Depuis le 21 novembre 2024, une nouvelle règle a bouleversé les habitudes des voyageurs transitant par l’aéroport international d’Alger. Désormais, tout passager souhaitant exporter un montant en devises égal ou maximum à 7.500 euros, ou son équivalent dans une autre monnaie étrangère, doit obligatoirement présenter un avis de débit bancaire. Cette disposition stricte, inscrite dans le règlement n° 24-05 publié au Journal Officiel n° 77, reflète une volonté claire des autorités de renforcer le contrôle des flux financiers transfrontaliers et de lutter contre les pratiques illégales.
Djamel Bouchiouane, inspecteur divisionnaire des Visites Voyageurs Douanes à l’aéroport d’Alger, explique dans un entretien accordé au média Horizons que cette mesure vise à instaurer une meilleure transparence et une gestion rigoureuse des mouvements de capitaux. Interrogé sur le sujet, il insiste sur l’obligation pour chaque voyageur de fournir une preuve formelle de l’origine des fonds qu’il transporte. « Tout voyageur est contraignant de se munir d’un avis de débit bancaire justifiant le montant en espèces égal ou maximum à savoir 7.500 euros ou son équivalent dans une autre monnaie étrangère au titre de chaque année civile », précise-t-il. Cette nouvelle exigence ne laisse aucune marge de manœuvre : voyager avec une somme conséquente sans cet avis expose à des sanctions importantes.
Cette réforme est une actualisation du cadre réglementaire introduit par le règlement n° 16-02 de 2016, aujourd’hui jugé insuffisant face aux défis économiques actuels. Elle limite le montant de devises exportables à une fois par année civile et impose que ces fonds proviennent exclusivement de comptes devises ouverts en Algérie. L’objectif principal est de contrôler les flux financiers de manière plus efficace, tout en veillant à protéger les réserves de change et à dissuader toute tentative de transfert illicite.
Cependant, cette obligation d’obtenir un avis de débit bancaire est encore mal comprise par une partie des voyageurs, ce qui provoque confusion et frustration. Nombre d’entre eux ignorent les démarches nécessaires ou ne se rendent pas compte de l’importance de ce document jusqu’à leur arrivée à l’aéroport. Djamel Bouchiouane, conscient de ces difficultés, assure que les services douaniers redoublent d’efforts pour sensibiliser le public. « Nous assistons et sensibilisons régulièrement les voyageurs résidents et non-résidents en Algérie sur le nouveau règlement », explique-t-il. L’information est diffusée à travers des affichages, des annonces dans les zones de transit et des interactions directes avec les passagers.
Les implications pratiques de cette mesure sont nombreuses. Pour les voyageurs, cela signifie une préparation accrue avant le départ : ouvrir un compte devise en Algérie, effectuer les retraits nécessaires et obtenir l’avis de débit bancaire justifiant l’origine des fonds. En l’absence de ces documents, les passagers risquent de se voir confisquer leurs devises ou, pire encore, de faire l’objet de poursuites judiciaires pour infraction à la législation sur le change. Ainsi, les autorités espèrent instaurer une culture de conformité qui bénéficiera à l’économie nationale.
L’impact de cette réglementation va au-delà de la simple surveillance. Elle s’inscrit dans une stratégie globale visant à moderniser la gestion économique du pays et à renforcer la transparence dans les transactions financières. Bien que perçue par certains comme une contrainte supplémentaire, cette exigence d’un avis de débit bancaire reflète une volonté de responsabilisation et de discipline. Djamel Bouchiouane souligne d’ailleurs que cette mesure est essentielle pour préserver les intérêts du pays. « C’est une meilleure gestion des flux transfrontaliers », affirme-t-il, ajoutant que cette rigueur est nécessaire pour stabiliser les finances publiques et lutter contre l’évasion de capitaux.
Toutefois, l’efficacité de cette réforme dépendra également de la capacité des autorités à accompagner les voyageurs et à garantir la fluidité des processus. Les files d’attente et les retards dans les vérifications douanières pourraient devenir une source de mécontentement si les services ne sont pas renforcés pour répondre à cette nouvelle exigence. De plus, une campagne de communication plus large, à travers les médias nationaux et les réseaux sociaux, serait essentielle pour informer ceux qui prévoient de voyager à l’étranger.
Alors que cette règle entre pleinement en vigueur, elle marque un tournant dans la gestion des devises en Algérie. Elle reflète une volonté d’instaurer un système financier plus transparent et structuré, tout en incitant les citoyens à se conformer à des normes plus strictes. Si son application peut sembler rigide, elle s’inscrit dans une démarche plus large de protection des ressources nationales et de lutte contre les pratiques financières déloyales. Pour les voyageurs, l’heure est à l’adaptation. Se conformer à cette nouvelle réalité n’est pas seulement une obligation légale, mais une contribution à l’effort collectif visant à renforcer la souveraineté économique du pays.
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