La proposition de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) visant à travailler trois jours fériés par an pour épargner en vue de la retraite ne passe pas inaperçue. En pleine discussion sur l’avenir du système de retraite en France, cette idée relance le débat sur la capitalisation et interroge sur la viabilité du modèle actuel par répartition. Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, défend cette approche comme une solution pragmatique face au vieillissement de la population et aux difficultés financières du système de retraite. Il met en avant l’importance de constituer une épargne individuelle tout en maintenant la solidarité intergénérationnelle propre à la répartition.
Selon lui, les évolutions démographiques ne permettent plus d’assurer un équilibre financier durable. Alors qu’autrefois, quatre actifs cotisaient pour un retraité, ce ratio est aujourd’hui tombé à 1,6 actif pour un retraité. Une tendance qui risque de fragiliser encore plus le système si des ajustements ne sont pas rapidement envisagés. C’est dans cette optique que la CPME suggère d’affecter les revenus de trois jours fériés travaillés à un compte personnel, à la manière du système de retraite complémentaire Préfon, déjà en vigueur pour la fonction publique. Un dispositif qui permet aux agents de l’État de se constituer une épargne supplémentaire en vue de la retraite, et dont l’extension au secteur privé pourrait, selon la CPME, sécuriser davantage les pensions des salariés.
L’idée de la capitalisation n’est pas nouvelle en France. Le président du Medef, Patrick Martin, avait déjà évoqué en janvier la nécessité de réfléchir à de nouveaux leviers de financement pour la protection sociale, en mettant en avant les avantages d’un système où chacun aurait la possibilité de compléter ses revenus futurs par une épargne dédiée. Cependant, cette approche ne fait pas l’unanimité. Les syndicats, notamment l’Unsa Retraités, alertent sur le risque d’accroissement des inégalités. Un système de capitalisation, s’il venait à se généraliser, pourrait en effet avantager les hauts revenus, qui seraient plus à même d’épargner, au détriment des travailleurs les plus précaires. Ceux-ci, disposant de marges de manœuvre financières réduites, pourraient se retrouver dépendants de minima sociaux, creusant ainsi un fossé entre les différentes catégories de retraités.
Les critiques portent également sur l’efficacité de cette mesure à long terme. Certains experts estiment qu’un basculement partiel vers la capitalisation pourrait déstabiliser le système par répartition en détournant des ressources qui lui sont actuellement dédiées. En d’autres termes, si une partie des cotisations est redirigée vers une épargne individuelle, cela pourrait créer un déficit immédiat dans les caisses de retraite, nécessitant des ajustements fiscaux ou des mesures compensatoires. De plus, les marchés financiers, sur lesquels repose la retraite par capitalisation, sont soumis à des fluctuations qui pourraient impacter la valeur des pensions accumulées.
Dans ce contexte, la proposition de la CPME s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’évolution du modèle social français. Le gouvernement, qui a récemment demandé aux partenaires sociaux de formuler de nouvelles propositions sur la réforme des retraites d’ici mai, pourrait être amené à considérer cette piste parmi d’autres. Toutefois, toute modification substantielle du système actuel devra prendre en compte les tensions sociales encore vives après l’adoption contestée de la réforme de 2023. L’idée de travailler trois jours fériés de plus ne manquera pas de faire réagir salariés et syndicats, qui y verront soit une opportunité de mieux préparer leur avenir, soit une contrainte supplémentaire dans un contexte économique déjà difficile.
Reste à savoir si cette proposition suscitera l’adhésion nécessaire pour être intégrée dans les futures négociations. Pour l’heure, elle alimente un débat de fond sur l’avenir du système de retraite et la manière dont la France doit s’adapter aux mutations démographiques et économiques qui la traversent.
Lire également :
Aéroport de Roissy : les Algériens ont eu droit à un traitement « inimaginable »
Ramadan 2025 en Algérie : la viande sera vendue à 1200 dinars
Air Algérie sert désormais des crevettes à bord de ses vols