Algérie actualité – En France, le racisme et l’islamophobie continuent de peser sur la vie de certains musulmans, y compris ceux issus de la deuxième ou de la troisième génération de l’immigration. Un constat particulièrement poignant émane des Algériens, qui estiment être victimes d’une « oppression » grandissante des musulmans en France, accentuée par des événements tels que la controverse autour du port du voile à l’école, interdit en 2004.
Cette oppression ressentie par les musulmans, en particulier les Algériens, n’est pas sans conséquences. Les témoignages évoquent une situation qui s’aggrave avec le temps, alimentée par le virage à droite de la politique française et la montée de l’extrême droite sur l’échiquier politique. Face à cette réalité, de nombreux Algériens envisagent sérieusement de retourner en Algérie, cherchant à échapper à une « oppression » de plus en plus insupportable qui entrave la libre pratique de leur foi.
Certains Français d’origine algérienne, appartenant à la deuxième ou à la troisième génération, ont pris cette décision radicale de migrer vers le Sud, considérant que la vie en France, où résident près de 6 millions de musulmans, soit 8 % de la population, devenait de plus en plus difficile. Le cas de Fafa, une Française de troisième génération, est particulièrement édifiant. Elle a quitté la France pour l’Algérie en 2016, à la recherche de « plus de liberté religieuse ».
Dans un entretien avec la chaîne Al Jazeera, relayé par Nouvelles Du Jour, Fafa partage son expérience, expliquant qu’elle ne s’était jamais sentie mal à l’aise en France avant de devenir une musulmane pratiquante. Dès lors, elle a ressenti un changement, une marginalisation liée à sa foi plutôt qu’à ses origines étrangères. À Alger, elle se sent libre de porter son voile et ses longues robes, une liberté qu’elle ne trouvait plus dans son pays d’origine.
Fafa dénonce les stigmatisations, les insultes, voire les attaques auxquelles les musulmans sont confrontés en France. Elle souligne les demandes de changement de mode de vie et les restrictions imposées aux personnes voilées. Selon elle, ce sentiment de non-appartenance en France est clairement attribué à la foi musulmane.
La religion devient ainsi un facteur déterminant poussant de nombreux Algériens à envisager le retour en Algérie. Outre les pressions religieuses, ces individus ne se sentent pas à l’aise avec les évolutions sociétales en France et dans certaines parties de l’Europe, telles que la légalisation du mariage homosexuel, la normalisation de la transsexualité, la lutte pour les droits des personnes LGBT, et plus largement, la question du genre.
En outre, de nombreux Algériens expriment leur consternation face aux campagnes menées dans les écoles primaires, cherchant à normaliser des phénomènes qu’ils considèrent comme « contre-nature » et « illicites ». Certains parents se tournent vers la pratique religieuse afin de servir de modèles pour leurs enfants, à l’opposé des valeurs qu’ils jugent incompatibles avec leur foi.
Face à ces défis, la question cruciale qui se pose est de savoir si davantage d’Algériens musulmans emboîteront le pas et quitteront la France, cherchant refuge dans un pays où ils estiment pouvoir vivre leur foi en toute liberté. Ces récits poignants mettent en lumière les dilemmes complexes auxquels sont confrontés les musulmans, faisant ressortir les tensions persistantes liées au racisme et à l’islamophobie en France.
Algériens de France, Musulmans : un nouveau film fait sensation
La question épineuse de rester en France ou de retourner vivre en Algérie hante de nombreux immigrés algériens établis dans l’Hexagone, confrontés à des défis croissants dans le contexte actuel du pays. La réalité de ce dilemme complexe est explorée avec sensibilité par le réalisateur franco-algérien Nasser Bessalah à travers son court métrage intitulé « Rentrons ». Cette œuvre cinématographique a été sélectionnée pour concourir au prix du meilleur court-métrage lors du prestigieux festival international des courts métrages de Clermont-Ferrand.
Jusqu’au 10 février 2024, Clermont-Ferrand accueille la 44e édition de ce festival majeur, mettant en lumière les films de moins de soixante minutes. Nasser Bessalah, avec son film « Rentrons », offre une perspective poignante sur le vécu des immigrés franco-algériens, explorant les thèmes complexes de l’intégration, de la nostalgie et du retour aux racines.
Les acteurs Zine-Eddine Benyache et Malha Bedia incarnent avec émotion les personnages d’Abdel et Nouria, deux Français d’origine algérienne ayant fui la France pour des raisons distinctes. Le court métrage les ramène dans un village en Algérie, terre de leurs ancêtres, où, confrontés à diverses déceptions, ils décident de repartir une nouvelle fois vers la France.
Lorsqu’ils étaient en France, la nostalgie de l’Algérie ne les quittait pas, mais de retour dans leur pays d’origine, la réalité les rattrape. Abdel, interprété par Zine-eddine Benyache, reste perçu comme « l’immigré », tandis que Nouria, jouée par la talentueuse Malha Bedia, est surnommée « Zizou », en raison de sa passion pour le football.
À travers « Rentrons », Nasser Bessalah dépeint non seulement le dilemme existentiel de ses personnages, mais offre également un aperçu de ses propres racines. Enfant d’un père du sud algérien et d’une mère originaire d’un village béjaoui, le réalisateur intègre des décors qui reflètent les paysages qu’il avait l’habitude de voir lors de ses visites dans le pays. Dans une interview avec RFI, Nasser Bessalah explique : « Je voulais montrer un très beau côté de l’Algérie ».
Le court métrage explore ainsi les thèmes universels de l’identité, de l’appartenance et des défis auxquels sont confrontés les immigrés, tout en offrant une réflexion sur la possibilité de concilier les deux cultures. « Rentrons » ne se contente pas de raconter une histoire, mais suscite également une profonde réflexion sur les choix difficiles auxquels sont confrontés les immigrés franco-algériens dans un monde en constante évolution.
Alors que le festival de Clermont-Ferrand offre une tribune pour ces récits poignants, « Rentrons » promet d’être une expérience cinématographique captivante, invitant le public à partager les émotions et les dilemmes de ceux qui jonglent entre deux mondes, deux cultures, et une quête incessante de compréhension de soi.
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