Retrait d’argent en France : les Algériens face à une nouvelle restriction ? 

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Une rumeur, alimentée par une publication virale du rappeur Akhenaton, membre du groupe IAM, sur le retrait d’argent a récemment semé le doute chez de nombreux citoyens, notamment parmi les Algériens de France, très nombreux sur le territoire. Dans son tweet publié le mercredi 16 avril 2025 et vu par plus de 217 000 personnes, l’artiste marseillais affirmait qu’« à partir de cet été, on devra fournir un justificatif pour retirer notre propre argent en liquide au distributeur ». Ce message, à la formulation percutante, a déclenché une vague d’interrogations et d’inquiétudes. De nombreux internautes, y compris des membres de la communauté algérienne en France, ont réagi, certains exprimant leur colère, d’autres cherchant à comprendre le fond de l’affaire.

Face à la viralité de cette déclaration sur le retrait, auquel ont recours de nombreux algériens établis en France, actu.fr a contacté la Fédération bancaire française (FBF) pour faire toute la lumière sur la véracité de cette information. Leur réponse a été sans ambiguïté : « Il n’y a pas de nouvelle politique de retrait à un distributeur automatique de billets qui prévoirait la fourniture d’une pièce d’identité pour retirer de l’argent. » Une mise au point claire, qui vient contredire le cœur de la rumeur.

La confusion semble venir d’un amalgame, comme le souligne actu.fr. En réalité, les banques françaises peuvent bel et bien demander un justificatif pour un retrait, y compris pour les Algériens de France, mais uniquement lorsqu’il est effectué au guichet, c’est-à-dire en agence, et non pas au distributeur automatique. Cette précision est capitale, car elle vient démonter l’idée que les distributeurs de billets deviendraient des zones de contrôle d’identité. Akhenaton, qui conclut son message avec ironie en évoquant « un petit mot d’excuse à maman Von der Leyen et tata Lagarde », n’a donc pas tout à fait tort sur le fond, mais s’est trompé sur la forme en parlant de distributeurs.

Selon les informations relayées par la FBF et partagées dans un guide intitulé Les clés de la banque daté de 2023, les établissements bancaires ont pour obligation de vérifier la cohérence des opérations réalisées au guichet avec le profil de leur client. Il ne s’agit pas, précisent-ils, de s’immiscer dans la vie privée des individus, mais de respecter les règles strictes de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, ou encore d’éviter de violer des embargos ou d’interagir avec des personnes visées par un gel des avoirs.

Ainsi, lorsqu’un client effectue un retrait important au guichet, l’agent bancaire est en droit d’exiger des informations précises sur la nature de l’opération. Il peut demander la justification économique de celle-ci, l’origine des fonds, leur destination, ou encore l’identité des tiers concernés. En fonction du contexte, le client pourra être amené à fournir des documents concrets, comme un contrat de vente, un acte de donation, un procès-verbal d’assemblée générale, ou tout autre justificatif en lien avec l’opération.

Cette pratique n’est pas nouvelle, et ne constitue pas un durcissement réglementaire ciblant une population en particulier. Pourtant, elle suscite un sentiment d’inquiétude croissant, notamment dans certaines communautés, comme celle des Algériens vivant en France, qui redoutent de voir leur accès à l’argent liquide davantage encadré. La question est d’autant plus sensible que de nombreux foyers utilisent encore majoritairement le cash dans leur vie quotidienne.

Il est également à noter que les banques ont la possibilité, dans certaines circonstances, de refuser un retrait. Si un client s’oppose à fournir les explications ou documents demandés, l’opération peut être retardée, voire annulée. La FBF précise que l’objectif est de garantir la conformité avec la réglementation, en particulier en matière de lutte contre les flux financiers illicites. Une opération peut ainsi être suspendue si elle semble provenir d’une infraction passible d’une peine d’un an de prison ou plus, ou si elle semble participer au financement du terrorisme.

Dans les faits, donc, il n’existe à ce jour aucune obligation de présenter une pièce d’identité ou un justificatif pour retirer de l’argent liquide à un distributeur automatique. Cependant, lorsqu’il s’agit de retraits au guichet, surtout pour des montants importants, la vigilance des établissements bancaires reste de mise. L’erreur d’interprétation d’Akhenaton aura eu le mérite de relancer un débat sur les limites de la surveillance financière et les libertés individuelles, mais les faits sont là : les distributeurs automatiques restent libres d’accès, sans justificatif, du moins pour le moment.

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