Dans une interview accordée au journal français « L’Opinion », le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé sur les tensions persistantes entre l’Algérie et le Maroc. Ce conflit, ancré dans l’histoire des deux nations, trouve son origine dans des événements qui remontent à l’après-indépendance et se perpétuent notamment à travers la question du Sahara occidental. L’Algérie, qui considère cette région comme un territoire occupé par le Maroc, continue d’appuyer la cause sahraouie sur la scène internationale.
Tebboune a rappelé les premières tensions entre les deux pays en mentionnant la guerre des Sables de 1963, survenue neuf mois après l’indépendance algérienne. « Ce conflit armé fut le premier signe des visées marocaines sur des territoires algériens et une tentative de porter atteinte à l’intégrité de notre pays. » Cette guerre a laissé des cicatrices profondes et a contribué à l’installation d’une méfiance durable entre Alger et Rabat.
La question du Sahara occidental reste l’épicentre de cette discorde. Le président algérien a rappelé que, selon l’ONU, cette région demeure un territoire non autonome, en attente d’un processus de décolonisation. « La Cour internationale de Justice a déclaré en 1975 qu’aucun lien de tutelle ne liait le Sahara occidental au Maroc, hormis des relations économiques. » Tebboune a également mis en avant les décisions de la justice européenne, qui, selon lui, « reconnaît progressivement les droits du peuple sahraoui ».
L’une des décisions majeures prises par l’Algérie dans ce contexte de tensions est l’interdiction pour les avions marocains de survoler son espace aérien. Tebboune a révélé que cette mesure a été motivée par « des exercices militaires conjoints entre le Maroc et Israël à proximité de nos frontières ». Il a expliqué que de telles actions « vont à l’encontre des principes de bon voisinage que l’Algérie a toujours tenté de préserver ». La décision de fermeture de l’espace aérien avait été prise en septembre 2021, contraignant la délégation marocaine à utiliser d’autres compagnies aériennes pour se rendre en Algérie lors d’événements internationaux.
Bien que les relations entre les deux pays soient au plus bas, Tebboune a indiqué que cette situation ne saurait durer éternellement. « Nous devrons mettre un terme à cette situation un jour », a-t-il déclaré, tout en précisant que « le peuple marocain est un peuple frère pour lequel nous ne souhaitons que le meilleur ». Toutefois, un réchauffement des relations semble conditionné à des changements fondamentaux dans la politique marocaine à l’égard du Sahara occidental.
Par ailleurs, Tebboune a révélé un échange direct avec le président français Emmanuel Macron, qui a annoncé son intention de soutenir le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental. Selon le président algérien, cette position de la France constitue « une erreur stratégique qui risque de nuire aux relations entre Paris et Alger ». Il affirme avoir prévenu Macron que « cette reconnaissance ne procurerait aucun avantage concret à la France, mais qu’elle pourrait avoir des conséquences diplomatiques importantes sur nos relations bilatérales ».
Ce désaccord illustre la complexité du dossier du Sahara occidental, qui implique non seulement l’Algérie et le Maroc, mais aussi de nombreuses puissances internationales. Si l’Algérie, dirigée par Tebboune, campe sur ses positions en faveur d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui, le Maroc continue de promouvoir son plan d’autonomie comme la seule solution viable. La France, qui entretient des liens historiques avec les deux pays, se retrouve ainsi dans une posture délicate, devant jongler entre ses intérêts économiques et diplomatiques en Afrique du Nord.
Alors que la situation reste tendue, les perspectives d’une amélioration des relations algéro-marocaines semblent encore lointaines. Cependant, les propos du président Tebboune indiquent qu’un dialogue demeure possible à condition que des garanties politiques et diplomatiques soient mises en place. En attendant, « le dossier du Sahara occidental continue de peser lourdement sur les relations entre nos deux pays, freinant toute tentative de rapprochement durable ».
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