C’est sur les ondes de RTL que la porte-parole du gouvernement français a choisi de briser le silence, apportant une clarification qui a surpris autant qu’elle a soulagé certains observateurs. En affirmant que « le moment du durcissement est passé », elle a officialisé un tournant dans la gestion des relations entre Paris et Alger. Le ton n’est plus à la confrontation, ni aux menaces implicites, mais bel et bien à la discussion, laissant entrevoir une volonté de renouer un dialogue serein et durable, notamment autour des accords franco-algériens de 1968, dont l’avenir semblait jusqu’à récemment menacé.
Cet accord, signé peu après l’indépendance de l’Algérie, établit un cadre juridique particulier pour les Algériens résidant en France, en matière de séjour, d’accès au travail et de regroupement familial. Il constitue un fondement historique des relations migratoires entre les deux pays, mais aussi un sujet de discorde récurrent. Ces dernières années, il avait fait l’objet de critiques appuyées, notamment de la part de certains responsables politiques de droite et d’extrême droite français, qui réclamaient sa dénonciation pure et simple. Cette option avait même été envisagée au sommet de l’État, durant une période de fortes tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Sophie Primas, en sa qualité de porte-parole du gouvernement, a cependant écarté cette possibilité. Elle a reconnu qu’« il y a un moment où nous voulions dénoncer les accords franco-algériens de 1968, aujourd’hui il n’en est plus question ». Cette déclaration intervient alors que les échanges entre les deux capitales semblent avoir retrouvé un cap plus apaisé. La volonté affichée est désormais de privilégier la coopération et le respect des engagements réciproques, loin des postures clivantes qui ont marqué les mois précédents.
Au cœur de cette nouvelle approche figure une orientation claire : l’exécution totale des accords de 1994, qui portent sur les reconduites à la frontière des ressortissants algériens sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cette disposition, bien que distincte de l’accord de 1968, avait été longtemps entravée par un manque de coordination entre les deux pays. Aujourd’hui, elle est mise en avant comme le véritable levier juridique pour répondre aux préoccupations françaises en matière migratoire, sans remettre en cause l’accord bilatéral historique.
La porte-parole a souligné que cette voie est « conforme au droit international » et « convient parfaitement » aux autorités françaises. Elle implique un engagement d’Alger à coopérer davantage dans la délivrance des laissez-passer consulaires, document indispensable à toute expulsion effective. Ce changement de cap s’inscrit dans une logique de pragmatisme diplomatique, où la rupture symbolique avec l’histoire est évitée au profit d’une gestion concrète des enjeux contemporains.
La déclaration de Sophie Primas intervient également dans un contexte politique français sensible, où les questions liées à l’immigration occupent une place centrale dans le débat public. En écartant publiquement la piste de la dénonciation des accords franco-algériens de 1968, le gouvernement envoie un message de fermeté mesurée, de responsabilité internationale et de volonté d’équilibre. Cela marque aussi une certaine résistance face aux pressions exercées par les courants politiques favorables à une ligne dure sur l’immigration.
Du côté algérien, cette annonce pourrait être perçue comme un signal d’apaisement, d’autant plus que la dénonciation des accords avait été perçue comme une provocation directe. Elle pourrait ouvrir la voie à une relance du dialogue bilatéral sur d’autres dossiers sensibles, notamment ceux touchant à la circulation des personnes, aux visas, à la coopération sécuritaire ou encore à la mémoire partagée entre les deux nations.
En mettant fin aux spéculations autour d’une éventuelle rupture avec l’accord de 1968, Paris opère un virage diplomatique discret mais significatif. La France affirme sa volonté de poursuivre ses échanges avec l’Algérie dans le respect des engagements historiques, tout en poursuivant l’application rigoureuse de ses politiques migratoires dans le cadre des mécanismes existants. Reste à voir comment cette nouvelle dynamique sera traduite sur le terrain, notamment en matière de reconduites et de coopération consulaire, dans un contexte où chaque geste diplomatique est scruté avec attention.
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