Cet été, les autorités algériennes ont pris une initiative inédite pour faciliter les voyages des Algériens résidant à l’étranger. En effet, elles ont temporairement levé l’obligation de présenter un passeport algérien valide ou un visa pour entrer dans le pays. Cette décision exceptionnelle, visant à alléger les démarches administratives pour la diaspora, concernait toutefois une catégorie bien spécifique : les Algériens binationaux munis de passeports étrangers en cours de validité. Cependant, malgré cette mesure, des témoignages récents soulèvent des questions sur l’application réelle de la mesure édictée par le président Tebboune, notamment à l’aéroport d’Alger.
Chaque année, à l’approche de la période estivale, les consulats algériens à l’étranger sont submergés par des demandes de renouvellement de passeports et de visas. Les binationaux, en particulier, font face à des difficultés lorsqu’ils ne disposent pas de documents de voyage algériens en cours de validité. Pour répondre à ces difficultés, les autorités algériennes ont annoncé une mesure dérogatoire pour l’été 2024, permettant aux Algériens binationaux d’entrer en Algérie sans visa, du 1er mai au 31 octobre.
Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette mesure était strictement réservée aux Algériens résidant à l’étranger et détenteurs de passeports étrangers en cours de validité. Durant cette période, les binationaux ont pu voyager en Algérie sans avoir à obtenir un visa préalable, à condition de remplir l’une des deux conditions suivantes : présenter un passeport étranger valide accompagné soit d’un passeport biométrique algérien expiré, soit d’une carte nationale d’identité biométrique et électronique (CNIBE) algérienne également expirée.
Malgré ces dispositions, les témoignages recueillis indiquent que l’application de cette mesure a été loin d’être fluide. L’une des principales exigences des autorités algériennes était que les voyageurs utilisent les mêmes documents à l’entrée et à la sortie du territoire national. Cette précision visait à éviter les malentendus et les complications, notamment lors du départ. Cependant, de nombreux membres de la diaspora ont rapporté des incidents lors de leur arrivée en Algérie, suggérant que l’instruction du président Tebboune n’a pas été respectée sur le terrain.
Aéroport international d’Alger, directive de Tebboune : le témoignage d’une Algérienne de France
Une Algérienne résidant en France a partagé son expérience à l’aéroport international d’Alger avec la rédaction de DNAlgérie. « Je suis partie en Algérie en me fiant à l’annonce selon laquelle il était possible de voyager avec un passeport algérien expiré jusqu’au 31 octobre », raconte-t-elle. « À ma grande surprise, on m’a demandé de remplir une fiche destinée aux ressortissants étrangers, sous prétexte que mon passeport algérien était expiré, et que mon passeport français était toujours valide. L’instruction du président Tebboune, insistant sur la nécessité de faciliter les voyages des Algériens de l’étranger, a-t-elle donc été ignorée ? »
Ce témoignage, parmi d’autres, révèle un décalage entre la directive présidentielle et son application concrète dans les aéroports algériens. Les voyageurs binationaux, qui avaient espéré des procédures simplifiées, se sont retrouvés confrontés à des formalités inattendues, voire à des complications qui contredisent l’esprit de la mesure annoncée.
De plus, pour quitter le pays, un document de voyage en cours de validité reste indispensable, ce qui a posé problème à certains voyageurs qui, faute d’avoir un passeport algérien valide, ont été contraints de solliciter un passeport d’urgence. Cette situation a non seulement provoqué des retards, mais aussi engendré des frais supplémentaires pour les personnes concernées.
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