Souvent critiquée, Air Algérie réalise une croissance inimaginable

Air Algérie places passagers croissance

Longtemps perçue comme une compagnie en difficulté, sujette à de nombreuses critiques sur la qualité de ses services, ses retards ou encore la vétusté de sa flotte, Air Algérie semble aujourd’hui opérer un virage stratégique majeur. Cette transformation n’est pas qu’une promesse ou un simple effet d’annonce : elle se traduit par des résultats concrets, à commencer par une croissance impressionnante du trafic passagers, pour Air Algérie. Entre 2019 et 2024, la compagnie nationale algérienne a en effet enregistré une progression de 34 %, un chiffre révélateur d’un renouveau profond et d’une vision clairement affirmée de conquête du ciel africain.

Ce changement de cap est porté par Hamza Benhamouda, actuel PDG d’Air Algérie, qui affiche une ambition claire : faire de la compagnie un leader du transport aérien sur le continent africain. Dans un entretien accordé au site Afrik.com, il a détaillé les piliers de cette stratégie offensive. L’un des axes majeurs repose sur une politique commerciale repensée, axée sur le rapport qualité/prix. Les tarifs appliqués, notamment pour les vols à destination de l’Afrique et de l’Europe, sont conçus pour attirer une clientèle élargie, y compris celle qui privilégiait auparavant d’autres compagnies mieux positionnées sur le marché.

Ce positionnement s’accompagne d’un autre levier incitatif : la politique de bagages. Consciente de l’importance de ce critère pour les passagers africains et européens, la compagnie mise sur une offre généreuse et adaptée aux besoins des voyageurs, un détail souvent négligé mais qui peut faire la différence dans le choix d’une compagnie. Par ailleurs, Air Algérie a également repensé ses correspondances au départ de l’aéroport international d’Alger. En réduisant les temps d’attente et en optimisant les liaisons, elle entend concurrencer directement les vols directs reliant les grandes capitales africaines et européennes, une stratégie qui s’appuie fortement sur la position géographique centrale de la capitale algérienne.

Alger est en effet idéalement située à la croisée de l’Afrique, de l’Europe, du Moyen-Orient et même de l’Amérique. Cette localisation stratégique, combinée à un aéroport configuré pour devenir un hub international, représente un atout considérable dans la course à l’influence aérienne sur le continent. Néanmoins, comme l’a souligné Hamza Benhamouda, le développement de ce hub dépend de l’expansion du réseau international d’Air Algérie, ce qui nécessite inévitablement une augmentation de la capacité opérationnelle de la compagnie.

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C’est dans ce cadre qu’a été lancé un programme d’acquisition de 16 nouveaux aéronefs. Une décision qui illustre concrètement la volonté de modernisation de la flotte. Le premier appareil de cette commande est attendu dès le mois de juin, selon le ministre des Transports, Saïd Sayoud. Cette modernisation ne vise pas uniquement à remplacer les avions les plus anciens, mais surtout à accompagner la croissance du trafic, répondre à la demande croissante de mobilité, et renforcer la compétitivité de la compagnie face à ses rivales africaines et internationales.

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L’objectif affiché est donc clair : faire d’Air Algérie non plus une compagnie régionale de second plan, mais un acteur de premier ordre dans le ciel africain. La croissance du transport aérien en Afrique offre en ce sens un potentiel de développement inédit. Un marché jeune, en pleine expansion, peu connecté en liaisons directes et encore largement dominé par quelques compagnies historiques : autant d’opportunités pour une compagnie qui parviendrait à se structurer rapidement autour d’une vision claire, d’une flotte moderne et d’un réseau efficace.

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Pour Air Algérie, le défi consiste désormais à maintenir cette croissance, à poursuivre les efforts de transformation en interne, à améliorer encore la qualité des services, et à fidéliser une clientèle longtemps séduite par la concurrence. La route est encore longue, mais la direction est tracée. Ce qui semblait il y a quelques années hors de portée, presque inimaginable pour certains, est aujourd’hui une trajectoire chiffrée, annoncée, assumée. La compagnie, souvent critiquée, pourrait bien être en train de vivre un second souffle.