Immigration – Algérie visas et voyages – Les Algériens sont prêts à dépenser l’équivalent d’un salaire minimum (SMIC) pour obtenir un rendez-vous pour une demande de visa Schengen, selon une récente enquête du média français » Le Monde « . Alors que les créneaux de rendez-vous consulaires se font de plus en plus rares et que les particuliers perdent du temps dans le processus, de nombreux demandeurs se tournent vers des « facilitateurs » dont l’activité est en plein essor.
Les groupes Facebook algériens regorgent de conseils pour aider les demandeurs de visas pour la France à décrocher un rendez-vous. Malgré l’apaisement des relations diplomatiques entre Alger et Paris après des mois de tensions, trouver un créneau sur la plateforme VFS Global, le sous-traitant des services consulaires français, reste un défi. Le site est constamment saturé, et les disponibilités sont si limitées que de nombreux candidats finissent par abandonner ou confient leur dossier à des prestataires informels en échange d’une compensation financière.
Pour de nombreux Algériens, la recherche d’un rendez-vous pour un visa Schengen est devenue une expérience émotionnellement éprouvante. Asma, une trentenaire algéroise engagée dans une procédure de regroupement familial, témoigne de son expérience : « Pendant deux semaines, ma vie tournait autour du site VFS Global. Au début, je refusais de contribuer financièrement à ceux qui profitent de notre situation difficile. Mais le désespoir a fini par l’emporter, et j’ai commencé à chercher le contact d’un prestataire. »
L’activité des facilitateurs, chargés de consacrer leur temps aux plateformes de réservation et de résoudre les problèmes techniques à la place des demandeurs, est en pleine croissance en Algérie. Leur rôle, bien que peu gratifiant, est rémunéré, et les tarifs varient de 6 000 à 20 000 dinars algériens (environ 136 euros) par rendez-vous, soit l’équivalent d’un salaire minimum en Algérie. Pour justifier ces coûts, les prestataires évoquent des heures de permanence devant la plateforme jusqu’à tard dans la nuit ou la gestion de réservations d’hôtels et de billets d’avion.
Selon le site spécialisé Schengen Visa Info, les Algériens auraient dépensé 31 millions d’euros en 2022 pour les services consulaires des États membres de l’espace Schengen, en particulier l’Espagne et la France. Cependant, ces chiffres pourraient être en deçà de la réalité, car les coûts continuent de s’accumuler.
Youcef, un cadre travaillant dans un laboratoire pharmaceutique, a finalement accepté de verser 10 000 dinars à un prestataire après vingt jours de tentatives infructueuses pour obtenir un rendez-vous sur VFS Global. Ce montant est presque équivalent aux frais de visa eux-mêmes, mais il a pris cette décision sans hésitation : « Je demande un visa longue durée depuis 2005, j’ai de la famille en France que je visite régulièrement, mais je n’ai jamais connu autant de difficultés. »
Si certains facilitateurs se font discrets et se fient au bouche-à-oreille pour se faire connaître, d’autres affichent ouvertement leur activité. Par exemple, un cybercafé situé dans le quartier populaire de Belouizdad, à Alger, propose des services de réservation de rendez-vous pour les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, bien que cela ne soit plus rentable pour la France en raison de la rareté des créneaux.
Le service offert par ces établissements relève de l’artisanat technologico-bureaucratique, consistant à surveiller la plateforme en permanence et à appeler les clients lorsque des créneaux se libèrent. Malgré l’instauration d’un code OTP (One Time Password) envoyé directement aux demandeurs sur leur téléphone mobile pour tenter d’endiguer le phénomène, les opérateurs ont trouvé des moyens de contourner cette mesure.
En fin de compte, la quête désespérée des Algériens pour obtenir un rendez-vous de visa Schengen reflète la complexité du processus et la demande accrue pour ces visas. Les autorités consulaires devront peut-être réfléchir à des solutions pour rendre ce processus plus transparent et accessible, afin d’éviter que les demandeurs ne soient contraints de payer des sommes importantes pour obtenir simplement un rendez-vous.
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