Immigration – Algérie Visas et Voyages – Une récente polémique concernant l’hymne national algérien a entraîné une riposte de la part de l’Algérie, par le biais du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
Attaf, qui était en visite en Italie, a réagi aux propos polémiques de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, concernant l’hymne national algérien. Dans une interview accordée à l’agence officielle italienne Nova, le ministre algérien n’a pas dissocié les déclarations de Colonna de l’agitation croissante orchestrée en France contre l’Algérie.
Le ministre algérien a déclaré : « Pour certains partis ou hommes politiques français, on a l’impression que l’Algérie est devenue un sujet facile à utiliser à des fins politiques. » Il a ensuite tourné la ministre française en dérision, suggérant ironiquement qu’elle aurait pu critiquer la musique de l’hymne également. Cette remarque visait à souligner que cette question relève de la souveraineté exclusive de l’Algérie et que Colonna aurait mieux fait de s’abstenir de s’immiscer dans ce débat.
Le successeur de Ramtane Lamamra a ajouté : « Ensuite, ils nous parlent des accords sur les Algériens en France. Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi ils doivent faire autant de bruit. Comme je le disais auparavant, ces gens adoptent ces attitudes pour saisir des opportunités politiques. »
Il convient de rappeler que récemment, un décret présidentiel publié au Journal officiel algérien a modifié les circonstances dans lesquelles l’hymne national algérien, « Kassaman » (« Nous jurons »), doit être joué, soit dans sa version abrégée à un couplet, soit dans sa version intégrale de cinq couplets.
Le couplet qui a suscité une vive réaction en France est le suivant : « Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. Soyez-en témoins ! », etc.
Interrogée sur LCI vendredi dernier, Catherine Colonna a souligné que c’était « très daté » et qu’il fallait replacer » cela dans son contexte de la décolonisation « . Mais elle a aussi souligné qu’elle s’interrogeait sur » la décision d’étendre l’usage d’un hymne qui date d’une autre époque au moment même où le président de la République Emmanuel Macron et le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune ont décidé, à l’été dernier, de donner un nouvel élan à nos relations « .
Écrit en 1955 par le poète algérien Moufdi Zakaria (1908-1977), militant indépendantiste emprisonné à plusieurs reprises par les autorités françaises, Kassaman a été adopté comme hymne national en 1963.
Ce débat autour de l’hymne national algérien a déjà eu lieu par le passé. Après la mort de Houari Boumediene en 1978, des discussions ont eu lieu en Algérie concernant la suppression de ce couplet ou le choix d’un nouvel hymne. Les détracteurs du troisième couplet de Kassaman ne lui reprochaient pas tant de s’en prendre à l’ancienne puissance coloniale que de faire référence à elle.
En 1986, un compromis a été trouvé : l’hymne intégral serait réservé aux congrès du FLN (Front de libération nationale) et à l’investiture du président de la République. Cela signifiait que le troisième couplet disparaissait de la vie publique. Cependant, le décret de mai 2023 réinscrit ce couplet dans le protocole pour toutes les commémorations et cérémonies officielles en présence du président de la République, actuellement Abdelmadjid Tebboune. En cas de visite officielle de chefs d’État étrangers, y compris français, une version abrégée de l’hymne algérien peut être jouée, sans nécessairement inclure les cinq couplets.
Cette polémique récente autour de l’hymne national algérien souligne les tensions persistantes entre l’Algérie et la France, et met en lumière les sensibilités historiques et politiques entourant cette question. Les déclarations du ministre des Affaires étrangères algérien reflètent la position ferme de l’Algérie quant à sa souveraineté et sa volonté de ne pas permettre à des considérations politiques externes de s’immiscer dans ses affaires internes.
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