« On ne peut pas (…) les Algériens comme des colis » : Retailleau recadré

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Le débat autour des expulsions d’Algériens sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) prend une nouvelle tournure avec la déclaration tranchante d’Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de France. Réagissant aux propos du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui ne cesse de faire pression sur Alger pour qu’elle accepte le retour des ressortissants algériens sous OQTF, Yagoubi a tenu à remettre les choses au clair : « On ne peut pas renvoyer des gens comme des colis ».

Ce rappel à l’ordre souligne une réalité juridique indiscutable : la souveraineté de chaque pays en matière législative et territoriale. « Je tiens à répondre à Monsieur Retailleau et lui dire qu’il y a la territorialité de la loi. La loi française s’applique en France et la loi algérienne s’applique en Algérie. L’Algérie est un pays indépendant maintenant », a-t-il martelé, soulignant ainsi le caractère inacceptable des injonctions françaises sur un État souverain.

Depuis plusieurs mois, la tension entre Paris et Alger autour de la question migratoire ne cesse de monter. Le gouvernement français reproche aux autorités algériennes de ralentir, voire d’empêcher, l’application des décisions d’expulsion, ce qui a conduit Retailleau à envisager des mesures de rétorsion contre l’Algérie et les Algériens. Mais cette posture ne fait pas l’unanimité au sein de l’exécutif français. « Heureusement qu’Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot ont une approche plus mesurée que le ministre de l’Intérieur », a souligné Abdelouahab Yagoubi.

Ces propos traduisent un malaise grandissant autour de la gestion des relations franco-algériennes. Alors que Macron tente d’apaiser les tensions et de préserver un dialogue constructif avec Alger, le ton martial adopté par Retailleau à l’égard des Algériens risque d’envenimer davantage la situation. Yagoubi insiste sur la nécessité de sortir de cette logique d’affrontement stérile : « Il faut qu’on évite la provocation que l’on vit tous les jours avec Bruno Retailleau ». Une déclaration qui reflète le sentiment de lassitude face aux polémiques incessantes qui rythment la relation entre les deux pays.

Ce dossier est particulièrement sensible dans un contexte où la coopération franco-algérienne reste essentielle sur de nombreux sujets, qu’il s’agisse de la gestion des flux migratoires, de la lutte contre le terrorisme ou encore des échanges économiques. Or, les déclarations à l’emporte-pièce du ministre de l’Intérieur français compliquent cette dynamique et risquent de nourrir une crise diplomatique aux répercussions imprévisibles.

En Algérie, cette pression exercée par Paris est perçue comme une ingérence et une remise en cause de sa souveraineté. Le gouvernement algérien, qui se montre inflexible sur cette question, rappelle régulièrement que chaque dossier doit être traité dans le respect des accords bilatéraux et des procédures en vigueur. Alger refuse ainsi de céder à ce qu’elle considère comme un diktat français, préférant négocier les termes de ces retours au cas par cas.

La question des expulsions de ressortissants algériens n’est pas nouvelle, mais elle s’inscrit aujourd’hui dans un climat politique marqué par une montée des discours sécuritaires en France. Retailleau, en adoptant une ligne dure, cherche clairement à afficher une fermeté qui résonne auprès d’une partie de l’électorat français. Cependant, cette approche pourrait s’avérer contre-productive, en mettant en péril des années d’efforts diplomatiques entre Paris et Alger.

Face à cette situation, la voix d’Abdelouahab Yagoubi vient rappeler que la relation entre les deux pays ne peut se réduire à une simple confrontation sur le dossier migratoire. Il exhorte à un dialogue plus constructif et respectueux, loin des polémiques et des menaces. Dans un monde de plus en plus polarisé, la gestion des relations internationales exige de la diplomatie, de la nuance et surtout du respect mutuel, des principes qui semblent aujourd’hui mis à rude épreuve dans ce dossier brûlant.

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