Le groupe Air France KLM vient de franchir une nouvelle étape dans sa gouvernance avec la nomination officielle de Florence Parly à la présidence de son conseil d’administration. Ce changement stratégique, acté ce mardi 29 avril 2025, prendra effet à l’issue de l’assemblée générale du groupe prévue le 4 juin. Une décision qui marque un tournant important pour la compagnie aérienne franco-néerlandaise, dans un contexte de relance post-crises et de transformations sectorielles profondes.
Florence Parly, bien connue des cercles politiques et économiques français, succède à Anne-Marie Couderc, qui occupait ce poste depuis mai 2018. Cette dernière, ancienne ministre également, avait atteint en 2023 la limite d’âge fixée pour ce type de fonction non exécutive, mais avait vu son mandat prolongé exceptionnellement d’un an lors de l’assemblée générale de juin 2024. C’est donc une transmission planifiée qui s’opère, renforcée par une transition en douceur et soutenue par les actionnaires : en effet, en juin dernier, ils avaient approuvé à 99 % l’entrée de Florence Parly au conseil d’administration, ouvrant clairement la voie à cette prise de fonction.
La nouvelle présidente connaît bien le groupe. Entre 2006 et 2014, elle a travaillé au sein d’Air France, où elle a occupé des postes clés, notamment en tant que directrice de la stratégie d’investissement, avant de devenir directrice générale adjointe. Elle y a piloté tour à tour l’activité cargo, puis le court-courrier, deux segments stratégiques pour la compagnie. Elle avait ensuite poursuivi sa carrière dans le secteur ferroviaire, en rejoignant la SNCF, avant d’être nommée ministre des Armées en 2017, une fonction qu’elle a exercée jusqu’en mai 2022 sous les gouvernements d’Édouard Philippe puis de Jean Castex.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), sollicitée en amont de cette nomination, avait donné son feu vert dès avril 2023. Toutefois, cette autorisation était assortie de conditions : Florence Parly ne pourra effectuer aucune démarche en lien avec les services ministériels sur lesquels elle exerçait une autorité directe jusqu’au 20 mai 2025. Une mesure de précaution pour prévenir tout conflit d’intérêts, dans la continuité des exigences éthiques imposées aux anciens membres de gouvernement en reconversion vers le secteur privé.
Air France KLM salue cette nomination, soulignant dans son communiqué l’expertise de Florence Parly, à la fois dans les institutions publiques, dans le secteur des transports, et dans la gestion de crise. L’actuelle présidente Anne-Marie Couderc n’a pas manqué de rappeler les compétences éprouvées de sa successeure, estimant que cette dernière représentait « un atout remarquable pour la réussite du groupe », surtout à un moment où Air France KLM doit poursuivre ses efforts de redressement économique tout en accélérant sa transition vers une aviation plus durable.
Le groupe, durement touché par les conséquences de la pandémie et de la hausse des coûts opérationnels, notamment ceux du carburant, a réussi à retrouver une certaine stabilité, mais ses équilibres financiers demeurent fragiles. L’arrivée de Florence Parly intervient donc à un moment charnière, où la compagnie aérienne doit allier innovation, sobriété budgétaire et ambition stratégique pour maintenir sa place parmi les leaders européens du transport aérien.
Énarque, passée par Matignon en tant que conseillère de Lionel Jospin en 1997 avant d’être nommée secrétaire d’État au Budget en 2000, Florence Parly dispose d’un profil rare mêlant technicité, gestion publique et connaissance fine des rouages de l’aérien. Sa prise de fonction au conseil d’administration d’Air France-KLM devrait contribuer à renforcer la crédibilité du groupe sur la scène internationale, à un moment où la concurrence mondiale dans le secteur est plus vive que jamais.
La direction exécutive du groupe reste inchangée, avec Ben Smith à sa tête en tant que directeur général. Florence Parly n’interviendra pas dans les opérations quotidiennes, son rôle étant avant tout stratégique et décisionnel, orienté sur la gouvernance et la supervision globale de la politique d’entreprise. Mais sa nomination vient renforcer un tandem exécutif-politique dont la complémentarité pourrait s’avérer précieuse dans la période à venir. Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact de cette nouvelle présidence sur la trajectoire d’Air France KLM.