« On trouvera un chemin » : Macron envoie un message surprenant à l’Algérie

Macron Algérie

Lors du salon de l’Agriculture, événement incontournable qui se déroule du 22 février au 2 mars 2025 à Paris Porte de Versailles, une scène inattendue a eu lieu entre un jeune ressortissant algérien et le président français Emmanuel Macron. Ce dernier, interpellé par la question du jeune homme au sujet des tensions actuelles entre la France et l’Algérie, a réagi par une déclaration surprenante et pleine de pragmatisme : « Je suis confiant, on trouvera un chemin ». Un message qui pourrait apaiser les inquiétudes et ouvrir de nouvelles perspectives dans les relations entre les deux pays. La vidéo de l’échange entre le jeune algérien et Macron au sujet de l’Algérie, transmise à la rédaction de DNAlgérie, souligne la volonté du président français de ne pas laisser ces tensions se pérenniser.

Les relations entre la France et l’Algérie connaissent une période délicate, marquée par une série d’événements diplomatiques tendus. Parmi les raisons principales, on trouve la reconnaissance officielle par Macron du Plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, une position qui a irrité l’Algérie et conduit à la convocation de l’ambassadeur français à Alger. Ajoutée à cela, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, la situation de certains ressortissants algériens dans les aéroports français, ainsi que des critiques politiques sur la gestion de certains dossiers, les relations entre les deux pays se sont durcies.

Dans ce contexte, l’analyse d’Adlene Mohammedi, enseignant et spécialiste du monde arabe, devient pertinente. Lors d’une audition par la commission des Affaires étrangères du Sénat, il a souligné la complexité de la crise actuelle, tout en appelant à ne pas « céder à la tentation du sacrifice » des relations avec Alger. Pour lui, bien que les tensions soient palpables, la relation entre la France, dirigée par Macron, et l’Algérie, dirigée par Tebboune, est loin d’être irrémédiablement brisée.

Il est intéressant de noter que la situation actuelle, qualifiée de « brouille inédite » par Mohammedi, résulte d’un enchaînement d’événements qui ont exacerbé les différends. La reconnaissance par la France du Plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental a été un moment décisif. Pour l’Algérie, cette position a été perçue comme une remise en question de son rôle et de ses positions sur ce dossier géopolitique majeur. En parallèle, l’incarcération de Boualem Sansal, un intellectuel reconnu, a également été un point de friction entre les deux pays. La France, par la voix de son président, a demandé sa libération, une prise de position qui n’a pas été du goût des autorités algériennes, exacerbant les tensions.

Cependant, Adlene Mohammedi souligne que malgré ce climat de défiance, les relations commerciales entre la France et l’Algérie restent solides. En 2023, les échanges commerciaux ont augmenté de 5%, ce qui témoigne d’une coopération toujours présente dans le domaine économique. Ce point est corroboré par Rachid Temal, sénateur socialiste et président du groupe d’amitié France-Algérie, qui, après un récent voyage en Algérie, a affirmé que sur le plan commercial et industriel, les relations se portent bien. « La France a un intérêt à conserver ses liens avec Alger », a-t-il ajouté, soulignant que les deux pays, bien qu’en désaccord sur certains sujets, continuent d’évoluer dans une logique d’interdépendance.

Cet aspect économique constitue, selon les spécialistes, l’un des piliers sur lesquels Paris et Alger pourraient se baser pour retrouver un terrain d’entente. Le chercheur Mohammedi estime même qu’il est « possible d’envisager un réchauffement franco-algérien d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron ». Si les relations politiques restent tendues, il ne faudrait pas négliger l’importance de l’aspect commercial et sécuritaire qui continue d’être porteur de coopération.

Sur le plan diplomatique, la France et l’Algérie sont confrontées à une dynamique complexe. Les discours officiels sont souvent teintés d’hostilité, mais dans les coulisses, plusieurs canaux de communication restent ouverts, notamment dans le domaine de la sécurité extérieure. Le 6 janvier dernier, le directeur général de la DGSE, Nicolas Lerner, a été reçu à Alger, une rencontre qui montre que, même dans un contexte difficile, les deux pays continuent de collaborer sur des questions de sécurité.

Cette coopération, parfois discrète, pourrait être un élément clé pour dépasser les points de friction actuels. « Ce que l’on vit n’est pas irréversible », affirme Mohammedi, évoquant la possibilité d’une normalisation progressive des relations. Même si le climat politique reste tendu, les intérêts stratégiques des deux pays pourraient favoriser la réconciliation. L’Algérie, en tant que partenaire important dans le Sahel et acteur majeur dans la région méditerranéenne, reste un interlocuteur privilégié pour la France en matière de politique extérieure, en particulier sur des enjeux liés à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme.

Le message d’Emmanuel Macron, « On trouvera un chemin » avec l’Algérie, pourrait donc s’avérer plus qu’une simple déclaration rassurante. Il symbolise peut-être une volonté de la part de la France de rétablir le dialogue, même dans un contexte de crise. À la lumière des propos d’Adlene Mohammedi, il semble qu’il existe une volonté des deux côtés de ne pas sacrifier cette relation qui, malgré les divergences politiques et diplomatiques, reste indispensable sur plusieurs fronts. Dans un monde où les alliances stratégiques évoluent rapidement, maintenir des relations équilibrées entre Paris et Alger pourrait être bénéfique pour les deux pays, et pourquoi pas amorcer un processus de réchauffement avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron.

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