Dans un contexte marqué par l’urgence climatique et la transition énergétique mondiale, l’Algérie et l’Italie ont franchi une étape décisive pour renforcer leur partenariat stratégique dans le domaine des énergies renouvelables. Lors d’une rencontre de haut niveau tenue à Rome, en marge de la première réunion ministérielle consacrée au projet SoutH2 Corridor, le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, et Alessandra Pasini, PDG de la société italienne Zhero, ont réaffirmé leur engagement à concrétiser des projets ambitieux comme Medlink, une ligne d’interconnexion électrique sous-marine qui pourrait transformer les relations énergétiques entre les deux rives de la Méditerranée.
Le projet Medlink est une initiative phare visant à relier l’Algérie à l’Italie via une infrastructure électrique sous-marine à haute tension d’une capacité de 2000 mégawatts. Il permettra de transporter l’électricité produite par les installations solaires et éoliennes algériennes vers l’Europe, répondant ainsi aux ambitions de l’Union européenne en matière de transition énergétique et de décarbonation. Ce projet s’inscrit dans une dynamique régionale plus large qui vise à accélérer l’intégration des marchés énergétiques méditerranéens tout en exploitant le potentiel colossal des énergies renouvelables disponibles en Afrique du Nord.
Lors de cette réunion, Mohamed Arkab a souligné que l’Algérie dispose d’une infrastructure robuste et d’un potentiel naturel considérable, des atouts qui positionnent le pays comme un acteur majeur dans le domaine énergétique régional. Il a affirmé que ce partenariat stratégique renforcera non seulement la sécurité énergétique des deux pays, mais également leur capacité à répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le ministre a également rappelé les avancées significatives du programme national algérien des énergies renouvelables, qui vise une production de 15 000 mégawatts d’énergie solaire photovoltaïque d’ici 2035. La première phase de ce plan, comprenant l’installation de 3200 mégawatts, est déjà en cours sous la supervision de Sonelgaz.
De son côté, Alessandra Pasini a mis en avant l’importance stratégique du projet Medlink, soulignant son rôle clé dans l’établissement d’interconnexions énergétiques entre l’Algérie et l’Italie. Elle a également partagé la vision de son entreprise pour le développement des infrastructures d’énergies renouvelables en Algérie, en s’appuyant sur des technologies innovantes pour maximiser leur efficacité et leur durabilité. Selon elle, ce projet représente un modèle de collaboration qui pourrait être reproduit ailleurs dans la région.
Le projet Medlink ne se limite pas à la simple transmission d’électricité. Il englobe l’installation de 10 gigawatts de capacités combinées en énergies éoliennes, solaires et en stockage par batteries en Algérie et en Tunisie. Ces installations permettront d’exporter environ 28 térawattheures d’électricité renouvelable chaque année vers le nord de l’Italie, notamment la Toscane et la Ligurie. Cette énergie propre couvrirait près de 8 % des besoins en électricité de l’Italie, contribuant ainsi de manière significative à la réduction de ses émissions de carbone. En parallèle, ce projet s’intègre dans le cadre de la MedRing, une boucle électrique méditerranéenne visant à interconnecter les réseaux électriques des pays de la région.
L’Algérie n’est pas seule dans cette démarche. En juin dernier, des discussions ont eu lieu entre Sonelgaz et des responsables tunisiens et libyens en vue de renforcer les interconnexions électriques régionales. Ce dialogue témoigne d’une volonté collective de bâtir un réseau énergétique intégré en Afrique du Nord, qui pourrait également profiter à l’Europe. En outre, le partenariat avec Terna, l’un des plus grands opérateurs de transport d’électricité en Europe, illustre l’engagement des acteurs européens à soutenir ce projet stratégique.
Au-delà de son aspect technique, Medlink offre des opportunités économiques majeures pour l’Algérie. En intégrant le réseau européen interconnecté ENTSO-E, le pays pourrait accéder à des plateformes d’échange d’électricité à grande échelle, telles qu’EPEX SPOT ou Nord Pool. Cette ouverture aux marchés européens renforcera la compétitivité du secteur énergétique algérien tout en attirant davantage d’investissements étrangers. Par ailleurs, cette interconnexion améliorerait la flexibilité et la résilience du réseau électrique algérien, notamment en période de forte demande ou en cas d’incidents techniques.
Avec un démarrage des opérations prévu pour 2030, le projet Medlink pourrait devenir une pierre angulaire de la transition énergétique en Méditerranée. Il consolidera le rôle de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergies propres tout en répondant aux besoins croissants de l’Europe en matière d’électricité décarbonée. Ce partenariat s’inscrit dans une vision plus large de coopération entre les deux rives, visant à bâtir un avenir énergétique durable et interconnecté.
Pour Mohamed Arkab, ce projet symbolise la détermination de l’Algérie à s’imposer comme un hub énergétique régional et à jouer un rôle actif dans les grands enjeux climatiques mondiaux. De son côté, l’Italie voit dans cette coopération une opportunité stratégique pour renforcer sa sécurité énergétique et diversifier ses approvisionnements. Ce projet est donc bien plus qu’une simple infrastructure : il incarne une vision partagée d’un avenir où la durabilité et la coopération internationale sont au cœur des priorités.
Avec des discussions avancées entre les différents acteurs impliqués et un soutien politique fort, Medlink pourrait bien redéfinir les relations énergétiques en Méditerranée. Ce projet s’inscrit non seulement dans une logique de transition énergétique, mais aussi dans une dynamique de rapprochement entre l’Europe et l’Afrique du Nord, unissant leurs forces pour relever les défis environnementaux et économiques du XXIe siècle.
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