Le montant des pensions versées aux retraités algériens vivant en France ou en Algérie suscite régulièrement des débats. Certains estiment que ces retraites coûtent trop cher à l’État français, tandis que d’autres rappellent qu’il s’agit d’un droit acquis après des années de travail. Ce sujet, souvent instrumentalisé politiquement, revient une nouvelle fois sur le devant de la scène avec un récent rapport de l’Assemblée nationale française. Ce document met en lumière des données précises sur les sommes réellement perçues et démonte certaines idées reçues sur le prétendu « coût excessif » des retraites des immigrés algériens.
Contrairement aux affirmations de certains courants politiques, la pension moyenne perçue par les retraités algériens est bien inférieure aux standards en France. Selon le Fonds national d’assurance vieillesse (CNAV), un retraité algérien touche en moyenne 262 euros par mois. Un montant qui s’explique par plusieurs facteurs, notamment la durée souvent incomplète des carrières professionnelles de ces travailleurs, leur emploi dans des secteurs sous-payés, ainsi que l’impact des périodes de travail non déclarées ou effectuées sous des régimes spéciaux.
Dans le cadre des discussions sur la réforme des retraites et les économies budgétaires, un amendement controversé avait été proposé à l’Assemblée nationale. Il visait à exiger des retraités algériens vivant à l’étranger de se déplacer annuellement dans un consulat français pour prouver leur existence. L’objectif affiché était d’éviter les fraudes, mais cette mesure a été vivement critiquée pour son caractère discriminatoire.
Les partisans de cette proposition, comme le député Fabien Di Filippo, ont avancé que près de 30 % des retraités contrôlés en 2022 en Algérie ne s’étaient pas présentés pour attester de leur situation. Une absence interprétée comme un potentiel indice de fraude, bien que les causes puissent être multiples : difficultés de déplacement, problèmes administratifs ou méconnaissance des procédures. Toutefois, cette justification n’a pas convaincu une majorité de parlementaires.
Face à cette proposition, des députés de gauche, notamment Hadrien Clouet de La France Insoumise, ont rétorqué que cette exigence créait une inégalité de traitement. Selon eux, elle revenait à stigmatiser une population qui, dans sa grande majorité, perçoit de très faibles pensions et n’a que peu accès aux services publics en France. Ils ont également rappelé que les retraités concernés étaient souvent très âgés et qu’une grande partie des bénéficiaires étaient des veuves percevant une pension de réversion.
En chiffres, la situation est claire : environ 335 000 Algériens bénéficient d’une retraite française, avec un coût global estimé à 1,053 milliard d’euros par an. Une somme importante, mais qui doit être remise en perspective avec le volume total des retraites versées par la France, qui dépasse les 330 milliards d’euros annuels. Autrement dit, les pensions versées aux Algériens représentent à peine 0,3 % du budget total.
Au-delà des aspects financiers, ce débat récurrent reflète des tensions plus profondes sur les relations entre la France et l’Algérie, notamment en ce qui concerne l’immigration et les accords bilatéraux en matière sociale. Ces pensions ne sont pas une « aide » de l’État français, mais bien des droits acquis grâce aux cotisations versées par ces travailleurs tout au long de leur carrière.
Finalement, l’amendement visant à imposer une vérification annuelle en consulat a été rejeté, marquant une victoire pour ceux qui militent pour un traitement équitable des retraités étrangers. Toutefois, le sujet des retraites des immigrés algériens continue d’être un levier politique pour certains, alimentant des débats qui dépassent souvent la simple question budgétaire.
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