Le secteur du transport en Algérie est secoué par une série d’évictions de hauts responsables, et ce dimanche 21 avril n’a pas fait exception. Après les départs notables de Yacine Benslimane, ancien PDG d’Air Algérie, et du PDG de l’aéroport international d’Alger, voici qu’Abdelhakim Bouzaher, PDG de la compagnie maritime Algérie Ferries, rejoint la liste des évincés. Cette décision intervient suite aux multiples dysfonctionnements signalés par les voyageurs, mettant en lumière les défis persistants auxquels est confronté le secteur du transport en Algérie. C’est en effet ce qu’a appris DNAlgérie de sources proches du ministère algérien des transports.
L’éviction de Abdelhakim Bouzaher marque un tournant dans les efforts entrepris pour résoudre les problèmes qui ont affecté les services de la compagnie maritime Algérie Ferries. Au fil des mois, les plaintes des voyageurs se sont accumulées, allant de retards chroniques à des annulations de traversées sans préavis, en passant par des lacunes dans la communication avec les clients. Ces incidents ont suscité l’indignation et la frustration parmi les passagers, qui ont exprimé leur mécontentement à travers les réseaux sociaux et les médias.
Le départ de Bouzaher est perçu comme une réponse directe aux préoccupations des voyageurs et une reconnaissance des failles dans la gestion de la compagnie maritime. En effet, sa démission vient renforcer les appels à une réforme profonde du secteur du transport en Algérie, afin d’améliorer la qualité des services et de restaurer la confiance des voyageurs.
Notons que, le remplaçant de l’ex PDG Algérie Ferries est désormais connu. Ce n’est autre que Hellal Benaouda, un chevronné du domaine maritime qui sera désormais chargé de redorer le blason de la compagnie maritime nationale.
Le PDG Algérie Ferries évincé : les dysfonctionnements se sont multipliés
Contrairement à la compagnie maritime française Corsica Linea, qui a déjà ouvert les réservations pour ses traversées estivales, Algérie Ferries semble traîner les pieds. Cette situation exaspère bon nombre d’Algériens établis en France, qui expriment leur impatience et leur frustration sur les réseaux sociaux.
Dans un témoignage vidéo diffusé ce dimanche 21 avril, l’un de ces ressortissants algériens a partagé son expérience, exprimant sa déception envers Algérie Ferries. Il raconte son déplacement dans les agences commerciales de la compagnie en France, espérant réserver une place pour son voyage estival en Algérie. Cependant, il a été surpris d’apprendre que les réservations n’ont pas encore été ouvertes. Les agents lui ont expliqué qu’ils attendaient des instructions de leur direction, retardant ainsi le lancement de l’opération de réservation.
Ce témoignage reflète le sentiment général d’impatience et d’indignation parmi les ressortissants algériens en France. Pourquoi Corsica Linea a-t-elle pu ouvrir les réservations tandis qu’Algérie Ferries tarde à le faire ? C’est la question que se posent de nombreux voyageurs, frustrés par le manque de transparence et de communication de la part de la compagnie nationale.
Le jeune homme qui a partagé son témoignage n’a pas dissimulé sa colère. Il appelle publiquement les autorités algériennes, y compris le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Transports, à intervenir et à presser Algérie Ferries de mettre fin à cette situation. Son appel résonne avec celui de nombreux autres Algériens en France, qui se sentent abandonnés et désorientés face à l’incertitude quant à la réservation de leurs billets pour rentrer chez eux cet été.
Chaque année, à l’approche de la saison estivale, cette histoire se répète, laissant les voyageurs dans l’incertitude et la frustration. L’absence de communication de la part d’Algérie Ferries ne fait qu’accentuer le sentiment de frustration et d’impuissance parmi la diaspora algérienne en France.
L’ancien PDG de la compagnie maritime nationale condamné
Il est à signaler que, le début du mois de juin 2022 a été le théâtre d’un scandale retentissant au port d’Alger, impliquant le navire Badji Mokhtar III d’Algérie Ferries. L’arrivée presque vide du navire, conçu pour accueillir 1800 passagers et 600 voitures mais transportant seulement 72 passagers et 25 voitures, a suscité l’indignation et la colère sur les réseaux sociaux. Ce qui aurait dû être un voyage banal s’est transformé en une affaire de corruption et de gaspillage de fonds publics, conduisant à l’ouverture d’une enquête et à l’inculpation de plusieurs hauts responsables de la compagnie maritime.
Kamel Issad, l’ex-président-directeur général (PDG) de l’Entreprise Nationale de Transport maritime de Voyageurs (ENTMV) (NDLR, Algérie Ferries), a été l’un des principaux protagonistes de ce scandale. Mis sous mandat de dépôt, il a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation, dont délit de gaspillage volontaire, usage illicite de biens et de fonds publics, abus d’influence et enrichissement illicite. Son implication dans cette affaire lui a valu une peine de 6 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars.
Mais Issad n’était pas le seul à être visé par l’enquête. Sept hauts responsables de la compagnie maritime ont été concernés, parmi lesquels trois ont été placés en détention provisoire, dont le PDG, le chef d’escale et le directeur commercial. Deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire, tandis qu’un seul a été épargné de toute mesure coercitive. Tous ont été inculpés pour diverses infractions liées à leur gestion de l’affaire du Badji Mokhtar III.
Le verdict est tombé jeudi 19 janvier 2023, mettant un point final à cette saga de corruption. Kamel Issad et le directeur commercial ont été condamnés à des peines de prison ferme, tandis que la responsable de la cellule informatique du service de réservation a écopé d’une peine avec sursis. Quant aux deux accusés en fuite, leur absence n’a pas empêché le tribunal de prononcer une condamnation sévère, assortie d’un mandat d’arrêt international à leur encontre.
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