Voyage en France : les Algériens désormais soumis à la reconnaissance faciale ?

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La question de la reconnaissance faciale en France s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur, notamment pour les Algériens qui voyagent fréquemment et passent par les aéroports français. Gérald Darmanin, garde des Sceaux, s’est exprimé, ce vendredi 23 mai, sur ce sujet sensible en annonçant la création prochaine d’un groupe de travail au ministère de la Justice visant à étudier la mise en place de la reconnaissance faciale dans l’espace public. Cette technologie, encore controversée, pourrait bientôt toucher directement les Algériens en France, notamment lors de leurs passages obligés dans les aéroports. Selon Darmanin, « vous verrez que dans 5 ou dans 10 ans on fera la reconnaissance faciale », soulignant ainsi l’intention de généraliser un système qu’il considère comme « indispensable pour lutter contre les nouvelles formes de délinquance ».

Les Algériens qui se rendent en France pourraient donc être concernés par cette évolution technologique, d’autant que le ministre insiste sur l’importance de la reconnaissance faciale pour les forces de l’ordre. « Je suis favorable à la reconnaissance faciale dans l’espace public, dans les aéroports », a-t-il déclaré, mettant en lumière l’ambivalence de l’opinion publique française qui, malgré ses réticences, attend des résultats concrets dans la lutte contre la criminalité. Le ministre insiste sur le fait que la reconnaissance faciale permettra « de retrouver très rapidement une personne recherchée », un argument particulièrement sensible dans un contexte où les Algériens, comme d’autres voyageurs, sont soumis aux contrôles renforcés.

Pourtant, la reconnaissance faciale en France n’en est qu’à ses balbutiements et fait l’objet d’expérimentations au succès mitigé. L’exemple des Jeux olympiques de Paris 2024 illustre bien cette phase de test, où la vidéosurveillance algorithmique (VSA), s’appuyant sur des milliers de caméras déployées dans les espaces publics, a été utilisée sans autorisation pour la reconnaissance faciale en temps réel. Ce dispositif, combiné à une intelligence artificielle chargée d’analyser les images, a cependant montré ses limites, avec un nombre important de faux positifs : « Sur les 270 alertes envoyées à la SNCF par le logiciel, 62 étaient erronées et seulement 21 ont été jugées ‘pertinentes' », souligne un rapport d’évaluation consulté par Le Monde. Cette expérimentation fait donc naître des interrogations légitimes, notamment pour les Algériens se déplaçant en France, sur la fiabilité et la portée réelle de la reconnaissance faciale dans les lieux publics comme les aéroports.

Par ailleurs, cette technologie fait face à un cadre juridique strict en France, qui limite son usage, notamment en temps réel. La reconnaissance faciale se heurte en effet au Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui exige le consentement explicite des personnes pour l’exploitation de leurs données biométriques. Cette règle concerne également les Algériens en France, pour qui l’usage de la reconnaissance faciale doit rester encadré. Les exceptions sont rares et concernent des cas d’ »intérêt vital », un argument difficile à appliquer dans les contextes aéroportuaires. La Loi Informatique et Libertés interdit ainsi clairement l’identification biométrique en temps réel, sauf dans certains dispositifs facultatifs comme les sas automatiques dans les aéroports, qui servent surtout à fluidifier les passages sans imposer l’usage systématique de la reconnaissance faciale aux Algériens et à d’autres voyageurs.

La reconnaissance faciale, si elle se généralise dans les années à venir, pourrait ainsi transformer profondément les modalités de contrôle des Algériens en France. Que ce soit à l’entrée des aéroports ou dans d’autres espaces publics, cette technologie deviendrait un outil incontournable, mais aussi un sujet de débats intenses autour de la vie privée et des libertés individuelles. Pour l’heure, elle reste expérimentale, encadrée par des lois restrictives et perçue avec prudence par une opinion publique encore réticente. Néanmoins, l’évolution des technologies et la pression sécuritaire semblent inexorables, plaçant les Algériens au cœur d’un changement majeur dans la gestion des frontières et du contrôle migratoire en France.