Dans un contexte marqué par une tension grandissante sur le marché automobile en Algérie, le ministère de la Justice a pris une décision notable pour endiguer une pratique qui ne cesse de s’amplifier : la spéculation illégale. Cette fois, la mesure s’attaque directement aux transactions par procuration, une méthode largement utilisée pour contourner les circuits officiels de vente. Le ministère vise notamment les véhicules utilitaires, en particulier la Fiat Doblo, un modèle très demandé dans ses deux versions, devenu le centre d’une spéculation intense depuis sa mise sur le marché algérien.
Dans une circulaire datée du 9 avril 2025, adressée à l’ensemble des notaires du pays, le ministère de la Justice a formulé une demande explicite : s’abstenir de conclure tout contrat de vente établi par procuration pour des véhicules neufs. La correspondance officielle stipule ainsi : « J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir transmettre des instructions aux notaires afin qu’ils s’abstiennent de conclure des contrats par procuration pour des véhicules neufs acquis auprès des concessionnaires automobiles, des constructeurs agréés, des distributeurs officiels et des particuliers. » Cette injonction ne laisse place à aucune ambiguïté et s’inscrit dans une stratégie d’assainissement du marché, où certaines pratiques commerciales opaques ont permis à des individus de générer d’importants bénéfices en marge du système légal.
Le choix de viser la Fiat Doblo n’est pas anodin. Véhicule très prisé pour ses capacités utilitaires, sa robustesse et sa disponibilité relative, il est devenu en quelques mois l’un des modèles les plus recherchés sur le marché national. Sa popularité a suscité un engouement qui, rapidement, a été exploité par des revendeurs souhaitant profiter de la forte demande pour réaliser des marges considérables. Ces derniers, en usant de procurations notariées, parvenaient à revendre des véhicules neufs sans nécessairement apparaître comme vendeurs officiels, échappant ainsi à certains contrôles fiscaux ou douaniers, et alimentant par la même occasion un marché parallèle de plus en plus préoccupant pour les autorités.
La circulaire poursuit en soulignant le contexte de cette mesure : « Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le phénomène de spéculation illégale sur le marché de la vente de véhicules, en particulier les voitures utilitaires de la marque Fiat Doblo, dans ses deux versions. » Ce rappel met en lumière une volonté de ciblage précis. Il ne s’agit pas seulement d’une réforme administrative, mais d’une véritable stratégie de lutte contre les déviations commerciales qui compromettent l’équilibre du marché et l’accès équitable aux véhicules pour les citoyens.
En interdisant les actes de vente par procuration, le ministère entend mettre fin à un système dans lequel des intermédiaires achetaient plusieurs véhicules, parfois sous différents noms, pour ensuite les revendre à des prix bien supérieurs, profitant de la rareté de l’offre. Cette pratique, bien que tolérée jusqu’à récemment, est désormais considérée comme un vecteur de spéculation nuisible au consommateur final. Les notaires sont donc appelés à jouer un rôle de garde-fou, en refusant toute validation d’acte qui irait à l’encontre de cette nouvelle directive. Leur collaboration est jugée essentielle pour garantir l’application stricte de cette mesure et contribuer à la transparence des transactions automobiles dans le pays.
La mise en œuvre de cette décision pourrait également annoncer d’autres restrictions à venir. Si les ventes par procuration sont aujourd’hui dans le collimateur, d’autres formes de contournement pourraient faire l’objet d’une surveillance renforcée dans les mois à venir. Le signal envoyé par cette circulaire est clair : la régulation du marché automobile figure désormais parmi les priorités du ministère, et tout mécanisme favorisant la spéculation sera systématiquement visé. Dans ce contexte, la Fiat Doblo devient malgré elle le symbole d’une bataille plus large contre l’informel, et les jours des revendeurs opportunistes pourraient bien être comptés si la mesure parvient à porter ses fruits.
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