Un ministre supplie la France pour éviter son extradition en Algérie

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Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre algérien de l’Industrie et des Mines, se retrouve dans une situation judiciaire délicate alors qu’il tente de convaincre la France de rejeter sa demande d’extradition vers l’Algérie. En fuite depuis plusieurs années, il fait face à des condamnations qui s’élèvent à un total de 100 ans de prison pour des infractions graves, notamment la corruption, le favoritisme et le détournement de fonds. Ces accusations sont issues d’une vaste campagne anticorruption lancée à la suite des manifestations du Hirak, qui ont secoué le pays et entraîné la démission d’Abdelaziz Bouteflika en avril 2019.

Bouchouareb a occupé son poste de ministre de 2014 à 2017, période durant laquelle il a été accusé d’avoir abusé de son pouvoir. Après la chute de Bouteflika, des enquêtes ont été ouvertes, ciblant plusieurs figures politiques de l’ère précédente, dont Bouchouareb. Condamné par défaut en son absence, il fait l’objet de huit demandes d’extradition, trois pour de nouvelles poursuites et cinq pour exécuter des jugements déjà prononcés. Les sanctions associées à ces condamnations incluent des peines de vingt ans de prison, des amendes conséquentes en millions de dinars algériens, ainsi que la confiscation de son patrimoine.

Depuis octobre 2023, Bouchouareb réside légalement en France, où il est sous contrôle judiciaire. Ses déplacements sont restreints : il n’a pas le droit de quitter le territoire français et doit remettre son passeport aux autorités. Le gouvernement algérien souhaite le rapatrier pour qu’il puisse purger ses peines et répondre de ses actes devant la justice algérienne. Les autorités judiciaires françaises ont déjà demandé des précisions aux juridictions algériennes concernant la peine de mort. Elles exigent des garanties que cette peine ne sera ni demandée ni appliquée, un point crucial pour la France, compte tenu de son abolition de la peine capitale.

L’avocat de Bouchouareb, Me Benjamin Bohbot, affirme que son client est la cible de « poursuites politiques » visant à purger les anciens régimes. Selon lui, l’extradition mettrait son client en danger, car il pourrait être jugé dans un cadre où la justice est perçue comme politisée. Ce point de vue soulève des interrogations sur la nature des poursuites judiciaires en Algérie, particulièrement dans un climat où les anciennes élites sont sous pression pour rendre des comptes.

La cour d’appel d’Aix-en-Provence est attendue pour rendre sa décision au sujet d’une éventuelle extradition de l’ancien ministre en Algérie, le 9 octobre prochain. Ce verdict pourrait soit relancer, soit clore une saga judiciaire qui implique une figure centrale de l’ancien régime algérien. Dans le contexte actuel, la décision des autorités françaises ne sera pas seulement juridique, mais aussi politique, susceptible de redéfinir les relations entre la France et l’Algérie. La situation de Bouchouareb met en lumière les complexités des relations diplomatiques entre les deux pays, ainsi que les défis que représente la lutte contre la corruption dans un pays qui tente de tourner la page d’un passé tumultueux. Les regards seront donc braqués sur le tribunal français, qui devra naviguer entre des considérations légales, morales et diplomatiques dans une affaire aux ramifications multiples.

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