Les retraités algériens vivant en France ou percevant leur pension de retraite depuis ce pays pourraient bientôt voir leur situation fiscale évoluer de manière préoccupante. Une proposition visant à supprimer l’abattement fiscal de 10 % appliqué aux pensions de retraite a récemment été relancée dans les cercles du pouvoir économique français. Une initiative qui, si elle venait à se concrétiser, impacterait des millions de foyers, dont un nombre non négligeable d’Algériens touchant des pensions de retraite, déjà exposés à une précarité relative due à la faiblesse de certaines pensions perçues à l’étranger ou à la suite de carrières morcelées en France.
L’origine de cette alerte fiscale remonte à une recommandation formulée par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), rattaché à la Cour des comptes, en octobre dernier. Cette institution a été rejointe par deux voix de poids dans le débat économique français : Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), et Patrick Martin, président du Medef. Tous deux plaident en faveur de la suppression pure et simple de cet avantage fiscal historique. À leurs yeux, cet abattement représente un manque à gagner considérable pour les finances publiques : 4,5 milliards d’euros par an, une somme jugée utile pour répondre aux impératifs budgétaires annoncés récemment.
Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Économie et des Finances Éric Lombard, a en effet annoncé, le dimanche 13 avril, un effort budgétaire de 40 milliards d’euros à réaliser d’ici 2026. Dans ce contexte de rigueur, chaque piste d’économie est scrutée de près, et la fiscalité des retraités apparaît comme une réserve potentielle. Toutefois, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a tenu à tempérer les inquiétudes immédiates. Elle a précisé que la question de l’abattement fiscal ne sera pas tranchée cette année, mais intégrée à un projet de loi de finances pour 2026. Autrement dit, tout changement dépendra du vote du Parlement à l’automne prochain, avec une éventuelle entrée en vigueur au 1er janvier 2026.
En attendant, la déclaration de revenus pour 2025, ouverte depuis le 10 avril, ne connaît aucune modification. L’abattement de 10 % s’applique donc toujours aux revenus déclarés par les retraités, qu’il s’agisse de pensions de retraite, de rentes, de pensions d’invalidité ou de pensions alimentaires perçues. Ce dispositif permet de calculer l’impôt sur seulement 90 % des montants perçus, allégeant ainsi la pression fiscale sur cette catégorie de contribuables.
Pour l’année 2025, l’abattement ne pourra pas dépasser 4 399 euros par foyer fiscal, ce qui représente le plafond maximal pour un couple de retraités. Le montant minimal est fixé à 450 euros par contribuable, sauf si le montant global des pensions est inférieur à ce seuil. D’après les données du Conseil des prélèvements obligatoires, cet avantage peut représenter jusqu’à 1 855 euros d’économie annuelle pour les foyers soumis à la tranche d’imposition la plus élevée (45 %).
Retraite : les Algériens de France risquent de passer à la caisse
Si la mesure était supprimée, les retraités seraient donc contraints de déclarer l’intégralité de leurs pensions, ce qui entraînerait mécaniquement une hausse de leur impôt sur le revenu. Une perspective qui pourrait particulièrement affecter les retraités algériens vivant en France ou percevant des pensions mixtes, combinant des trimestres cotisés en Algérie et en France. Ceux-ci, souvent établis en France depuis plusieurs décennies, sont nombreux à avoir bénéficié d’un travail manuel ou précaire, et disposent rarement de pensions confortables.
La suppression envisagée de l’abattement fiscal pourrait donc constituer une double peine pour cette population : d’un côté, une indexation des pensions remise en question, et de l’autre, une fiscalité plus lourde. Les syndicats et les associations de retraités se montrent déjà hostiles à une telle mesure, estimant qu’elle reviendrait à faire porter aux retraités une part disproportionnée des efforts budgétaires. Toutefois, les discussions sont encore en cours dans le cadre d’un “conclave” réunissant patronat et syndicats, destiné à envisager les ajustements possibles du système des retraites.
Les mois à venir seront donc décisifs pour l’avenir de cet abattement fiscal. Les retraités algériens concernés devront suivre avec attention les débats parlementaires prévus à l’automne 2025, période durant laquelle le sort de cet avantage pourrait être scellé. Pour l’heure, aucune démarche n’est requise de leur part, mais la vigilance est de mise. En cas de suppression, des milliers de foyers pourraient voir leur imposition grimper dès l’année 2026.
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