Renault Algérie a récemment lancé un appel du pied en direction des décideurs algériens, en particulier le président Abdelmadjid Tebboune, afin de relancer la production automobile dans le pays. Cette annonce a été faite par Rémi Houillons, directeur général de Renault Algérie Production (RAP), dans un post sur LinkedIn.
« Nous sommes prêts et impatients de pouvoir redémarrer », a affirmé Houillons. « Avec déjà près de 15 milliards de dinars investis pour la réalisation de l’usine et des travaux de mise en conformité avec la législation en vigueur, Renault Algérie Production est prêt pour redémarrer et servir ses clients au plus vite », a-t-il ajouté. Son message était accompagné d’une vidéo montrant les installations modernes de l’usine.
L’usine RAP, située à Oued Tlelat dans la wilaya d’Oran, a été inaugurée en novembre 2014 grâce à une joint-venture entre Renault, Holding Madar et le Fonds National d’Investissement (FNI), détenant respectivement 49%, 34% et 17% des parts. Initialement, la Société Nationale de Véhicules Industriels (SNVI) possédait les 34% des actions avant de les céder à Madar en 2022.
Cette usine, implantée sur 150 hectares, avait atteint une capacité de production de 72.000 véhicules en 2017, incluant les modèles Clio, Symbol et Dacia Sandero. Cependant, la production a été gravement perturbée par la suspension des importations de kits SKD-CKD en 2020, une décision des autorités algériennes. Bien que la production ait brièvement repris en 2021 grâce au déblocage d’un stock de kits, elle s’est de nouveau arrêtée.
Face à ces défis, Renault Algérie Production a entrepris une phase de mise en conformité pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires du secteur automobile en Algérie, tel qu’exigé par le président Tebboune. Ces nouvelles normes, introduites dans le cadre du cahier des charges révisé pour l’industrie automobile, visent à promouvoir le développement de l’industrie locale et encourager la production nationale.
Rémi Houillons a exprimé la détermination de l’équipe de RAP à relever les défis futurs : « Avec des équipes toujours motivées et compétentes, nous sommes prêts à relever les défis qui se présentent et se projeter vers l’avenir. Notre engagement envers l’innovation est indéniable. Notre volonté de développer le tissu fournisseurs et les expertises locales est forte. »
Il a également souligné les ambitions technologiques de l’usine : « Dotée d’une usine connectée, équipée de nouvelles technologies et d’une unité de recherche et développement, Renault Algérie Production ambitionne d’être un acteur majeur dans la transformation technologique de l’industrie automobile en Algérie. Nous nous engageons à fournir des produits de haute qualité répondant aux normes internationales et toujours dans le souci du respect des attentes de nos clients. »
Le contexte de cette annonce est crucial. Lors d’une visite à Oran en septembre 2023, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, avait évoqué le retour des constructeurs automobiles français en Algérie. « Pour les constructeurs français, ils attendront le jour où on décidera », avait-il déclaré. Plus récemment, lors du forum économique du quotidien El Moudjahid, Ali Aoun a qualifié la plupart des unités de montage de véhicules fermées de « simples hangars qui ne servent à rien », tout en soulignant que l’usine Renault à Oran « gagnerait à être améliorée du point de vue technologie ».
L’industrie automobile algérienne connaît actuellement une phase de transition et de restructuration. En novembre 2022, de nouvelles conditions pour la construction automobile et l’importation de véhicules neufs ont été fixées. En mars 2023, les premiers agréments ont été octroyés aux concessionnaires de véhicules neufs. Jusqu’au 18 avril dernier, 159.037 véhicules ont été importés dans le cadre des quotas accordés pour 2023.
Le marché automobile algérien voit également l’arrivée de nouveaux acteurs. Fiat, appartenant au groupe Stellantis, a importé 97.000 véhicules depuis mars 2023 et a inauguré une usine de production de véhicules à Tafraoui, qui devrait atteindre une capacité de production de 90.000 véhicules par an. D’autres constructeurs comme Chery et Geely prévoient d’investir respectivement 110 millions et 200 millions de dollars dans des usines d’assemblage en Algérie.
Le constructeur chinois Jac, représenté en Algérie par Emin Auto, prévoit également de construire une usine d’assemblage de véhicules dans la wilaya d’Ain Témouchent.
Dans ce contexte de compétitivité accrue et d’innovation technologique, Renault Algérie Production réitère son engagement à contribuer au renouveau de l’industrie automobile en Algérie, en appelant les autorités, et notamment le président Tebboune, à soutenir leurs efforts pour relancer la production et consolider leur position sur le marché.
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