Actualité politique – Le chercheur algérien en Histoire, Mohamed El Korso, s’est exprimé sur la possibilité du retour des Harkis en Algérie. En effet, ce point a été soulevé par l’historien français Benjamin Stora, qui a récemment remis son rapport sur la question mémorielle à la présidence française.
Le rapport de Benjamin Stora sur la question mémorielle, que l’historien a remis à l’Élysée mercredi 20 janvier, contient en effet 22 recommandations destinées à une « réconciliation des mémoires » entre l’Algérie et la France. Parmi ces recommandations, figure notamment l’autorisation des Harkis et de leurs familles à circuler librement entre l’Algérie et la France. Le dossier des Harkis est d’ailleurs, notons-le, l’un des plus épineux dans la relation entre les deux pays.
L’Algérie considère en effet les Harkis, ces supplétifs musulmans engagés du côté français pendant la guerre de libération nationale, comme des traîtres à la nation. Les organisations représentant ces personnes accusent, quant à elles, le FLN d’avoir commis des exactions contre les Harkis et leurs familles au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Retour des Harkis en Algérie ? : un expert algérien s’exprime
Par ailleurs, le chercheur en histoire, Mohamed El Korso, s’est exprimé sur cette question. « La France veut faire de la question des harkis un problème fondamental. Une espèce de nœud gordien entre les deux pays. En mettant l’accent sur les harkis, on essaie, en fait, de nous mettre, nous Algériens, en position d’accusés », a-t-il dit dans un entretien paru hier jeudi dans le quotidien francophone Liberté.
Le même expert explique ainsi que « si demain le dialogue des mémoires traîne et n’avance pas, l’alibi sera vite trouvé du côté français, en pointant du doigt la responsabilité de l’Algérie qui aura refusé de faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, tel que le préconise le rapport Stora. ». Mohamed El-Korso a également déclaré que la question des Harkis était « un problème franco-français qui constitue, à ce jour, une plaie béante dans le corps de la cinquième République ».
« C’est la France qui a empêché les harkis de venir en France, et quand ils sont quand même venus (…) ils ont été installés dans des camps de concentration », rappelle également le même expert, qui souligne qu’« Il a fallu attendre la fin des années 1980 et le début des années 1990 pour que la deuxième génération des harkis fasse bouger les lignes et que la France prenne conscience qu’à côté des Français vivaient d’autres Français déclassés et minorisés ».
Enfin, Mohamed El Korso a également mis le point sur le fait qu’il y a des harkis qui sont restés et ont vécu en Algérie après l’indépendance. « Il ne faut pas oublier qu’il y a eu par le passé, du temps de l’ancien président Chadli, et même plus tard, des harkis qui sont venus en Algérie (…) ou encore, et c’est un autre élément, des harkis qui sont restés ici », a-t-il dit.
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