Dans une décision qui pourrait surprendre de nombreux voyageurs et professionnels du tourisme, les États-Unis ont récemment mis à jour leur avertissement officiel concernant le Maroc, un pays pourtant largement apprécié par les touristes américains. Cette mise à jour, bien que mineure en apparence, attire l’attention par sa teneur et par le ton employé : « Nous recommandons fortement de souscrire une assurance avant de voyager. » C’est ainsi que débute l’avis publié le 21 avril 2025 par le Département d’État américain, qui maintient le Maroc au niveau d’alerte 2, soit un appel à « faire preuve de vigilance accrue ». Un message clair, réitéré, et qui ne laisse plus de place au doute : le Royaume chérifien n’est plus simplement vu comme une destination exotique, mais comme une terre de contrastes où prudence et planification s’imposent.
À première vue, cette mise à jour peut sembler anodine. Pourtant, elle s’inscrit dans une série de recommandations persistantes. Depuis plusieurs années déjà, les autorités américaines évoquent un risque réel et constant d’attaques terroristes sur le sol marocain. Le langage employé est direct, presque clinique : « Des groupes terroristes continuent de planifier d’éventuelles attaques. » Cette menace, qui reste latente, pourrait selon l’avertissement, se manifester sans le moindre signe avant-coureur, visant en priorité des lieux très fréquentés par les touristes comme les marchés, les centres commerciaux ou encore les infrastructures gouvernementales.
Ce que les autorités américaines soulignent surtout, selon Newsweek, c’est l’importance de ne pas minimiser le risque. Le rappel d’un événement tragique survenu en 2018 — l’assassinat brutal de deux touristes scandinaves dans le Haut Atlas par des extrémistes islamistes — reste gravé dans les mémoires. Les condamnations à mort qui ont suivi ont marqué un tournant judiciaire et émotionnel pour le pays, mais n’ont pas suffi à dissiper les inquiétudes sécuritaires. Plus récemment, en février 2025, les services de sécurité marocains ont démantelé une cellule terroriste active baptisée « Les Lions du Califat au Maghreb », soupçonnée de préparer des attentats dans plusieurs villes, dont Casablanca et Fès. Une opération préventive d’envergure qui, si elle témoigne de la vigilance des autorités marocaines, rappelle aussi la persistance de la menace.
Dans ce contexte, les recommandations du Département d’État s’affinent. Il n’est plus seulement question de vigilance, mais aussi de préparation concrète. Les voyageurs sont invités à vérifier leurs assurances, à anticiper la possibilité d’une évacuation d’urgence, à réfléchir à leur couverture médicale et à bien comprendre les conditions de remboursement en cas d’annulation de leur voyage. Ces conseils pratiques sont accompagnés d’un ensemble de recommandations comportementales précises : éviter les foules et les manifestations, ne pas voyager seul, en particulier pour les femmes, ne jamais accepter de boisson d’un inconnu et toujours rester attentif à son environnement, surtout la nuit.
L’analyse géographique des risques fournie par les autorités américaines est tout aussi détaillée. Casablanca, capitale économique du pays, est classée comme zone à haut risque. Rabat, la capitale administrative, est jugée à risque moyen. Marrakech, perle touristique du sud, n’est pas épargnée : la ville souffrirait d’un taux de criminalité jugé préoccupant. Quant aux zones reculées, elles nécessitent, selon les Américains, une approche encadrée, avec un guide agréé et des documents d’identité constamment disponibles pour d’éventuels contrôles.
Ce qui interpelle aussi, c’est le contraste entre la tonalité de l’avertissement et la réalité touristique. En 2023, plus de 330 000 Américains ont visité le Maroc, séduits par la richesse culturelle, la cuisine, le désert du Sahara et les médinas historiques. Ce chiffre, communiqué par le ministère marocain du Tourisme, illustre un engouement qui ne faiblit pas, malgré les mises en garde répétées. Mais cette popularité n’exonère pas d’un devoir de transparence, estiment les responsables américains, qui mettent en avant leur responsabilité de fournir des informations fiables à leurs concitoyens.
Pour replacer cette mise en garde des États-Unis, au sujet du Maroc, et dans un contexte plus large, il convient de rappeler le système de classification américain. Le niveau 2 n’est pas le plus alarmant — il invite à la vigilance, comme pour des pays comme la France ou le Royaume-Uni. En revanche, il reflète une situation où le risque n’est pas théorique. Il est palpable, bien que contenu. Les niveaux supérieurs (3 et 4) sont réservés aux zones de guerre, de grande instabilité ou de danger sanitaire critique.
Ainsi, le Maroc, sans basculer dans la liste noire des destinations à éviter à tout prix, voit sa position fragilisée aux yeux des voyageurs des États-Unis. Il ne s’agit pas d’une condamnation, ni d’un désaveu diplomatique, mais d’un signal d’alarme institutionnel. Et dans l’univers du voyage, où l’image compte autant que la réalité, ce genre d’avertissement peut avoir des répercussions bien réelles. À la croisée de la sécurité et du tourisme, le Royaume chérifien devra sans doute redoubler d’efforts pour rassurer et convaincre à nouveau.
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