Nouvelle allocation touristique à 750 euros : « c’est un montant très élevé »

Algériens de France incident Nouvelle allocation touristique à 750 euros

L’augmentation de l’allocation touristique en Algérie suscite de nombreuses réactions, notamment chez les responsables et les experts en économie. Depuis l’annonce de cette mesure par la présidence de la République, les discussions vont bon train sur son impact, tant pour les citoyens que pour l’économie nationale. Avec une allocation portée à 750 euros par an et par adulte, contre seulement 100 euros auparavant, le changement est significatif et pose des questions sur la mise en place du dispositif ainsi que ses répercussions financières et logistiques.

Le député Abdelkader Beriche, s’exprimant dans un entretien accordé au journal Echourouk, a apporté des précisions sur les modalités de mise en application de cette mesure. Il a expliqué que « l’octroi de cette nouvelle allocation touristique se fera avec une instruction de la Banque d’Algérie qui va définir les modalités et les conditions d’application de la décision du président de la République ». Selon lui, « cette instruction va définir les conditions strictes pour l’octroi de l’allocation touristique pour qu’elle ne devienne pas un élément de spéculation ».

Ce député a également souligné le coût que représente cette mesure pour l’État algérien. Selon ses estimations, l’allocation touristique révisée pourrait engendrer une dépense annuelle oscillant entre « 5 et 7 milliards de dollars ». Un chiffre qu’il juge considérable et qui justifie, selon lui, la nécessité d’un encadrement strict. « C’est un montant très élevé », a-t-il affirmé. Ce montant repose sur le nombre de citoyens susceptibles de bénéficier de cette allocation et sur l’impact que cela pourrait avoir sur les réserves de change du pays.

Parallèlement, l’ouverture de nouveaux bureaux de change est un des volets essentiels de cette réforme. Toujours selon Abdelkader Beriche, « il est impératif d’installer un plus grand nombre de bureaux de change, en particulier au sein des zones frontalières et dans les grandes villes ». Actuellement, le marché parallèle de la devise domine largement les transactions en devises, et cette situation pourrait compromettre les efforts visant à réglementer l’allocation touristique. « L’ouverture de bureaux de change officiels permettrait d’offrir une alternative plus fiable aux citoyens et d’atténuer les risques liés à l’informalité », a-t-il ajouté.

Dans cette perspective, l’aéroport d’Alger a annoncé, le 2 février 2025, une initiative visant à faciliter l’accès à cette allocation. La Société de Gestion des Services et Infrastructures Aéroportuaires d’Alger (SGSIA) a publié un communiqué confirmant l’ouverture imminente des bureaux de change de la Banque d’Algérie directement dans l’aéroport. « La Société de Gestion des Services et Infrastructures Aéroportuaires d’Alger annonce à ses chers voyageurs l’ouverture prochaine des bureaux de change de la Banque d’Algérie, qui auront pour mission de délivrer l’allocation touristique pour les citoyens algériens souhaitant voyager à l’étranger, situés au niveau de la salle d’embarquement du Terminal Ouest – zone réservée – et la salle d’embarquement du Terminal 1 – Hall 2 », précise le communiqué.

Cette annonce marque une avancée importante dans l’amélioration des services fournis aux voyageurs algériens. Jusqu’à présent, l’accès à l’allocation touristique était limité par des démarches complexes, et de nombreux citoyens se plaignaient de la difficulté à obtenir cette somme dans un cadre légal. En installant ces points de distribution directement dans l’aéroport, les autorités espèrent fluidifier le processus et éviter les désagréments liés aux longues attentes ou aux complications administratives.

L’ouverture de ces bureaux de change à l’aéroport répond également à une demande croissante des voyageurs algériens, qui souhaitent bénéficier de leur allocation de manière plus rapide et plus efficace. En effet, avec l’augmentation de cette somme à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs, il est primordial que les modalités d’accès soient simplifiées pour éviter tout blocage ou confusion. L’aéroport d’Alger, qui est le principal hub de transport international du pays, constitue un emplacement stratégique pour la mise en œuvre de cette réforme.

Toutefois, plusieurs questions restent en suspens concernant l’application effective de cette mesure. Tout d’abord, les critères précis d’éligibilité n’ont pas encore été dévoilés dans leur intégralité. Les autorités devront clarifier quels documents seront exigés pour bénéficier de cette allocation : passeport en cours de validité, billet d’avion, preuve de séjour à l’étranger… Il est probable que la Banque d’Algérie impose des conditions strictes afin d’éviter toute dérive ou abus du système.

Un autre point concerne la disponibilité des devises. Avec une demande potentiellement plus élevée que par le passé, il sera essentiel que les bureaux de change disposent des liquidités suffisantes pour répondre aux besoins des voyageurs. Une mauvaise gestion de l’approvisionnement en devises pourrait entraîner des tensions et des frustrations parmi les bénéficiaires.

D’un point de vue macroéconomique, l’impact de cette allocation sur les réserves de change du pays sera scruté de près. L’Algérie, dont l’économie repose encore largement sur les revenus des hydrocarbures, doit gérer ses ressources en devises avec précaution. Une allocation touristique généreuse peut certes soulager les citoyens et encourager les voyages, mais elle représente également une sortie de devises qui pourrait peser sur les équilibres financiers du pays.

D’autres voix appellent à une réforme plus large du système de change en Algérie. L’ouverture de bureaux de change est une première étape, mais certains économistes estiment qu’« il serait judicieux d’aller plus loin en libéralisant partiellement le marché des changes afin de réduire l’influence du marché noir ». Actuellement, l’écart entre le taux de change officiel et le taux pratiqué sur le marché parallèle reste considérable, ce qui pousse de nombreux citoyens à se tourner vers des circuits informels.

À l’approche de la mise en œuvre de cette mesure, les autorités devront également évaluer l’évolution de la demande et ajuster leurs politiques en conséquence. Il n’est pas exclu que des ajustements soient apportés au fil du temps, notamment en fonction des retours des bénéficiaires et des observations des experts économiques.

En attendant, les voyageurs algériens peuvent se préparer à cette nouveauté en se tenant informés des modalités précises qui seront fixées par la Banque d’Algérie. Pour nombre d’entre eux, cette augmentation de l’allocation touristique représente une opportunité d’améliorer leurs conditions de voyage à l’étranger, à condition que le dispositif soit mis en place de manière fluide et sans entraves administratives.

L’avenir dira si cette mesure atteindra pleinement ses objectifs et si elle contribuera à la modernisation du système de change en Algérie. Quoi qu’il en soit, son impact sera suivi de près par les observateurs économiques et les citoyens, qui attendent de voir comment cette réforme s’inscrit dans la gestion globale des finances publiques et des réserves de change du pays.

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