, renforçant la stabilité du réseau régional.

Enfin, Medlink permet à l’Algérie d’émerger comme un acteur stratégique de la transition énergétique européenne, au même titre que les pays engagés dans le South H2 Corridor. La coopération énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne prend ainsi une nouvelle dimension, fondée sur la complémentarité, la durabilité et la vision commune d’un avenir bas carbone partagé. Le câble sous-marin, au-delà de son rôle technique, symbolise une passerelle énergétique entre continents, dans laquelle Medlink incarne à la fois l’ambition, la résilience et l’avenir.