Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a récemment fait des déclarations percutantes sur la relation entre la France et l’Algérie. Invité de l’émission « La Grande Interview Europe 1-CNews », il a vivement critiqué la politique du gouvernement français face à ce qu’il considère comme des « injures et provocations » répétées de la part du régime algérien. Son discours, tranchant et sans concession, a remis sur la table la question des visas accordés aux ressortissants algériens et la gestion des obligations de quitter le territoire français (OQTF).
L’eurodéputé a notamment rappelé que l’Algérie refuse systématiquement de récupérer certains de ses ressortissants sous le coup d’une OQTF. Face à cette situation, il préconise une politique radicale qu’il qualifie de « politique du zéro visa ». Selon lui, si l’Algérie persiste à ne pas coopérer, la France ne devrait plus délivrer aucun visa à ses citoyens. Il fait écho à une mesure déjà appliquée par Donald Trump à l’égard de la Colombie pour des raisons similaires.
Au-delà de cette approche, Jordan Bardella a aussi fustigé la politique d’Emmanuel Macron envers l’Algérie. Il a rappelé que, lors de sa campagne électorale en 2017, le président français s’était rendu à Alger et avait déclaré que la colonisation était un « crime contre l’humanité ». Une prise de position qui, selon Bardella, a affaibli la posture diplomatique française et renforcé l’assurance du régime algérien. Il a également critiqué Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, pour avoir rendu hommage aux figures du Front de Libération Nationale (FLN), certaines impliquées dans des actes de violence contre la France durant la guerre d’Algérie.
Dans ce contexte, la question de l’indépendance résonne différemment dans le discours du leader du Rassemblement national. « Nous avons donné à l’Algérie son indépendance. Il faut maintenant que le régime algérien nous donne la nôtre », a-t-il affirmé, insinuant que la France, bien qu’ayant tourné la page de la colonisation, resterait sous l’influence politique et diplomatique de l’Algérie sur certains dossiers sensibles.
Ces propos s’inscrivent dans un climat de tensions récurrentes entre Paris et Alger. Régulièrement, des désaccords émergent sur des questions migratoires, commerciales ou mémorielles. Les relations entre les deux pays sont marquées par des phases d’apaisement et de crispation, oscillant entre coopération économique et désaccords diplomatiques.
En réalité, le débat autour des OQTF est plus large que la seule question algérienne. Le refus de certains pays de récupérer leurs ressortissants sous le coup d’une expulsion complique la gestion migratoire française. L’Algérie n’est pas le seul pays concerné, mais elle occupe une place particulière en raison de l’histoire commune et du volume de la communauté algérienne résidant en France.
Sur le plan politique, les déclarations de Jordan Bardella s’inscrivent dans une stratégie visant à durcir le discours sur l’immigration et à se positionner comme une alternative forte face à Emmanuel Macron et à la majorité actuelle. En adoptant une posture tranchée sur les questions diplomatiques et migratoires, il cherche à capter l’électorat en quête de fermeté sur ces thèmes.
Les réactions à ces déclarations ne se sont pas fait attendre. Du côté de l’exécutif, certains responsables estiment que la proposition du « zéro visa » est difficilement applicable sans nuire aux relations bilatérales. D’autres voix politiques critiquent une approche jugée trop radicale, qui pourrait impacter non seulement les échanges diplomatiques mais aussi les relations économiques entre la France et l’Algérie.
De son côté, l’Algérie n’a pas réagi officiellement aux propos de Bardella, mais cette sortie pourrait raviver certaines tensions déjà présentes. Dans un passé récent, plusieurs contentieux ont opposé les deux pays, notamment sur la question des visas, de la mémoire coloniale et de la présence de figures politiques algériennes en France.
La question des visas et des OQTF reste un enjeu central du débat politique français, et les prochaines étapes dépendront des choix stratégiques du gouvernement et des rapports de force au sein du paysage politique. Alors que l’échéance des prochaines élections se rapproche, il est probable que ce sujet continue d’alimenter les discussions et les confrontations entre différentes sensibilités politiques. Dans ce jeu d’équilibre complexe, la relation entre la France et l’Algérie reste une question sensible, où diplomatie et politique intérieure s’entremêlent en permanence.
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